Catégorie : Sociologie

Déclaration de Dernière Heure : Pour la Vie, Contre la Détonation

—  Par Pierre Pastel (*) —

Introduction

« Lorsque la soif de pouvoir met en péril l’existence des générations à venir », la voix des jeunes devient un cri de détresse trop souvent ignoré. Ce texte est une supplique, un appel désespéré lancé à ceux qui ont le pouvoir de dire non à l’horreur programmée. Il ne s’agit pas d’un simple témoignage, mais d’un manifeste contre l’indifférence, contre la guerre, contre le sacrifice des générations futures. À travers les mots d’un enfant, c’est toute une jeunesse qui implore qu’on la protège. Car il est encore temps de choisir la vie, l’unité, et la résistance face à la folie destructrice.

« S’il vous plaît :

Maman, Papa, Protégez-moi. Je suis encore jeune. Je découvre à peine la vie. 18 ans, 20 ans, 25 ans, 30… Ne les laissez pas faire ça.

Mon cœur est triste à en mourir. Dites-leur, dites-leur de ne pas poursuivre leur projet !

Ils veulent me tuer, ils veulent me faire tuer !

S’il te plaît, Maman chérie. S’il te plaît, Papa, toi qui es, pour moi, l’homme le plus fort au monde.

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André « Dadou » Pasquet (1953-2025)

André « Dadou » Pasquet, figure majeure du compas haïtien, s’est éteint le dimanche 23 novembre 2025, à l’âge de 72 ans, entouré des siens. Guitariste d’exception, compositeur inspiré et cofondateur du mythique Magnum Band, il laisse derrière lui une empreinte durable dans l’histoire de la musique caribéenne.

Né le 19 août 1953, Dadou Pasquet grandit dans un environnement où l’exigence artistique est naturelle. Neveu de plusieurs grandes figures de la musique haïtienne, il se passionne très tôt pour cet art et monte sur scène dès l’âge de douze ans. Au début des années 1970, son talent éclatant le mène au sein du Tabou Combo, où il s’impose immédiatement comme un musicien complet : guitariste virtuose, chanteur puissant et compositeur méticuleux.

En 1976, il fonde avec son frère Tico le Magnum Band, formation avant-gardiste dont il devient la figure centrale. Sous son impulsion, le groupe ouvre le compas à des influences nouvelles — jazz, funk, reggae, blues — et forge une signature sonore reconnaissable entre toutes. Le slogan du groupe, La seule différence, résumait à lui seul l’ambition artistique de Dadou : faire évoluer la tradition sans jamais la trahir.

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Jimmy Cliff, lumière mondiale du reggae, s’est éteint à 81 ans

Jimmy Cliff, né James Chambers le 30 juillet 1944 à Somerton, en Jamaïque, s’est éteint à l’âge de 81 ans des suites d’une pneumonie survenue après une crise convulsive. Son décès, annoncé par son épouse Latifa Chambers le 24 novembre, marque la disparition de l’un des derniers géants fondateurs du reggae. Dans un message empreint d’émotion, elle a exprimé sa gratitude envers « les fans, la famille, les amis, les artistes et collègues » qui ont accompagné l’artiste tout au long de sa vie, appelant également au respect de la vie privée de la famille dans cette épreuve.

Un pionnier du reggae et passeur de frontières

Figure majeure de la musique jamaïcaine depuis plus d’un demi-siècle, Jimmy Cliff incarne l’une des trajectoires les plus singulières et les plus influentes du reggae moderne. Envoyé très jeune à Kingston, il y enregistre en 1961 son premier titre, Dearest Beverley, avant de signer, dès 1962, un premier 45 tours dans un pays que le ska, puis le rocksteady et le reggae portent vers une effervescence artistique nouvelle.

Sa carrière internationale s’amorce dès la fin des années 1960, notamment avec Vietnam, chanson devenue un hymne pour les opposants à la guerre, et avec son succès au Brésil en 1968.

