Catégorie : Sciences Sociales

Œuvres spoliées, mémoire confisquée : le combat pour la restitution du patrimoine culturel

— Par Jean Samblé —

Depuis plusieurs décennies, la question de la restitution des œuvres d’art et des objets patrimoniaux expropriés pendant la colonisation ou au gré d’expéditions militaires agite les relations entre les anciennes puissances coloniales et les États spoliés. Ce débat, longtemps cantonné aux cercles d’historiens ou de diplomates, occupe désormais le devant de la scène politique et culturelle. Face à l’exigence croissante de réparation symbolique et de justice historique, des gestes de restitution se multiplient en Europe. Mais ces actes, encore trop souvent limités et juridiquement contraints, peinent à répondre aux enjeux profonds qu’ils soulèvent : souveraineté culturelle, mémoire collective, rôle des musées, universalité du savoir et reconnaissance des traumatismes coloniaux.

Une spoliation de masse aux origines coloniales

De l’Afrique à l’Asie, en passant par le Moyen-Orient, des dizaines de milliers d’œuvres d’art, de statues, de manuscrits, de objets sacrés ou rituels ont été extraits de leurs contextes d’origine au cours des XIXe et XXe siècles. Par pillage pur et simple, par acquisition sous contrainte ou par le biais de traités inéquitables, ces objets ont rejoint les vitrines des musées européens, devenant des trophées d’un empire ou les symboles d’une domination.

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L’Afrique au cœur de l’Unesco : Progrès, défis et nouvelles inscriptions

Biens africains : 9% des inscrits au Patrimoine mondial mais 25% de ceux « déclarés en péril »

L’Afrique, avec ses paysages variés et sa richesse culturelle incomparable, continue de se faire une place de plus en plus grande sur la scène du patrimoine mondial de l’Unesco. Pourtant, bien que le continent représente environ 9 % des sites inscrits, il demeure sous-représenté par rapport à la richesse de son héritage. Le récent ajout de deux nouveaux sites africains, le paysage culturel Did-Gid-Biy des Monts Mandara au Cameroun et le Mont Mulanje au Malawi, marque un tournant dans la reconnaissance de ce patrimoine unique.

Des progrès notables pour l’Afrique

La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a mis un accent particulier sur l’Afrique, soulignant la nécessité de renforcer la place du continent au sein du patrimoine mondial. Depuis 2018, plusieurs initiatives ont été mises en place pour pallier les inégalités. L’Unesco consacre aujourd’hui plus d’un quart de son budget total (27 %) à la préservation des sites africains, un engagement qui commence à porter ses fruits. La liste des sites africains inscrits a récemment atteint 108, un progrès certes notable, mais encore insuffisant face aux défis auxquels sont confrontés les pays du continent.

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Respire, Humanité

Appel pour une civilisation du discernement

— Présenté par Pierre Pastel — Sociologue, auteur de « Je veux parler à un humain »1 —

Introduction

« Je veux parler à un humain » n’était pas un cri isolé.

C’était un murmure universel porté par des milliards d’âmes lucides, parfois silencieuses, souvent invisibles, mais pleinement conscientes de l’état alarmant de notre monde.

Aujourd’hui, je m’adresse à elles, à vous, à nous,

À celles et ceux qui refusent de voir notre humanité diluée dans les logiques de guerre, de domination et d’illusion.

Le moment est venu de reprendre la main sur la gouvernance mondiale, non pour imposer,

mais pour construire un vivre-ensemble radicalement nouveau, fondé sur la lumière, la lucidité, l’interdépendance sacrée.

Nous devons conjuguer nos structures profondes et nos intentions stratégiques, pour faire émerger un monde où l’on ne respire plus la peur, mais la vie partagée.

C’est dans ce souffle que s’inscrit cet appel.

Une voix claire, adressée à toutes les consciences —

et en premier lieu à celles et ceux qui détiennent les leviers du monde.

