Catégorie : Littératures

L’éphéméride du 14 novembre

Parution à compte d’auteur du premier tome du roman de Marcel Proust, Du côté de chez Swann le 14 novembre 1913.

Du côté de chez Swann est le premier volume du roman de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Il est composé de trois parties, dont les titres sont :

Combray ;
Un amour de Swann ;
Noms de pays : le nom.

Publication
Proust commence à rédiger Combray de façon suivie fin mai, début juin 1909. Quatre extraits de Combray parurent dans Le Figaro entre mars 1912 et mars 19131. Le premier tome de La Recherche fut refusé par plusieurs éditeurs, dont Gallimard2, avant d’être publié par Grasset à compte d’auteur le 14 novembre 1913.

Combray
Dans Combray, le narrateur raconte son enfance à Combray, sa relation avec sa mère dont il réclame la présence le soir avant de se coucher. Selon Antoine Compagnon, « Combray, c’est en quelque sorte l’enfance perverse, celle-là même dont parle Freud, contemporain de l’auteur ». Il évoque ses premières lectures, notamment François le Champi de George Sand. On voit se dessiner l’univers culturel et affectif d’un personnage dont on va suivre la vie et l’évolution pendant le reste de la Recherche.

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Le cercle apoétique – L’achronique continu(e)

– Saison 2, épisode 1 –

Par Loran Kristian  —

Comment vous dire ?

Il existe différents types de champs de matière mouvante, diverses sortes de plans dessinant de belles lignes de force, je ne vous apprends rien. Certains sont faits pour les cartésiens habitués aux espaces plats et euclidiens, d’autres pour les projectifs préférant les points de fuite à l’infini, ceux qui aiment les surfaces courbes et les grands cercles à tendances elliptiques, d’autres encore pour les amateurs de vies conformes, complexes ou plus discrètes.

Mais de l’endroit où je regarde bouger le monde, recueil de corps et d’esprits, le plan semble gâché à l’équateur. Plus grand-chose à tenir ferme et bon sans perdre la tête ou l’équilibre. Pourtant, dit-on, il nous faut rendre hommage à la destinée manifeste comme à ceux qui nous ont précédés. Garder la force de regarder demain en mangeant notre paquet de courage. Entre cyclopes et cyclones, en dépit de ce qui nous poisse comme jamais, il nous faudrait prendre la vie à bras le corps, de front, comme des gladiateurs affrontent le diable dans tous les détails.

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Ode au Che

Ode au Che
—Par Gary Klang —

O Che
Ton corps à moitié nu
Allongé sur une table de campagne
Les yeux ouverts
Fixés à tout jamais sur l’éternité
Tu as fait don de ta vie à ceux d’en bas
Et sillonné les routes comme Don Quichotte de la Mancha
Ton frère
Mais tes moulins n’étaient pas des chimères

Ta longue marche
Tu l’as faite sans relâche
En narguant tes bourreaux
Faisant fi des privations et des douleurs de l’asthme
Le regard tourné vers la souffrance des peuples
Le mal et l’injustice

Hasta siempre Comandante
Je te salue
Ta vie ne fait que commencer

GARY KLANG

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Haïti : Corruption au Fonds national de l’éducation

L’ULCC aux trousses de l’ancien directeur Jean Ronald Joseph

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

LA NOUVELLE est sur toutes les lèvres au pays des délinquants à cravate où l’impunité caracole à chaque coin de rue : l’Unité de lutte contre la corruption (l’ULCC) est aux trousses de Jean Ronald Joseph, l’ancien directeur du Fonds national de l’éducation (FNE). Il s’agit là d’un événement significatif dans la longue saga de la corruption, du népotisme et du détournement des finances de l’État au Fonds national de l’éducation comme l’atteste l’article paru le 11 novembre 2025 sur le site Fact checking News (FCN), « Corruption au FNE : l’ULCC met Jean Ronald Joseph sur sa liste rouge » (voir aussi l’article paru en Haïti dans Le Nouvelliste du 11 novembre 2025, « L’ULCC lance un avis de recherche contre l’ex-directeur général du FNE Jean Ronald Joseph »).