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L’éphéméride du 24 novembre

Parution de « L’origine des espèces » de Charles Darwin  le 24 novembre 1859

L’Origine des espèces (anglais : On the Origin of Species) est un ouvrage scientifique de Charles Darwin, publié le 24 novembre 1859 pour sa première édition anglaise sous le titre L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie.. Cet ouvrage est considéré comme le texte fondateur de la théorie de l’évolution. Dans ce livre, Darwin présente la théorie scientifique de l’évolution des espèces vivantes à partir d’autres espèces généralement éteintes, au moyen de la sélection naturelle. Darwin avance un ensemble de preuves montrant que les espèces n’ont pas été créées indépendamment et ne sont pas immuables.

Diverses idées de la théorie de l’évolution avaient déjà été proposées pour expliquer les nouvelles découvertes en biologie. Il y avait un soutien croissant à de telles idées parmi les dissidents anatomistes et le grand public, mais au cours de la première moitié du XIXe siècle l’establishment scientifique anglais était étroitement lié à l’Église d’Angleterre. La science faisait partie de la théologie naturelle et n’était alors pas indépendante des dogmes chrétiens.

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Temps partiel dans la fonction publique : un guide pour tout comprendre

La Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) vient de publier un guide complet pour expliquer les règles du temps partiel dans la fonction publique. Ce dispositif vous permet d’adapter votre temps de travail à votre situation personnelle ou professionnelle.

 Le guide relatif à la mise en œuvre du temps partiel pour les agents publics regroupe au sein d’un document unique l’ensemble des règles applicables et actualisées en matière de temps partiel afin de mieux accompagner les administrations et les agents des trois versants de la fonction publique dans leur appropriation du dispositif. Il revient également sur les nouveautés de l’année, parmi lesquelles la suppression de la condition d’ancienneté pour les contractuels pour demander un temps partiel, l’ouverture du temps partiel aux agents à temps non complet ou la mise en place de la retraite progressive dès 60 ans.

Qu’est-ce que le temps partiel dans la fonction publique ?

Le temps partiel est une modalité d’aménagement du temps de travail permettant à un agent qui en fait le choix de trouver un équilibre entre ses différents temps de vie (professionnelle, privée, associative…) et ce tout au long de son parcours professionnel dans la fonction publique.

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Partenaires pacsés : à qui appartiennent les biens ?

Le Pacs est un contrat. Les partenaires choisissent les règles qui régissent leurs biens. En l’absence de choix, les règles sont fixées par la loi. Cette situation peut être source de conflits, en particulier à la rupture du Pacs.

Un couple se pacse en 2005, sans préciser le régime de ses biens. Les partenaires prévoient simplement « un partage équitable de nos biens » en cas de rupture.

Au cours du Pacs, l’un des partenaires achète seul 2 voitures et 3 motos. Pour chaque achat, il fait établir une facture à son nom. Le Pacs est rompu, à qui appartiennent les véhicules ?

Service Public vous répond :

Dans cette affaire, la cour d’appel de Rouen, puis la Cour de cassation considèrent que les véhicules appartiennent aux 2 ex-partenaires, chacun pour moitié. Ce sont des biens indivis.

Pour les juges, le Pacs conclu par les partenaires ne précise pas le régime qu’ils ont choisi pour leurs biens. C’est donc le régime de l’indivision qui s’applique (pour un Pacs conclu avant 2007). Il couvre « l’intégralité de leurs biens, immobiliers ou mobiliers (meublants ou non) ».

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Un verdict très attendu dans l’affaire du déboulonnage des statues en Martinique

— Par Jean Samblé —

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France a rendu, ce lundi 17 novembre, son jugement dans le dossier sensible du déboulonnage de plusieurs statues en 2020, une affaire qui avait profondément secoué la Martinique et ravivé les débats autour de la mémoire coloniale. Après trois jours d’audience tendue début novembre, ponctués d’échanges vifs et d’un large écho médiatique, les onze personnes poursuivies pour « destruction de biens appartenant à une personne publique » ont finalement échappé à toute condamnation.