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Nouvelle Caledonie :  » Imité ka détenn… »

— Par Jean-Marie Nol —

Il aura fallu dix jours et une nuit entière pour sceller un accord politique historique entre les représentants calédoniens et l’État français, donnant naissance à un texte qui, s’il ne met pas fin aux incertitudes, ouvre résolument une nouvelle ère institutionnelle. Derrière le titre consensuel de « Projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » se dessine une architecture complexe, mêlant souveraineté partielle, reconnaissance identitaire, révision du partage des compétences et projection économique. Le fondement du texte repose sur la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie », inscrit dans la Constitution française, disposant d’une nationalité propre, d’une Loi fondamentale, et susceptible d’être reconnu par la communauté internationale. Une avancée considérable qui marque une rupture avec le modèle colonialiste implicite de la dépendance, mais qui, à bien des égards, pose aussi les jalons d’un futur incertain, traversé de ressentiments toujours présents, de tensions latentes et de défis économiques colossaux.

Cette évolution calédonienne, si elle réussit à franchir l’étape référendaire de 2026, pourrait constituer un précédent majeur pour l’ensemble des territoires ultramarins. L’instauration d’une double nationalité – française et calédonienne – est une innovation institutionnelle d’ampleur jusque là absente du droit français .

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Guadeloupe : la crise de l’eau, entre effondrement du service public et marché noir

— Par Sabrina Solar —

En Guadeloupe, une crise de l’eau chronique et systémique continue de bouleverser la vie quotidienne de près de 400 000 habitants. Malgré une ressource en eau abondante sur l’île, plus de 60 % des foyers subissent des coupures prolongées et régulières, parfois plusieurs semaines d’affilée.

Cette situation, ancienne mais aggravée depuis 2024, est due à un réseau vétuste (avec jusqu’à 70 % de fuites), une gestion défaillante, des pollutions récurrentes, et une gouvernance locale minée par les conflits, les détournements et les retards de financement.

Un réseau au bord de la rupture

Certaines canalisations datent de plusieurs décennies, avec un taux de renouvellement ridiculement bas (0,5 % par an, loin des standards nationaux). Les pertes annuelles dépassent 50 millions de m³ d’eau potable. La moitié des stations de traitement des eaux usées est hors normes, aggravant les risques de contamination.

Coupures, colères et contournements

Face à des coupures à répétition, les habitants vivent dans l’inconfort, la frustration et parfois l’humiliation : impossibilité d’assurer l’hygiène de base, tensions psychologiques, explosion des coûts pour accéder à une eau potable sûre.

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Nomination controversée, à Toulouse, d’un prêtre condamné pour viol

Quand la « miséricorde » prime sur la prudence

— Par Jean Samblé —

La nomination de l’abbé Dominique Spina au poste de chancelier du diocèse de Toulouse, officialisée début juin 2025, continue de susciter une vive polémique au sein de la communauté catholique et au-delà. Condamné en appel en 2006 pour le viol d’un lycéen de 16 ans, ce prêtre revient aujourd’hui à un poste stratégique de l’administration diocésaine, au nom, selon l’archevêque Guy de Kérimel, de la « miséricorde ».

Une décision justifiée par le fait que l’abbé Spina aurait, selon les mots du prélat, « purgé sa peine » et « n’aurait rien à se reprocher depuis près de trente ans ». En somme, une rédemption discrète, transformée aujourd’hui en promotion. L’affaire n’a toutefois rien de discret : elle interroge les fidèles, choque les victimes d’abus et met à mal les engagements pris par l’Église après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) en 2021.

Un poste administratif, mais hautement sensible

Le diocèse tente de relativiser : le poste de chancelier serait une simple fonction d’archiviste.

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Que célèbre-t-on le 14 juillet ?

— Par Service-Public —

Déclarée fête nationale en 1880, la date du 14 juillet marque la célébration de la République française. Vie-publique.fr vous propose de revenir sur les origines et le sens de cette journée.

1- Que s’est-il passé le 14 juillet 1789 ?