En effet l’ULCC a lancé, le 11 novembre 2025, l’« AVIS DE RECHERCHE No ULCC/SEI/11-25-002 » assorti d’une photo du délinquant-fugitif Jean Ronald Joseph, « gestionnaire expert » missionné par le PHTK néo-duvaliériste à la direction du FNE.

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« Haïtien », « À Vie », de Jean-Bernard Bayard

— Par Jean-Bernard Bayard —-

Haïtien
Si tu avais suivi ton autonomie tu serais inclusif et opulent
Si tu avais suivi ton indépendance tu serais collectif et grand
Si tu avais suivi l’Union Fait la Force tu serais solidaire et Franc
Si tu avais suivi liberté égalité fraternité tu serais équitable de rang

Si tu avais suivi l’intégrité tu serais un peuple altruiste et bienveillant
Si tu avais suivi la moralité tu serais un peuple motivé et tolérant
Si tu avais suivi la générosité tu serais un peuple sincère et sollicitant
Si tu avais suivi l’homogénéité tu serais un peuple fier et éloquent

Si tu avais suivi ta source tu serais le plus bel exemple d’ordre édifiant
Si tu avais suivi tes racines tu serais le plus merveilleux arbre fleurissant
Si tu avais suivi tes cultivateurs tu serais ce grand accord déterminant
Si tu avais suivi ton identité tu serais des amériques le seul vrai conquérant
Jean-Bernard Bayard

 

À Vie
Immonde ordure, fils de chienne, tu répugnes
Assoiffé de pouvoir, et corrompu jusqu’aux os
Sans vergogne, tu sèmes la misère et la terreur
Tu t’enrichis du bien d’autrui en toute impunité

L’état de droit est mis en quarantaine permanent
Les institutions socio-politiques sont caduques
L’échafaudage national est devenu un échafaud
Election est remplacée par Sélection de collabos

Pour un prix, cette nation est vendue et revendue
La course à la richesse devient la seule motivation
Honneur et respect ne sont plus de valides vertus
Le phare Insulaire perd sa lumière et son ouverture
Jean-Bernard Bayard

 

 

 

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Procès

Non ce n’est pas à Gibraltar
Il y a des gens vraiment bizarres
Qui détruisent les oeuvres d’art
Sous prétexte qu’ils en ont marre

 

Michel Herland
Série Quatrains

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Man ka kriyé

— Par Daniel M. Berté —

Man ka kriyé

Adan kabech-sisi mwen
Ek épi djel kalé mwen, man ka kriyé
Man ka kriyé ba tousa lapawol-yo kadnasé
Ay ! Way ! Wayayay ! Anmwé ! Wélélé !

Adan kabech-zandji mwen
Ek épi djel krazé mwen, man ka kriyé
Man ka kriyé ba tousa
YO maré andidan kal bato
Ek fè-yo travèsé gran loséan blé-a    

Adan kabech-kolibri mwen
Ek épi djel pété mwen, man ka kriyé
Man ka kriyé ba tousa négriyé fouté an dlo
Ek néyé san kwa senmitjè Latlantik

Adan kabech-zandoli mwen
Ek épi djel mitilé mwen, man ka kriyé
Man ka kriyé ba manman ek sésé
Maren-
YO anviolé pou té sa pran pyé-YO

Adan kabech-zòfi mwen
Ek épi djel brilé mwen, man ka kriyé
Man ka kriyé ba tousa
YO vann akondi bet
Ek fòsé-yo travay pou ayen san manman      

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Billet à Michèle Voltaire Marcelin à propos de son poème : « L’histoire a faussé les comptes »

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Chère Michèle,

À plusieurs reprises –et avec grand plaisir–, j’ai lu ton magnifique poème intitulé « L’histoire a faussé les comptes ». En décours de lecture, je me suis laissé habiter par le tumulte qui, vêtu du souffle salin des marées insulaires, affleure d’une poésie cousue de lumière. 