Neuf d’entre elles ont été relaxées pour les faits de dégradation des statues de Victor Schoelcher, Joséphine de Beauharnais et Pierre Belain d’Esnambuc. Les deux autres prévenus, reconnus coupables, ont été dispensés de peine. Le tribunal a notamment souligné que ces actions n’étaient pas guidées par une volonté de détériorer des biens publics, mais s’inscrivaient dans une démarche « politique et militante », conférant à cette affaire une dimension bien plus large qu’un simple dossier de droit commun.

L’atmosphère électrique des audiences illustrait d’ailleurs l’enjeu de ce procès. Les événements jugés remontent à mai et juillet 2020, lorsque quatre statues symboliquement lourdes, trois situées à Fort-de-France et une à Schoelcher, avaient été renversées au cœur d’un mouvement de contestation lié aux commémorations de l’abolition de l’esclavage.

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Faut-il en finir avec les mutuelles ? Pourquoi la “Grande Sécu” refait débat

— Par Nicolas Da Silva —

La “Grande Sécu” viserait à remplacer les complémentaires santé par un remboursement intégral des soins de base par la Sécurité sociale.

Jugées coûteuses et inégalitaires, les complémentaires santé sont de plus en plus critiquées par les économistes. Beaucoup plaident pour une refonte radicale du système, au profit d’une “Grande Sécu” plus simple, plus juste et plus économe – renouant avec l’esprit de 1945.

Malgré leur diversité, les économistes de la santé s’accordent pour regretter l’organisation actuelle du financement des soins. Au cœur de la critique se trouve l’idiosyncrasie hexagonale : le financement par deux acteurs distincts du même panier de soins. Par exemple, la consultation chez le médecin généraliste donne lieu à un remboursement à hauteur de 70 % par la Sécurité sociale et de 30 % par la complémentaire santé (au tarif opposable).

Cette architecture est coûteuse et inégalitaire. En comparaison internationale, la France consacre une plus grande part de ses dépenses de santé aux coûts de gouvernance du système. Ces derniers représentent 5 % du total des dépenses contre 4,3 % en Allemagne, 1,8 % au Royaume-Uni et 1,7 % en Italie.

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Un cinéma décolonial : les personnages du cinéma antillais

Rencontre avec Guillaume Robillard Mardi 18 novembre – 9h à 10h Salle 10 – Faculté Jean Bernabé, Campus de Schœlcher

— Par Sarha Fauré —

La Faculté Jean Bernabé a l’honneur de recevoir Guillaume Robillard pour une présentation approfondie de son ouvrage majeur, Un cinéma décolonial : les personnages du cinéma antillais, publié aux Presses universitaires des Antilles dans la collection Arts et esthétique. Cette rencontre propose une plongée rare au cœur d’un champ cinématographique encore peu étudié, mais d’une richesse esthétique et politique considérable : le cinéma des Antilles françaises.

Un ouvrage fondateur sur l’ensemble du cinéma antillais

Première étude systématique consacrée à l’intégralité des longs-métrages de fiction réalisés par des cinéastes antillais ou d’origine antillaise, ce livre interroge la possibilité d’un véritable regard de l’intérieur (insider’s view) dans la représentation de la Guadeloupe, de la Martinique et, plus largement, de la Caraïbe.
Guillaume Robillard y analyse près d’un demi-siècle de films dont il cherche à comprendre les continuités, les singularités et les logiques esthétiques.

L’auteur distingue trois espaces cinématographiques :

  • le cinéma antillais-péyi, ancré dans les territoires de Guadeloupe et de Martinique ;
  • le cinéma antillais-lòtbòdlo, réalisé en France hexagonale ;
  • le cinéma antillo-tout-bò, tourné ailleurs dans le monde (Afrique, États-Unis, autres espaces diasporiques).