En 1789, les États généraux composés des représentants élus de la noblesse, du clergé et du Tiers-État sont réunis le 5 mai à la suite des doléances parvenues au roi Louis XVI. Le 27 juin, le roi accepte le rassemblement des trois ordres qui se proclament « Assemblée nationale constituante » le 9 juillet.

Dans le même temps, des troupes royales se concentrent autour de Versailles et de Paris. Le renvoi du ministre Necker le 11 juillet et la rumeur de l’intervention des troupes royales finissent par convaincre la population parisienne de s’organiser et des appels aux armes sont lancés.

Le matin du 14 juillet, une foule composée notamment d’artisans et de boutiquiers se dirige vers les Invalides où sont stockées les armes. Ces Parisiens prennent ensuite la direction de la Bastille pour récupérer de la poudre.

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Faire Peuple : Le Nouveau Pacte Calédonien de Bougival

Résumé détaillé de l’accord sur l’avenir de Nouvelle-Calédonie, conclu à Bougival en juillet 2025.

Préambule : Le Pari d’une Confiance Renouvelée

S’inscrivant dans la continuité des accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), ce nouvel accord vise à écrire une nouvelle page de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Il reconnaît les acquis historiques tout en prenant acte des profondes blessures laissées par les événements de mai 2024. L’objectif est de reconstruire un projet de société et un avenir stable, en s’appuyant sur les valeurs de dialogue, de paix et de destin commun. Le succès de cet accord repose sur l’engagement de tous les partenaires et la volonté des Calédoniens de « faire peuple ».

I. Principes Fondamentaux et Nouveau Statut
L’accord propose une solution politique pérenne pour garantir la stabilité du territoire.

* Un État au sein de la République : Il est convenu de créer une organisation institutionnelle sui generis (unique en son genre) : l’État de la Nouvelle-Calédonie. Cet État sera partie intégrante de l’ensemble national français, son statut sera inscrit dans la Constitution de la République française et il pourra être reconnu par la communauté internationale.

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Kanaky : les réactions de Serge Letchimy, Emmanuel Tjibaou, Veylma Falaeo… et d’autres

Serge Letchimy : L’accord sur la Nouvelle Calédonie illustre la voie possible : conjuguer reconnaissance des identités locales et égalité nationale »

Le président du Conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy, salue l’annonce de l’accord institutionnel trouvé à Bougival entre l’État français et les forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Cet accord crée un « État de la NouvelleCalédonie » inscrit dans la République, prévoyant notamment la création dune nationalité calédonienne.

Cette avancée historique ouvre le champ à un renouveau politique et économique et Serge LETCHIMY se réjouit que la France ait su répondre aux spécificités calédoniennes dans le cadre de la République, en reconnaissant l’existence d’un « État dans l’État », au service de la paix, de la stabilité et de l’émancipation politique. Cette réussite témoigne de la capacité de la République à conjuguer unité nationale et reconnaissance des singularités.

Cet accord résonne de manière particulière avec la dynamique engagée au sein de l’ensemble des pays d’outre-mer signataires de l’Appel de Fort-de-France et plus particulièrement en Martinique où les élus, réunis en Congrès au cours de 5 sessions, se sont mobilisés pour définir les modalités d’exercice d’un pouvoir normatif local, tout en restant pleinement dans la République, et ont adopté une résolution visant à inscrire dans la Constitution un nouveau cadre institutionnel.

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Pollution, eau, biodiversité : la France décroche

Pollution, eau, biodiversité : la France en queue de peloton européen pour les investissements environnementaux

— Par Sabrina Solar —

La France est aujourd’hui confrontée à une réalité brutale : malgré ses discours volontaristes sur la transition écologique, elle reste le pays de l’Union européenne présentant le plus fort déficit d’investissements en matière d’environnement. C’est ce que révèle le dernier Examen de la mise en œuvre de la politique environnementale (EIR), publié par la Commission européenne le 7 juillet 2025, qui dresse un tableau sans concession de la situation environnementale dans chaque État membre.