Je te le dis sans hésiter et en toute clarté : la poésie de Michèle Voltaire Marcelin est une parole de haute voilure. Elle nous est confiée sur les cimes et dans les plissures de la déclamation de la langue-étendard, de la langue-manifeste au sens où l’entendaient les poètes surréalistes nourris du petit-lait de la révolte. Parole de haute voilure, la poésie qu’elle nous tend et des mains et du cœur porte en ses fulgurances des tracées luminaires, l’art de tisser le dire poétique lui-même. Poésie de haute couture également, elle a de surcroît l’élégance d’arpenter les cicatrices mutiques de l’Histoire et du Temps, dans la conjugaison ailée du Temps-passé, du Temps présent et du Temps-qui-vient. Car en ses errements têtus « L’histoire a faussé les comptes »…

Et voici que le poème « L’histoire a faussé les comptes » entre en résonance avec « Bouche de clarté », le visionnaire poème de René Depestre : « Ma bouche folle de systèmes / folle d’aventures / place des balises / aux virages les plus dangereux ».

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Festival en pays rêvé : 17->23 novembre 2025

— Editorial de Viktor Lazlo, fondatrice du festival —

Le temps passe de plus en plus vite et, de cet hôtel, face à la mer, nous osons rêver qu’il nous accorde quelques points de suspension. Pour nous poser et réfléchir. Car dans l’histoire du monde, rien ne s’est écrit rapidement. Aucun sursaut n’est advenu sans que des couches et
des couches d’expériences successives, de tragédies souffertes et de beautés observées ne donnent naissance à un jour nouveau.
Des siècles d’intelligence et d’hérésie cumulées ont fait advenir la réalité qui est la nôtre
aujourd’hui.
La colonisation des puissances occidentales, le pillage des richesses de la terre, le développement industriel, le saccage de la planète, la course effrénée vers la conquête d’un ailleurs qui servira peut-être… dans un autre film, tout cela a émergé lentement, tranquillement au fil de générations et de générations d’hommes et de femmes qui, à quelques exceptions près, n’ont rien vu venir.

La littérature, qu’elle soit prose, poésie ou essai s’inscrit tout naturellement dans ce long cheminement vers la maturation et vers sa propre maturité. Alors nous essayons, avec cette parenthèse enchantée qu’est le Festival en Pays Rêvé, d’ouvrir à nouveau ces espaces où la lenteur est un trésor.

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« Comme, Like, Menm jan », « Indulgence envers vos dirigeants », « Enfants »

Par Jean-Bernard Bayard

« Comme, Like, Menm jan »

Comme un arc-en-ciel qui montre l’harmonie des couleurs
Comme la rose qui définit la délicatesse de la vraie beauté
Comme le nouveau né qui ne peut cacher sa vulnérabilité
Comme ce triste monde que nous partageons serait meilleur

Like the rainbow showing the harmony of all the colors
Like the rose defining the delicate nature of true beauty
Like the new born who is unable to hide its vulnerability
Like this sad world that we share would have been better

Menm jan ak lakansyèl ka pe montre amoni tout koulè-l yo
Menm jan ak roz lan ki defini elegans ki nan vré bote-a
Menm jan ak ti bebe-a ki pa ka kache vilnerabilite li-an
Menm jan ak tè chagren ke na pe pataje a ta ka miyò
JB

 

« Indulgence envers vos dirigeants »

Ne blâmez pas et ne dérangez pas
Soyez tolérant envers ces malfrats
Pour tromper deviennent candidats
Pour nous opprimer durant le mandat

N’accusez pas surtout ne rejetez pas
Soyez généreux envers tout ces fatras
Qui ne sont que de grands hors-la-loi
Dévalorisant tous crédules électorats

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Le procès du « déchoukaj » des symboles coloniaux en Martinique