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Viol présumé : la justice acquitte Alex Ursulet faute de certitude

Le parquet général fait appel…

— Par Jean Samblé —
Au terme d’un procès dense et souvent tendu, la cour criminelle de Paris a acquitté, samedi 15 novembre, l’avocat Alex Ursulet, poursuivi pour le viol aggravé d’une élève avocate au sein de son cabinet en janvier 2018. Après près de trois heures de délibération, les cinq magistrats professionnels ont reconnu l’existence d’actes de pénétration sexuelle ce jour-là, tout en estimant impossible d’établir avec certitude qu’ils avaient été imposés par surprise ou contrainte. L’avocat de 68 ans, qui niait farouchement toute relation sexuelle, a ainsi bénéficié du doute.
Dans les motivations du jugement, la cour souligne plusieurs zones d’ombre : la configuration des lieux rendant difficile de reconstituer précisément les positions de chacun, la brièveté du stage – cinq jours seulement – qui ne permet pas, selon elle, d’étayer fermement l’hypothèse d’une emprise, et l’existence d’un « jeu de séduction sexualisé » initié avant même l’entrée de la stagiaire au cabinet, nourri notamment par des échanges de SMS. Les juges relèvent également que les messages envoyés par Alex Ursulet après les faits laissent penser qu’il ne percevait pas avoir commis un acte pénalement répréhensible.

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Face à la droitisation, la génération Z peut-elle ranimer l’esprit de Mai 68 ?

— Par Michel Wieviorka (*) —

Alors que le débat public français s’enferme dans le pessimisme et les extrêmes, une autre dynamique se dessine ailleurs : celle de la génération Z, qui se mobilise pour la justice sociale et la démocratie. De Hong Kong à Paris, son énergie rappelle celle de Mai 68 – et invite à repenser le changement par le bas.

Les tendances à la droitisation de la vie politique et intellectuelle française s’inscrivent dans un contexte de perte de repères. Qui ose parler de « jours heureux » à venir, comme le faisait le Conseil national de la résistance ? De « lendemains qui chantent » comme le Parti communiste français au temps de sa splendeur ?

À gauche, le discours ne prête guère à l’optimisme, il est surtout question de crises, sans horizon plus lointain que l’élection présidentielle de 2027. L’absence de perspectives est accablante, et la guerre en Ukraine, les horreurs du Proche-Orient ou la géopolitique erratique de Donald Trump alimentent des raisonnements dans lesquels les acteurs et les enjeux de la vie internationale occupent presque toute la place et semblent déconnectés des dynamiques sociales ou politiques internes aux sociétés concernées, en dehors du nationalisme.

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Le cercle apoétique – L’achronique continu(e)

– Saison 2, épisode 1 –

Par Loran Kristian  —

Comment vous dire ?

Il existe différents types de champs de matière mouvante, diverses sortes de plans dessinant de belles lignes de force, je ne vous apprends rien. Certains sont faits pour les cartésiens habitués aux espaces plats et euclidiens, d’autres pour les projectifs préférant les points de fuite à l’infini, ceux qui aiment les surfaces courbes et les grands cercles à tendances elliptiques, d’autres encore pour les amateurs de vies conformes, complexes ou plus discrètes.

Mais de l’endroit où je regarde bouger le monde, recueil de corps et d’esprits, le plan semble gâché à l’équateur. Plus grand-chose à tenir ferme et bon sans perdre la tête ou l’équilibre. Pourtant, dit-on, il nous faut rendre hommage à la destinée manifeste comme à ceux qui nous ont précédés. Garder la force de regarder demain en mangeant notre paquet de courage. Entre cyclopes et cyclones, en dépit de ce qui nous poisse comme jamais, il nous faudrait prendre la vie à bras le corps, de front, comme des gladiateurs affrontent le diable dans tous les détails.

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Fanny Auguiac : Une vie consacrée à la culture martiniquaise

Le monde culturel martiniquais pleure la disparition de Fanny Auguiac, à l’âge de 87 ans, figure emblématique de la culture de l’île. C’est son époux, Max Auguiac, qui a annoncé cette triste nouvelle dans un message poignant et personnel :
« À tous mes parents et amis, j’ai la douleur de vous faire part du décès de Fanny, ma femme, ma compagne depuis plus de soixante ans ! Je suis dévasté… » La perte de Fanny laisse un vide immense dans la scène culturelle martiniquaise, mais aussi dans la vie de ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.