Un déficit structurel de 21,1 milliards d’euros par an

Pour répondre aux objectifs imposés par le droit européen en matière d’environnement – qu’il s’agisse de biodiversité, de qualité de l’air, de traitement de l’eau ou de gestion des déchets –, la France devrait investir 63,8 milliards d’euros par an. Or, selon les calculs de la Commission, les dépenses effectives atteignent seulement 42,7 milliards, soit un déficit de 21,1 milliards d’euros annuels. En valeur absolue, il s’agit du plus important de l’Union européenne, devant l’Allemagne (20 milliards) et l’Espagne (10,75 milliards).

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Femmes, argent et pouvoir

Émancipation financière des femmes : un combat en progrès, mais encore inachevé

— Par Sarha Fauré —

Soixante ans après l’adoption de la loi du 13 juillet 1965, qui permit enfin aux femmes mariées d’ouvrir un compte bancaire en leur nom propre et de travailler sans l’autorisation de leur mari, la question de leur autonomie financière reste d’une actualité brûlante. À l’occasion de cet anniversaire symbolique, Forvis Mazars et le réseau Financi’Elles ont dévoilé une étude inédite menée par l’institut CSA. Son constat : malgré des avancées notables, l’émancipation économique des Françaises demeure incomplète.

Des progrès sensibles dans le rapport à l’argent

Les femmes s’emparent de plus en plus des outils de leur autonomie financière. Pour 88 % d’entre elles, l’argent est associé à la liberté, bien plus qu’à la soumission. Ce chiffre grimpe à 98 % chez les professionnelles de la finance. L’argent est perçu comme un levier d’indépendance et de sécurité, en particulier chez les jeunes femmes de 25 à 34 ans, dont 88 % estiment qu’il occupe une place importante dans leur vie quotidienne.

Les mentalités évoluent également dans la manière d’en parler : 71 % des femmes échangent désormais sur les questions d’argent avec leur entourage.

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Jovenel Moïse, « fléau de Dieu » 

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres passifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules :
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison, le même mouvement. »

(Victor Hugo, Mélancholia)

— Par Robert Lodimus —

Le crépuscule tombait déjà sur le paysage voilé et enneigé. Un immense tapis blanc recouvrait les rues crevassées, dégoudronnées à certains endroits. Au Canada, le mois de février n’est-il pas réputé pour son humeur impassiblement rigoureuse? À cette période de l’hiver, la température oscille souvent entre moins 40o et moins 50o Celsius. De quoi faire geler le sang d’un chameau en quelques secondes. Quand il vente et grêle, les gens peuvent ressentir jusqu’à moins 600 sur la peau fragile et sensible. La plupart des personnalités fortunées et des retraités privilégiés qui habitent dans les régions nordiques s’envolent à destination du Sud dès la fin de novembre. Notamment en Floride où ils disposent d’une confortable résidence secondaire.

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Avenir et Devenir

— Par Camille Loty Malebranche —

Toutes les fois qu’un homme refuse l’amorphisme du donné, le statu quo accepté sans recul par la foule, pour l’interrogation ou l’action du possible, il incarne au présent, le devenir assumé, il s’érige en forgeur de temps faisant et défaisant l’avenir, conquérant conscient de destin. À l’échelle humaine, le devenir porte toujours l’empreinte de l’attitude active ou passive.

La différence entre avenir et devenir, est que l’avenir constitue le temps neutre sans durée ni signification avec pour seul sens, le futur froid et vide alors que le devenir est le temps ontologique, le temps humain, inchoatif au rythme des choix de l’homme.

La voie inhérente à la liberté de l’homme est la domestication de l’avenir pour concevoir et construire le devenir personnel, à la taille de la projection de soi, de l’édification de soi. Loin du moulage et du préfabriqué mental de l’idéologie, moulage des consciences qui prévaut contre la liberté, planifie et façonne l’humain comme simple réceptacle et programme qu’exécute la cybernétique sociale des situations, parler du devenir, ce champ éminent de la liberté dans la téléologie, prend la face d’aventure osée, de foi en la nature transcendante et spirituelle de l’homme voire de volontarisme auto-accomplissant.