Une marche forcée contre le sens de l’Histoire 

Par Yves Untel Pastel
Le débat qui s’est cristallisé autour des statues glorifiant la France conquérante aux Antilles Françaises n’est pas une simple controverse historique, mais une question fondamentale de dignité humaine et de justice mémorielle. Ces monuments, érigés à la gloire d’un passé colonial et esclavagiste, constituent une insulte flagrante et intolérable à la population antillaise. L’acte de les déboulonner, loin d’être un vandalisme, s’inscrit dans un mouvement global de dignité, que l’institution judiciaire peine à reconnaître.

I. Le Cynisme de l’Emblème Paternaliste

Comment concevoir l’audace de brandir un emblème prétendument libérateur ou civilisateur à la face d’un peuple que la puissance érigée a elle-même déporté, asservi et exploité ? Ce geste est d’un cynisme insupportable. Les statues représentant des figures de l’administration coloniale, ou des allégories de la « France conquérante », sont des affirmations de la légitimité d’une domination passée, minimisant l’infamie de l’esclavage.

Les Antilles sont littéralement une terre-cimetière, où le sol porte les stigmates des âmes broyées par le système esclavagiste. Positionner de tels monuments sur les carrefours, c’est profaner l’espace civique et imposer une négation quotidienne du traumatisme historique.

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Emmanuel Carrère, l’intime et l’Histoire : Kolkhoze couronné du prix Médicis 2025

— Par Hélène Lemoine —

Un roman de filiation et d’empire
Mercredi 5 novembre, au restaurant La Méditerranée à Paris, Emmanuel Carrère a reçu le prix Médicis 2025 pour son roman Kolkhoze (P.O.L). Un verdict limpide — cinq voix au premier tour — pour un livre déjà consacré par le public, vendu à plus de 140 000 exemplaires depuis sa sortie fin août. Finaliste malheureux du Goncourt, Carrère trouve ici une revanche élégante et un hommage vibrant à celle qui fut sa première figure d’autorité et de fascination : Hélène Carrère d’Encausse, mère aimée, admirée, disputée, première femme secrétaire perpétuel de l’Académie française, disparue en août 2023.

« Kolkhoze », c’est le siècle passé, ses déchirures, notre présent, sa douleur », écrivait le critique Olivier Mony. Et c’est bien à cette articulation entre mémoire familiale et tragédie politique que s’attache Carrère. D’une plume ample, parfois digressive, souvent bouleversante, il tisse quatre générations d’exilés, de la Géorgie des années 1920 à la France des Lumières, en passant par la Russie soviétique, la Seconde Guerre mondiale, l’effondrement du bloc communiste et la guerre d’Ukraine.

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Milady se rebelle : Adélaïde de Clermont-Tonnerre, prix Renaudot 2025 pour « Je voulais vivre »

— Par Hélène Lemeoine —

En cette rentrée littéraire 2025, le prix Renaudot a récompensé un roman à la fois audacieux et profondément romanesque : Je voulais vivre d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Grasset). En redonnant chair, voix et âme à Milady de Winter — l’inoubliable antagoniste des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas — l’autrice accomplit un véritable tour de force : faire d’une figure honnie de la littérature classique une héroïne moderne, complexe et résolument féministe.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, directrice de la rédaction du magazine Point de vue et déjà couronnée par le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2016 pour Le dernier des nôtres, signe ici son quatrième roman. Sous sa plume, la célèbre espionne du cardinal de Richelieu devient une femme de chair et de feu, en quête de liberté dans un monde façonné par les hommes.

Donner la parole à la condamnée

L’autrice s’empare du mythe dumasien sans le trahir, mais en le détournant subtilement. Là où Dumas faisait de Milady la figure de la perfidie, Adélaïde de Clermont-Tonnerre choisit de l’écouter. Je voulais vivre explore la genèse d’une femme marquée par l’abandon, l’humiliation et la soif de reconnaissance.