Une vie dédiée à l’art et à la culture
Née à Paris le 20 novembre 1937, Fanny Auguiac a vécu une enfance marquée par les horreurs de la guerre. Orpheline de guerre, elle grandit dans un environnement où l’art et la culture ont toujours joué un rôle primordial. Très tôt, elle montre un intérêt pour la musique, qu’elle étudie de façon approfondie, notamment le piano, avant de s’orienter vers le cinéma. C’est dans l’industrie cinématographique qu’elle fait ses premiers pas professionnels, travaillant aux côtés de figures telles que Beckett, Sartre et Duras.

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Déboulonnage des statues : Réflexion du Comité Devoir de Mémoire

Le procès relance le débat de la construction de l’Histoire du Pays : comment une société choisit-elle de raconter son histoire ?
Est-il nécessaire de détruire les symboles du passé pour dépasser la Colonialité ou les réinterpréter ?
Ces déboulonnages de statues ont fait resurgir brutalement en Martinique, dans le débat public, les drames de l’histoire coloniale .
Notre jeunesse dont une partie s’impatiente violemment ne supporte plus
les dégâts causés dans leur vécu par une situation dégradée au plan social, économique et politique et se développe alors une prise de Conscience politique.

Les inégalités de richesse et de développement, conséquences du passé esclavagiste, sont de plus en plus insupportables et ette situation participe aussi à cette colère de notre jeunesse.

En ce début de XXIème siècle naissent des revendications d’égalité, de liberté et de justice dans nos espaces urbains , héritiers de l’époque coloniale qui ont été bâtis par la sueur et le sang de nos ancêtres afrodescendants mais qui en ont été exclus dans leur conception.

Se développe alors le sentiment d‘être l’étranger dans sa ville.

Il est alors nécessaire de fabriquer une autre relation avec l’espace vécu, de réinventer cette empreinte mémorielle, née du double rapport entre contact colonial et peuple opprimé .

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Procès du déboulonnage des statues coloniales: la mémoire ou l’oubli ?

— Tribune du Comité Devoir de Mémoire Martinique —
La question est limpide pour notre communauté antillo-guyanaise :
quelle mémoire choisissons-nous de célébrer pour notre avenir ?
Il n’est pas anodin que cette question ressurgisse aujourd’hui, alors que de jeunes Martiniquais comparaissent devant la justice pour avoir déboulonné des statues coloniales.
Leur geste, qu’on voudrait réduire à un acte de vandalisme, interroge en réalité quelque chose de beaucoup plus profond : le rapport que notre société entretient avec sa mémoire, avec son passé, avec la manière dont elle choisit d’honorer ou d’ignorer.
Depuis plus de trois siècles, la dignité du peuple martiniquais a été niée, marchandisée, puis confinée au silence.
Lorsque l’esclavage fut aboli, la France indemnisa les anciens planteurs, jamais les esclaves affranchis.
Et comme un second châtiment, on enjoignit aux survivants d’oublier : oublier les chaînes, oublier les supplices, oublier les siècles d’humiliation.
L’histoire officielle, dès lors, fut écrite sans eux, et l’espace public modelé à l’image des maîtres d’hier.
Nos places, nos avenues, nos statues, nos écoles ont ainsi longtemps célébré non les vaincus qui se redressèrent, mais ceux qui les avaient écrasés.

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« Sortir des villes des contraintes et du compte-à-rebours ! »

Véronique Bédague (Nexity)
Huit convictions pour transformer et aimer à nouveau la Ville.
Entretiens avec Madani Cheurfa (Cabinet 2017)

« Sortir des villes des contraintes et du compte-à-rebours ! » : c’est par cette exclamation simple au demeurant, inspirée par une profonde analyse et une expertise consommée, que Véronique Bédague, directrice générale du plus grand groupe immobilier de France, Nexity, promeut sa vision du monde et singulièrement de la ville de demain.