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Guadeloupe : le choc des réalités

Le temps presse et l’immobilisme  n’est plus une option crédible pour la Guadeloupe !

— Par Jean Marie Nol, président du cercle des économistes de la Guadeloupe  —

Avant de penser pouvoir régler les fractures profondes et les dysfonctionnements récurrents  qui minent la Guadeloupe avec un changement statutaire, chose qui s’avère illusoire , il est indispensable d’affronter d’abord le choc des réalités et ne plus faire preuve de naïveté coupable . Car les discours idéologiques et politiques, les incantations électoralistes ou les fuites en avant institutionnelles ne suffisent plus face à l’épreuve du réel. C’est à une mise à nu brutale mais nécessaire de la situation que nous invite ce temps de crise multiforme. Une crise qui, si elle n’est pas regardée en face, risque de précipiter notre territoire dans une forme d’implosion silencieuse. La lucidité est douloureuse, mais elle est le seul point de départ crédible vers une reconstruction économique, sociale et culturelle. Et cette reconstruction suppose, en premier lieu, une prise de conscience collective des chocs qui s’annoncent.

Le premier de ces chocs est climatique. Il n’est plus théorique, il est déjà à l’œuvre.

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Fanon, 100 ans : Une rencontre internationale pour penser le monde autrement

Du 17 au 20 juillet 2025 | Martinique – Troîques-Atrium, Université, Morne-Rouge, Schœlcher, Saint-Pierre

À l’occasion du centenaire de la naissance de Frantz Fanon, figure majeure de la pensée anticoloniale, la Martinique devient le théâtre d’un événement d’envergure internationale. Du 17 au 20 juillet, chercheurs, artistes, militants et citoyens venus de 15 pays se réuniront autour de l’œuvre et de l’héritage de cet intellectuel révolutionnaire, pour une rencontre vivante, participative et ouverte sur le monde.

Une célébration engagée, pas une commémoration figée

Organisée par le Cercle Frantz-Fanon, cette manifestation s’inscrit sous le signe du partage, de la réflexion et de la transmission. « Il ne s’agit pas d’ériger Fanon en icône figée, mais de faire vivre sa pensée à travers des échanges collectifs », affirme Raphaël Constant, président du Cercle. Pour Victor Permal, vice-président, il s’agit surtout de « refuser toute récupération de sa pensée » et de « replacer Fanon dans la continuité des luttes actuelles ».

À l’honneur : « Les Damnés de la terre », son ouvrage phare, dont les résonances avec les crises contemporaines – sociales, politiques, identitaires – sont plus vives que jamais.

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Pauvreté en France : un niveau historique atteint en 2023

— Par Jean Samblé —
L’année 2023 marque un tournant inquiétant dans l’évolution sociale du pays. Selon les dernières données publiées par l’Insee le 7 juillet 2025, le taux de pauvreté monétaire a grimpé à
15,4 % de la population vivant en logement ordinaire en France métropolitaine, son plus haut niveau depuis que la statistique est mesurée, en 1996. Cela représente 9,8 millions de personnes vivant avec moins de 1 288 euros par mois pour une personne seule – soit 60 % du niveau de vie médian.

En une seule année, environ 650 000 personnes ont basculé sous ce seuil, une progression sans précédent. Cette hausse spectaculaire est largement attribuée à la fin des dispositifs exceptionnels mis en place en 2022 pour amortir les chocs successifs de la crise sanitaire et de l’inflation. L’arrêt de l’indemnité inflation, de la prime exceptionnelle de rentrée ou encore du chèque énergie a brutalement exposé les foyers les plus modestes à la réalité du coût de la vie.

Des inégalités qui s’accentuent

Parallèlement, les inégalités de revenus se sont aggravées. Le rapport entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres a atteint un niveau inédit depuis les années 1970 : les premiers gagnent 4,5 fois plus que les seconds.