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In pace

C’est la fête des trépassés
Personnes chères ou moins chères
Qui animaient les jours passés
Et maintenant trois pieds sous terre

Michel Herland – 1er novembre 2025

(Série Quatrains)

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L’éphéméride du 5 novembre

Naissance, sur un bateau, entre Cayenne et Fort-de-France de René Maran, le 5 novembre 1887.

René Maran, né à Fort-de-France (Martinique), le 5 novembre 1887, mort à Paris 13e le 9 mai 1960, est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala, dont la préface dénonce le colonialisme.
Biographie
René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique. Sa naissance est déclarée à Fort-de-France le 22 novembre 18871. Ses parents, partis au Gabon (où son père, Léon Herménégilde Maran, occupait un poste administratif colonial), le mettent en pension, dès l’âge de sept ans, au lycée de Talence puis au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Il y rencontre Félix Éboué.

René Maran débute en littérature en 1909 dans la revue lilloise de Léon Bocquet : Le Beffroi. Il quitte Bordeaux en 1910, après des études de droit, et devient administrateur d’outre-mer en Oubangui-Chari en 1912. Il écrit des poèmes, puis son roman Batouala – Véritable roman nègre – qui décrit la vie d’un village africain du point de vue du chef éponyme–, encouragé en cela par son ami Philéas Lebesgue qu’il vient rencontrer à Beauvais dès 1915.

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Nathacha Appanah, lauréate du Prix Femina 2025 pour « La Nuit au cœur »

— Par Hélène Lemoine —

Les jurées du Prix Femina se sont réunies lundi 3 novembre au Musée Carnavalet pour couronner une œuvre qui a bouleversé la rentrée littéraire. Leur choix s’est porté sur La Nuit au cœur (Gallimard), de Nathacha Appanah, un récit aussi intime que collectif, tissé autour de trois destins de femmes emportées dans la spirale des violences masculines.

Aux côtés de la romancière mauricienne, le jury a également distingué John Boyne, pour son roman Les Éléments (Lattès), dans la catégorie Étranger, et Marc Weitzmann, lauréat du Prix Essai pour La Part sauvage (Grasset), un texte consacré à Philip Roth.

Trois femmes, une même tragédie

Avec La Nuit au cœur, Nathacha Appanah a franchi un pas décisif dans son œuvre. Elle y entrelace trois voix : celles de Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-mari à Mérignac en mai 2021 ; Emma, sa cousine, tuée par son mari à l’île Maurice en 2000 ; et la sienne, survivante d’une relation violente dont elle s’est échappée à vingt-cinq ans.
Trois femmes, trois existences traversées par la peur, la domination et la fuite – mais aussi par le courage de dire.

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« Errance au pays des âmes bleues », « Éclats de vers… », « Photomaton »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Errance au pays des âmes bleues

À la poursuite d’un mirage impalpable
dans l’âpre solitude d’un affectif désert,
en vaine quête de la femme idéale,
d’une sirène dans cette mer de sable,

poussé à ce voyage fatal,
avec toute la force d’un instinct animal,
par la terrible soif d’amour d’un cœur desséché,
brûlé au feu destructeur des passions passées…

Homme bleu de trop de bleus à l’âme
infligés par le désamour des femmes,
les yeux secs car n’ayant plus de larmes,
le cœur sec d’avoir tellement aimé,

bouche sèche d’avoir trop dit “je t’aime”,
laboureur stérile sans récolter ce qu’il sème,
condamné à l’errance perpétuelle
de ces aigles dépourvus d’elles…

Éclats de vers…

Épars éclats de vers,
miroir brisé de l’âme,
puzzle de l’image à l’envers
du visage jadis aimé d’une femme

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La romancière Yanick Lahens à l’apogée de ses talents, sur les cimes de l’Académie française

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

LA NOUVELLE a brasillé dans la presse conventionnelle et les médias numériques, sur diverses plateformes et portails d’information ainsi que sur les réseaux sociaux, WhatsApp et Instagram n’ont pas dérougi… Telle une singulière voix chorale surgissant d’une foultitude d’archipels et autres terres îliennes, LA NOUVELLE a eu l’effet d’un tsunami : L’Académie française, dans sa séance du jeudi 30 octobre 2025, a décerné son Grand Prix du roman (…) à Yanick LAHENS pour son roman « Passagères de nuit ». (Source : site Web de l’Académie française, 30 octobre 2025).