L’objectif 11 des 17 objectifs présentés par l’Agenda 2030 (ex Agenda 21), programme de développement durable adopté en 2015 par les 193 États membres des Nations-Unies, touchant aux villes et à leur devenir, dans un contexte de changement de paradigmes, préconise que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. Véronique Bédague, dans ce cadre précis de réorganisation de la société et de ces espaces de vie, introduit une analyse éclairée.

Rodolf Étienne

« Nous sommes capables ensemble de transformer la Ville… »

« La Ville est le creuset de notre avenir. Elle exige des décisions de long terme, à l’échelle de plusieurs générations.

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Repenser la place des outre-mer dans la Caraïbe

Les Outre-mer français dans l’Atlantique : vers une diplomatie territoriale et une intégration régionale plus ambitieuse

Longtemps considérées comme des périphéries de la République, les collectivités françaises d’Amérique – la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon – se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. Entre appartenance européenne, ancrage caribéen et ambitions internationales, elles incarnent un enjeu stratégique majeur pour la France et l’Union européenne dans un bassin atlantique en pleine recomposition.

Un espace fragmenté au cœur d’enjeux géopolitiques globaux

Le bassin atlantique, et plus particulièrement la zone caraïbe, demeure une mosaïque complexe. Fragmentée par les héritages historiques, les langues et les statuts politiques, elle est aujourd’hui redevenue un théâtre de rivalités internationales. Face à l’influence grandissante de la Chine et à la réaffirmation de la présence américaine, la région se positionne comme un espace de compétition économique, diplomatique et sécuritaire.
Dans ce contexte, la présence française grâce à ses outre-mer constitue un atout stratégique majeur. Elle confère à la France une stabilité institutionnelle et une crédibilité diplomatique dans une région où la souveraineté, la sécurité et la coopération deviennent des leviers essentiels.

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Cuba : appel à la solidarité

L’ouragan Melissa a violemment frappé l’est de Cuba le 29 octobre 2025. Les dégâts sont considérables sur une île, où la population fait déjà face à d’énormes difficultés dues au blocus.
Ensemble, nous pouvons les aider !

Plus de 700 000 personnes ont été déplacées, aucune perte humaine n’est à déplorer grâce à des mesures exceptionnelles de sécurité. Les infrastructures et plus de 45.000 maisons ont été détruites, 120.000 personnes sont aujourd’hui sans logement, les cultures sont ravagées. La reconstruction est déjà en cours, malgré les besoins immenses en nourriture et en matériaux.

Le 5 novembre, les associations de solidarité et de coopération amies de Cuba se sont réunies à l’ambassade de Cuba en France.
L’ambassadeur Otto Vaillant Frías a confirmé l’ampleur des dégâts. Vous trouverez ci-dessous une vidéo qui témoigne des ravages causés par l’ouragan.
Le gouvernement et l’État cubains mettent tout en œuvre pour récupérer des logements, rétablir les services de base et prendre soin des familles sinistrées.

Les besoins sont considérables et l’ambassade nous a fait part des urgences prioritaires :
Médicaments (analgésiques, antibiotiques…) Matériel médical consommable (gants, seringues, trocarts, gazes…) Produits alimentaires secs (lait en poudre, légumineuses, conserves, farine de blé…) Matériaux de construction, Linge de maison (matelas, draps, serviettes…) Ustensiles de cuisine, Vêtements et chaussures…

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L’éphéméride du 7 novembre

Début du procès à grand spectacle de Landru le 7 novembre 1921

Henri Désiré Landru, né le 12 avril 1869 à Paris (19e arrondissement) et mort le 25 février 1922 à Versailles, est un célèbre tueur en série et criminel français. Il fut surnommé « le Barbe-Bleue de Gambais ».