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Shopping Yoles 2025 – La 13ème édition revient à Sainte-Luce !

Samedi 12 et dimanche 13 juillet 2025, à l’Hôtel Karibéa Sainte-Luce de 9h à 19h

Le salon Shopping Yoles est de retour pour sa 13ème édition, le samedi 12 et dimanche 13 juillet 2025, à l’Hôtel Karibéa Sainte-Luce ! Un événement incontournable à ne pas manquer pour tous ceux qui souhaitent être à la pointe de la mode avant le prochain Tour des Yoles Rondes.

Organisé par KB Prod & Events en partenariat avec la Fédération des Yoles Rondes, le salon sera l’occasion idéale de découvrir les dernières tendances pour l’été. Profitez de plus de 3 000 m² d’exposition avec près de 80 exposants ! Vous y trouverez des maillots de bain, des accessoires, des bijoux, ainsi que des produits cosmétiques et diététiques.

Que vous réserve cette 13ème édition ?

  • 80 exposants pour des achats mode et bien-être

  • Plus de 4 000 visiteurs attendus, dont 80% de femmes âgées de 18 à 40 ans

  • Des ateliers de maquillage, de tatouage, de yoga, de fitness, et des animations pour les enfants

  • Des DJ sets et un défilé de mode pour pimenter l’atmosphère

  • Des conseils en matière de sécurité sur l’eau et de prévention des risques sanitaires

Venez vivre une expérience unique entre shopping, animations et ambiance festive.

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Une île, deux fidélités

Pourquoi en l’absence de fibre patriotique, c’est désormais l’économie qui doit primer en matière de catalyseur du développement de la Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol, président du cercle des économistes de la Guadeloupe —

L’histoire de la Guadeloupe, tissée de conquêtes, d’appropriations, d’esclavage et d’assimilation, n’a pas encore permis l’émergence d’une nation avec un sentiment patriotique au sens classique du terme. Ce constat, loin d’être une opinion isolée, plonge ses racines dans un héritage colonial profondément ancré et toujours perceptible dans les structures économiques et sociales de l’île. Depuis le 28 juin 1635, date de la prise de possession de la Guadeloupe par la France, la construction identitaire du territoire s’est faite sous le sceau de la domination. Après l’extinction du peuple premier, la Guadeloupe est née colonie. Cette naissance brutale, marquée par l’extermination des populations autochtones Kalinagos, la traite négrière et la mise en esclavage de milliers d’Africains, a laissé en héritage une société fragmentée, dépendante financièrement et économiquement , assistée socialement où l’idée de nation n’a jamais réellement pu émerger jusqu’à aujourd’hui et a fortiori s’imposer au peuple .

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Contre la vie chère : morceler les oligopoles ou les soumettre au contrôle collectif ?

—RS n° 402 lundi 7 juillet 2025 —

La loi française dispose qu’aucun groupe commercial ne puisse contrôler plus du quart du marché. D’où la proposition de certain·e·s, d’imposer à GBH de céder des parts du sien. Observons au passage, une fois de plus, comment les Dominants, souvent partisans du « Zéro tolérance » pour les délinquants, manquent d’intérêt pour les entorses à la loi, perpétrées par les puissants.

Observons aussi, comment le principe sacro-saint de « la concurrence libre et non faussée », peut être battu en brèche par la loi elle-même ! Limiter la puissance acquise par la concurrence, ce n’est pas respecter un principe pourtant transformé en règle constitutionnelle européenne ! Tant que le capitalisme existera, la concurrence tendra à se transformer en son contraire, le monopole ou, ce qui revient au même, l’entente entre les oligopoles, même si celle-ci est punie par la loi.

En réalité, la loi qui prétend mettre des limites à l’exagération « naturelle » des gros n’a rien d’incontournable. Il suffit d’un tour de passe-passe pour qu’un monopole ou quasi monopole soit déguisé en morcellement vertueux par le jeu des prête-noms à familles, parents et alliés !

