« Des yeux de verre » de Michel Marc Bouchard au festival amateur de Fort-de-France

—Par Selim Lander –-

Mdes_yeux_de_verreichel Marc Bouchard est un auteur reconnu au Québec. Sa pièce Des yeux de verre a été primée au Québec. Fallait-il pour autant vouloir la monter à Fort-de-France ? Peut-être son thème a-t-il été déterminant puisqu’on nous dit que l’inceste serait un fléau qui accable notre île plus qu’ailleurs. Ce thème, cependant, n’est-il pas un peu trop rebattu, et pas seulement en Martinique, les auteurs semblant l’affectionner particulièrement ? Quoi qu’il en soit, au théâtre, ce n’est pas seulement le sujet qui compte, la manière de le traiter importe tout autant. On ignore comment la pièce a été montée à Montréal mais la prestation des comédiens de Virgul’ ne nous a pas paru porter une  intensité suffisante pour la rendre convaincante.

Non que les comédiens déméritent. Ils démontrent un vrai plaisir de jouer ce qui laisse penser qu’ils seraient sans doute bien plus à l’aise dans le registre de la comédie. De par son sujet – et en dépit de quelques bons mots – Des yeux de verre est une pièce dure qui exige de la part des comédiens une parfaite rigueur et une présence sans faille. Comment exiger autant d’une troupe d’amateurs ?

Les accessoires installés sur la scène du Théâtre municipal se limitent à l’essentiel : un établi, une étagère, deux tabourets, une banquette, une porte. L’établi et l’étagère sont nécessaires car le pater familias, celui par qui tous les malheurs arrivent, fabrique des poupées (d’où les yeux de verre). Quelques-unes d’entre elles sont disposées sur des étagères, mais aucune n’a cette perfection qui est censée être la marque du fabricant, ce qui nuit à la crédibilité de la pièce. À ce propos, on ne peut s’empêcher de signaler la sortie en salle – en Métropole – de Shokuzai, les deux films de Kiyoshi Kurosawa qui racontent les destinées de quatre femmes marquées dans leur enfance par un traumatisme commun. La première histoire, intitulée « La Poupée française », d’une force et d’une cruauté étonnantes, tourne autour d’une poupée, effectivement ravissante, celle-là.

Au Théâtre de Fort-de-France, les 30, 31 mai et 1er juin 2013.

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31 mai 2013
— Par José Alpha —