Biographie
Origines
Henri Désiré Landru est issu d’une famille modeste. Il est né en 1869, au 41 rue de Puebla (aujourd’hui avenue Simon-Bolivar) dans le quartier de Belleville à Paris et est le fils cadet de Julien Alexandre Silvain Landru, 34 ans, chauffeur aux Forges Vulcain (qui se suicida au Bois de Boulogne le 28 août 1912), et de Flore Henriquel, 34 ans, couturière et blanchisseuse à domicile (décédée en 1910). Le couple avait déjà une fille, Florentine Marguerite Landru (née en 1854). La famille est établie à Paris, rue du Cloître-Notre-Dame, où Landru a passé l’essentiel de son enfance heureuse.

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De Kampala à New York : l’héritage postcolonial des Mamdani

— Par Abbas Fahdel —

Le nouveau maire de New York, Zohran Mamdani, incarne une génération politique nouvelle, mais aussi un héritage intellectuel singulier : celui de ses parents.

Sa mère, Mira Nair, est l’une des plus grandes cinéastes indiennes contemporaines, autrice de films célèbres comme Salaam Bombay! et Monsoon Wedding.

Son père, Mahmood Mamdani, est un historien, politologue et professeur à Columbia University, dont l’œuvre a renouvelé la compréhension des rapports entre colonisation, modernité et violence politique.

Leur fils grandit ainsi à la croisée de deux héritages : celui du cinéma engagé et celui de la pensée critique — deux formes de résistance à l’oubli et à l’ordre établi.

Né en 1946 à Bombay, Mahmood Mamdani grandit en Ouganda, au sein d’une communauté d’origine indienne installée en Afrique de l’Est depuis l’époque coloniale.

Il étudie aux États-Unis, à Harvard, avant de revenir enseigner en Afrique, notamment à Dar es Salaam, haut lieu du bouillonnement intellectuel des années 1970.

Exilé après l’expulsion des Asiatiques par Idi Amin en 1972, il devient une figure de la pensée postcoloniale, dont l’expérience personnelle nourrit la réflexion : comprendre comment le pouvoir colonial a survécu à la décolonisation, sous d’autres formes, dans les structures de l’État, la mémoire et la violence.

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Le procès du « déchoukaj » des symboles coloniaux en Martinique

Une marche forcée contre le sens de l’Histoire 

Par Yves Untel Pastel
Le débat qui s’est cristallisé autour des statues glorifiant la France conquérante aux Antilles Françaises n’est pas une simple controverse historique, mais une question fondamentale de dignité humaine et de justice mémorielle. Ces monuments, érigés à la gloire d’un passé colonial et esclavagiste, constituent une insulte flagrante et intolérable à la population antillaise. L’acte de les déboulonner, loin d’être un vandalisme, s’inscrit dans un mouvement global de dignité, que l’institution judiciaire peine à reconnaître.

I. Le Cynisme de l’Emblème Paternaliste

Comment concevoir l’audace de brandir un emblème prétendument libérateur ou civilisateur à la face d’un peuple que la puissance érigée a elle-même déporté, asservi et exploité ? Ce geste est d’un cynisme insupportable. Les statues représentant des figures de l’administration coloniale, ou des allégories de la « France conquérante », sont des affirmations de la légitimité d’une domination passée, minimisant l’infamie de l’esclavage.

Les Antilles sont littéralement une terre-cimetière, où le sol porte les stigmates des âmes broyées par le système esclavagiste. Positionner de tels monuments sur les carrefours, c’est profaner l’espace civique et imposer une négation quotidienne du traumatisme historique.

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Pier Paolo Pasolini, la lucidité jusqu’à la mort

— Par Jean Samblé —

Le 2 novembre 1975, sur une plage d’Ostie, près de Rome, le corps mutilé de Pier Paolo Pasolini est retrouvé, battu et écrasé sous les roues de sa propre voiture. Cinquante ans plus tard, les circonstances de sa mort demeurent troubles, oscillant entre crime sordide et assassinat politique. Cette fin violente a transformé le cinéaste, poète et penseur en figure quasi mythologique : celle de l’intellectuel qui, jusqu’à son dernier souffle, osa affronter son époque, ses hypocrisies et ses contradictions.