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12 % recyclés, 88 % gaspillés : comprendre l’impasse des déchets textiles

Saviez-vous qu’aujourd’hui seuls 12 % des déchets textiles étaient recyclés et réutilisés dans l’Union européenne ? Un chiffre extrêmement bas si on le compare par exemple au 75 % de cartons recyclés et au 80 % de verre en France. L’immense partie des déchets textiles, produits par l’industrie, est donc envoyée directement à la déchetterie et sera in fine incinérée. Mais alors, pourquoi si peu de recyclage ? Cet état de fait est-il voué à rester inchangé ? Pas forcément.

Mais, avant de voir comment les choses pourraient évoluer, commençons d’abord par voir ce que sont les déchets textiles et pourquoi ils sont si peu recyclés. Les déchets textiles sont issus des vêtements fabriqués. Ce sont des chutes de tissu, des fibres et autres matériaux textiles en fin de vie, après usage ou production. Le prêt-à-porter ou la fast fashion, avec le renouvellement rapide des collections, aggrave le problème de gestion et de traitement avec des quantités croissantes de déchets textiles issues de la surproduction et de la surconsommation.

Les défis du recyclage des déchets textiles

Mais si une grande partie de ces textiles finit ainsi en déchetterie, contribuant alors à la pollution et au gaspillage des ressources, c’est également faute de solutions de recyclage adaptées ou économiquement viable.

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Quand les forêts disparaissent, la Terre devient invivable

Le jour où les forêts tropicales ont disparu… pendant cinq millions d’années

— Par Sabrina Solar —

Il y a environ 252 millions d’années, la Terre a vécu la plus grande crise biologique de son histoire : la troisième extinction de masse, aussi appelée extinction Permien-Trias (PTME). Près de 90 % des espèces marines et 80 à 95 % des espèces terrestres, dont les végétaux, ont été rayées de la planète. Un cataclysme si profond qu’il a mis la vie à genoux, et dont la Terre ne s’est pas relevée avant… cinq millions d’années.

Mais un mystère demeurait : pourquoi une planète pourtant fertile est-elle restée aussi longtemps inhabitable après l’arrêt apparent de l’activité volcanique qui avait déclenché la catastrophe ? Une équipe internationale de chercheurs vient de percer une partie de cette énigme, en pointant du doigt un effondrement brutal des forêts tropicales, qui a profondément perturbé les grands équilibres du cycle du carbone et, par ricochet, du climat. Ce trou de cinq millions d’années est aussi un miroir, dérangeant, de notre avenir climatique.

Un monde en feu : l’extinction Permien-Trias

L’histoire commence il y a 252 millions d’années, à la fin de l’ère paléozoïque.

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Le temps économique n’est pas celui de l’idéologie politique !

— Par Jean-Marie Nol —

Alors que la Guadeloupe s’interroge sur son avenir institutionnel, une dissonance de plus en plus manifeste s’impose entre les discours politiques et les réalités économiques. Le débat sur l’autonomie, relancé par une majorité d’élus locaux en quête de différenciation, masque une réalité bien plus urgente : celle d’un modèle économique et social à bout de souffle, pris en tenaille entre les impératifs budgétaires de l’État et l’effondrement progressif des équilibres sociaux locaux . Car le temps politique, dicté par les échéances électorales et les stratégies de communication, entre en collision frontale avec le temps économique, lent, exigeant, structurel. Cette fracture n’est pas théorique : elle se traduit, au quotidien, par l’incapacité de la Guadeloupe à initier les transformations nécessaires à sa résilience, et par la surdité croissante d’un État centralisé, plus préoccupé par la réduction de son déficit que par la reconstruction d’un projet économique partagé avec ses territoires d’Outre-mer.

Le contraste est d’autant plus frappant que le gouvernement s’engage désormais dans une austérité affirmée. « On est en situation de danger extrême. Ça ne rend pas populaire de dire ça, ce n’est pas agréable… Un très grand nombre de Français l’ont entendu mais un grand nombre ne croit pas que ça les concerne », a déclaré le locataire de Matignon.