Yanick LAHENS figure en

  • Deuxième sélection du Prix Goncourt 2025

  • Deuxième sélection du Prix Jean Giono 2025

  • Sélection mensuelle du Grand Prix des lectrices de ELLE 2026


Le Grand Prix du roman de l’Académie française est l’un des plus prestigieux prix littéraires français. Il a été créé en 1914 et, chaque année, il est décerné au mois d’octobre pour récompenser l’auteur du roman que l’Académie a jugé le meilleur de l’année. Ce prestigieux prix littéraire ouvre traditionnellement la saison des prix littéraires français.

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Créole : entre défense légitime et aveuglement idéologique

L’unilatéralisme créole, promu par les Ayatollahs fondamentalistes au titre d’une politique d’État en Haïti, est une mystification

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Journée internationale du créole

« On ne peut plus écrire son paysage ni écrire sa propre langue de manière monolingue. Par conséquent, les gens qui, comme par exemple les Américains, les États-Uniens, n’imaginent pas la problématique des langues, n’imaginent même pas le monde. Certains défenseurs du créole sont complètement fermés à cette problématique. Ils veulent défendre le créole de manière monolingue, à la manière de ceux qui les ont opprimés linguistiquement. Ils héritent de ce monolinguisme sectaire et ils défendent leur langue à mon avis d’une mauvaise manière. Ma position sur la question est qu’on ne sauvera pas une langue dans un pays en laissant tomber les autres. » (Lise Gauvin, « L’imaginaire des langues : entretien avec Édouard Glissant », dans « L’Amérique entre les langues », Études françaises, volume 28, numéros 2-3, automne–hiver 1992.)

Octobre est le mois des célébrations de la langue et des cultures créoles dans les communautés linguistiques créolophones à travers le monde.

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L’inconnu de Mer frappée : chapitre VIII (suite)

— Par Robert Lodimus —

Chapitre VIII

LE DÉCÈS

Un après-midi du mois de mai où le soleil flamboyait sur la ville qui s’amalgamait dans les rires d’une pléiade de gamins frivoles qui revenaient de l’école, une dizaine de militaires dépêchés expressément de la capitale sont arrivés à bride abattue à la caserne Toussaint-Louverture et ont procédé à l’arrestation spectaculaire du capitaine Coriace. Menottes aux poignets, l’officier, sans offrir de résistance, avait suivi les « troupiers » commandés par l’adjudant-major, Ménélas Flavius, jusqu’aux véhicules de l’armée qui attendaient aux abords du trottoir, en face de l’hôtel Moïse, pour reprendre la route en sens inverse. Lorsque le cortège a tourné devant le lycée Fabre Geffrard pour traverser les entrailles bidonvillisées de Descahos, la petite foule qui assistait au déroulement de la scène inopinée, tout à fait imprévisible, a applaudi chaudement. L’État major des Forces armées d’Haïti aurait retrouvé le nom du capitaine coriace sur une liste d’officiers supérieurs et subalternes qui allaient participer à un complot pour assassiner le président François Duvalier. Un soi-disant complice, le lieutenant Léonce Aurélien, sous la menace des tortures à Fort-Dimanche, avait vendu la mèche au commandant de la garnison criminelle.

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Gaël Octavia – « L’Étrangeté de Mathilde T. et autres nouvelles »

— Par Hélène Lemoine —

Avec L’Étrangeté de Mathilde T. et autres nouvelles, Gaël Octavia signe un recueil rare et vibrant, où l’extraordinaire surgit du quotidien. En seize nouvelles brèves et intenses, l’écrivaine martiniquaise explore nos zones d’ombre, nos doubles et nos contradictions, à travers des récits qui mêlent réalisme et magie, tendresse et cruauté, humour et douleur.

