« Démocratie et subjectivité » : débat à La Casa del Tango

cafe_debat_social_clubLe séminaire.
Nous vous rappelons la tenue de notre séminaire du jeudi 10 octobre prochain. Nous avons décidé de travailler sur un texte de Jean-Luc Nancy communiqué en pièce jointe. Tony Albina en fait brièvement la présentation:
DEMOCRATIE ET SUBJECTIVITE
D’après le psychanalyste Charles MELMAN, nous vivons à l’âge de l’homme sans gravité[1].
L’expression est polysémique et en dit long sur la crise de la subjectivité moderne : l’homme sans gravité serait l’homme délesté du poids de toutes les traditions, en apesanteur dans un espace acosmique et a-signifiant. C’est sans aucun doute l’homme pour qui le grave se laisse supplanter par la légèreté d’un monde intégralement dominé par le régime des images aussi illusoires qu’éphémères. Plus encore, la perte de la gravité serait le signe le plus probant d’une dissolution du sens de la responsabilité au profit de la soumission à un nouvel impératif érotique : « jouir à tout prix » !
Ce nouvel impératif produit des effets connus : effondrement des figures de l’autorité, explosion de la violence, suicides des jeunes, pullulement des addictions et multiplication des états dépressifs…
Le fait est que tout cela impacte négativement l’existence collective. Si la subjectivité contemporaine est soumise à un nouvel impératif de la jouissance sans borne comment garantir la permanence du politique pour peu que l’on définisse la subjectivité comme liberté et volonté d’assurer et d’assumer une histoire choisie ? Si comme le laisse entendre Charles Melman, nous vivons à la fois une mutation de la subjectivité et de l’existence collective commandée non plus par le désir mais par la jouissance, ne doit-on pas en tirer la seule conséquence qui vaille : le triomphe définitif du consommateur sur le citoyen ? C’est-à-dire au fond le passage du monde vécu en commun à l’immonde imposé à la solitude mortifère de chacun.
Dès lors reste-t-il encore une chance pour une nouvelle citoyenneté déliée de la nationalité et une démocratie post nationale fuyant les extrêmes ?
C’est à l’examen de cette question que sera consacrée cette première séance du séminaire.
Nous proposons en guise d’introduction ce texte de Jean Luc Nancy, La vérité de la démocratie[2]. En particulier le chapitre IV, Du sujet de la démocratie (pp.23, 27). L’auteur n’aborde pas directement la question des rapports de la subjectivité et de l’existence collective et de leur devenir possible. Il réfléchit sur l’événement que fut Mai 68 et développe à cette occasion une théorie de la démocratie qu’il présente comme vérité de la démocratie, à savoir, « le nom d’un régime de sens dont la vérité ne peut être subsumée sous aucune instance ordonnatrice et gouvernante mais qui engage entièrement « l’homme » en tant que risque et « chance de lui-même ». Que cette théorie soit précieuse à considérer, on ne peut en douter !

Tony Albina
2] Jean Luc Nancy, La vérité de la démocratie, Editions Galilée, Paris 2008

Lire le moment populiste de Manuel Walls par Jacky Dahomay