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Socfin, l’empire toxique des Fabri et Bolloré

Une enquête internationale confirme les abus de Socfin en Afrique et en Asie : des plans d’action jugés insuffisants

— Par Jean Samblé —

1er juillet 2025 – Une enquête indépendante commandée par la Société financière des caoutchoucs (Socfin), menée entre 2023 et 2025 par le cabinet suisse Earthworm Foundation, confirme une longue série de violations graves des droits humains et de l’environnement dans ses plantations d’Afrique et d’Asie. Les résultats, rendus publics en juin 2025, révèlent que 70 % des 139 plaintes déposées par les communautés locales sont fondées, partiellement fondées ou indéterminées, confirmant la responsabilité de la multinationale luxembourgeoise dans des abus systémiques.


Des abus systémiques dans 12 plantations

L’enquête a couvert 12 plantations de palmiers à huile et d’hévéas au Cambodge, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia, Nigeria et Sierra Leone, représentant à elles seules 87 % des terres contrôlées par Socfin.

Fondé en 1909, le groupe Socfin (Société financière des caoutchoucs) est aujourd’hui détenu majoritairement par deux grands actionnaires familiaux : la famille belge Fabri, qui détient environ 50 % du capital via le holding belge Intercultures, et le groupe français Bolloré, qui en détient plus de 38 % via diverses sociétés, notamment Socfinasia et Socfinaf.

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Eh oui, ils se taisent !

— ContreChroniques d’Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi que le regrette un observateur dans un récent article, en ces temps de bouleversement de l’ordre social d’ici et d’ailleurs, l’élite martiniquaise se tait. Au pays de Césaire, de Fanon et de Glissant, les intellectuels sont à ce point silencieux qu’on pourrait se demander si la Martinique pense encore. Mais, finalement, que voulez-vous qu’ils fassent, en face de l’échec du pays qui est aussi le leur ?

Réputé avoir perdu leur identité, les Martiniquais se sont vu appliquer depuis près d’un demi-siècle une révolution culturelle en mode de désaliénation – re-aliénation. Issue des mouvements des années soixante et inspirée par les figures totémiques du socialisme, la jeunesse sachant représentait toutes les nuances de la galaxie communiste. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, cette opération a connu un succès électoral inédit : près d’un demi-siècle de pouvoir local absolu des autonomistes et indépendantistes, ainsi qu’une probabilité de continuité peu contestable. Mais en fait de révolution, tout ce monde s’est installé avec gourmandise dans l’assimilation, les politiques étant aux manettes et les intellectuels, à la culture identitaire et victimaire.

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La réalité d’un fascisme planétaire se confirme

— Par Robert Saé —

Trump annonce avec fracas qu’il «ne tolérera pas la poursuite du procès mené par la justice israélienne contre Netanyahou», un génocidaire convaincu de corruption ! Trump déclare son intention de s’emparer du Groenland et d’obliger le Canada à devenir le 51ème État des USA. Trump menace explicitement de poursuivre, d’emprisonner, voire d’exécuter ses opposants politiques et juridiques. Trump insulte et limoge le directeur de la Banque Fédérale de son pays, fait licencier arbitrairement des centaines de milliers de fonctionnaires. Il prétend interdire aux pays membres des BRICS*1 de créer un système de monnaie alternatif. Unanimement, les médias du système s’acharnent à persuader l’opinion publique mondiale qu’il s’agit là simplement de frasques d’un individu versatile, condamnable uniquement parce ce que, ce faisant, il déstabilise les marchés et complique l’application de la stratégie décidée par l’occident pour garantir «la bonne marche» du monde. Jamais, on n’entendra le dénoncer, le condamner, le qualifier de «dictateur», comme cela est systématiquement fait quand il s’agit de chefs d’États opposés à l’impérialisme occidental*2 !

Il ne s’agit pas ici d’une simple absence de déontologie de la part des journalistes, de manipulation de l’information ou de traitement injuste des opposants au système dominant.

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