Un homme de paradoxes

Né à Bologne en 1922, Pasolini traverse l’histoire italienne sans jamais s’y fondre. Trop libre pour appartenir à un camp, il se tient à la croisée du catholicisme et du marxisme, qu’il revendique l’un et l’autre, tout en refusant leurs orthodoxies. Poète en langue frioulane avant de devenir romancier, il s’attache très tôt à raconter les marges : les jeunes déclassés, les corps exclus, les visages pauvres de la banlieue romaine. Son premier roman, Les Ragazzi (1955), puis son film Accattone (1961), dressent le portrait d’une Italie invisible, que la modernisation galopante est en train d’effacer.

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La Fête des Morts : entre mémoire, foi et traditions

— Par Hélène Lemoine —

La fête des morts est un rituel universel, célébré depuis des millénaires sous des formes variées à travers le monde. Elle exprime un lien profond entre les vivants et les défunts, une façon d’affirmer que la mort n’efface pas la mémoire ni l’amour. Dans de nombreuses cultures, ces célébrations sont à la fois religieuses, sociales et symboliques : elles rappellent la continuité de la vie au-delà du temps.

Des traditions multiples à travers le monde

En Asie, la fête des morts prend des visages très différents selon les pays.
En Chine, la fête de Qing Ming, au mois d’avril, est un moment de recueillement : les familles nettoient les tombes et apportent des offrandes à leurs ancêtres. Une autre célébration, la fête des fantômes (Zhongyuanjie), honore les esprits errants à qui l’on offre des repas pour apaiser leur solitude.
Au Népal, la fête de Gai Jatra, dite « fête des vaches », permet de rendre hommage aux défunts de l’année : les familles défilent dans les rues avec des représentations symboliques du défunt.

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Ce qui change en novembre 2025

Logement, transports, santé… On vous informe sur tous les changements qui interviennent au mois de novembre.

Logement

Plusieurs actualités du mois sont liés au domaine du logement : envoi du chèque énergie, changement des créneaux heures pleines/heures creuses, début de l’application de la trêve hivernale, etc.

Taxe d’habitation sur les résidences secondaires : quand devez-vous la payer ?

Changement des heures creuses dès le 1er novembre 2025

Comment bénéficier du chèque énergie en 2025 ?

Trêve hivernale 2025-2026 : ce que vous devez savoir

Indice de référence des loyers (IRL) : quelle évolution au 3e trimestre 2025 ?

Droit au logement opposable : un téléservice étendu à de nouveaux départements

Argent

Le mois de novembre 2025 est notamment marqué par l’entrée en vigueur de nouvelles règles concernant les frais bancaires lors d’une succession.

Quelle revalorisation pour les retraites complémentaires du privé ?

Frais bancaires lors d’une succession : les règles évoluent

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L’éphéméride du 29 octobre

Jeanne de Brigue, dite La Cordelière, fut la première personne jugée pour sorcellerie par le Parlement de Paris, le 29 octobre 1390.

Elle fut brûlée vive le 19 août 1391.

Illustration : Sorcières cuisinant des enfants – tiré du Compedium maleficarum de Francesco Maria Guazzo, 1608

Biographie
Jeanne de Brigue est une paysanne de la région de Brie. Elle est connue pour ses dons de guérison et de voyance. Son procès a lieu à Paris et elle est incarcérée à la prison du Châtelet. Le 13 août 1391 elle est menée au marché aux pourceaux rue Saint-Honoré.

La chasse aux sorcières est la poursuite, la persécution et la condamnation systématique et en masse de personnes accusées de pratiquer la sorcellerie. Si la condamnation des pratiques de sorcellerie se rencontre à toutes les époques et dans toutes les civilisations, cette chasse aux sorcières du Moyen Âge tardif et surtout de la Renaissance est particulière par la croyance en un complot organisé de sorcières se réunissant en sabbat pour détruire la chrétienté en faisant un pacte avec le diable, et par la persécution et la traque massive de ces prétendues sorcières.

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