Des récits du quotidien traversés d’étrangeté

Dans ces histoires, tout semble familier — jusqu’à ce qu’un détail fasse basculer la réalité.
Une femme voit son jeune compagnon vieillir prématurément après un AVC (Le mouvement ou la mort), une mère bascule dans la violence après une remarque raciste (Violente), une enfant parisienne se rêve enfant-soldat (Kalachnikov bébé), une autre grandit à rebours du temps (Nola toujours).
Ici, le fantastique affleure au cœur du réel, transformant le banal en énigme.

Le style de Gaël Octavia, à la fois limpide et poétique, évoque le réalisme magique cher à la littérature caribéenne : un art de franchir la frontière entre le vraisemblable et l’impossible, pour mieux sonder la vérité des émotions humaines.

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Jamais ne comprendrai le mal

— Par Gary Klang —

O énigme du mal

Jamais ne comprendrai ce qui t’anime
Ceux qui traînent après eux un long voile de ténèbres
A l’instar de celui qui jura de soigner
Mais s’efforça d’éteindre les étoiles
En jetant sur le monde l’ombre d’une nuit sans fin

Jamais ne comprendrai le mal
Cet enfant ligoté et noyé
Mort
Les yeux ouverts
Par désir de faire mal

Jamais je n’oublierai non plus ceux qui périrent
Dans les îles caraïbes
Et dans les champs de canne
Arrachés à leur terre pour cultiver la terre des autres
Sans jamais plus revoir la terre de leur enfance

Un roi
Fils du Soleil
Que l’on disait civilisé
Conçut l’ouvrage qu’on appela le Code noir
Qui faisait de l’esclave un meuble
Tout simplement

Jamais ô non jamais
Vous dis-je
Ne comprendrai l’attrait de la souffrance

GARY KLANG

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Aimé Césaire, un homme qui crie -Poèmes sur sept décennies

Traduction et choix des poèmes par Klaus LAABS

(Editions 2025 chez Matthes et Seitz (Berlin, Allemagne) Spécialistes de l’Afrique et des Caraïbes

Par Fernand Tiburce Fortuné —

Ce n’est pas la première traduction des poèmes d’Aimé Césaire en langue allemande. On en trouve déjà une en 1962, éditée à FRANKFURT et dont le titre n’est guère éloigné du titre originel : « Zurück ins Land der Geburt ». Alors que M. LAABS préfère « Notes, mémos, mémoires sur un retour au Pays ».

Klaus LAABS, né en 1953 à Berlin, est un traducteur littéraire, en particulier des œuvres de la littérature hispanoaméricaine, française et francophone des Caraïbes et d’Afrique. Parmi les auteurs traduits par lui figurent notamment José Lezama Lima, Reinaldo Arenas, Zoé Valdes, Alejandra Pizarnik et Daniel Maximin (de la Guadeloupe)

La couverture représente Césaire par Pablo Picasso.

Voici ce que l’on peut lire dans la présentation allemande :

« Cette édition la plus complète en langue allemande de l’œuvre lyrique d’Aimé Césaire témoigne de son long combat contre le colonialisme et le racisme et doit son incomparable richesse d’images et de langage au retour culturel à l’identité « noire ».

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L’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien

Synthèse d’un état des lieux actualisé

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

« L’éducation haïtienne connaît une crise chronique provenant fondamentalement de deux facteurs principaux : le problème de gouvernance politique et administrative et la faiblesse des politiques éducatives qui en résulte. Un autre facteur crisogène est le choix initial de fonder cette éducation sur une expérience d’acculturation où les apprenants ont toujours été contraints d’être scolarisés en français, une langue qu’ils ne connaissent pas, tandis que tous maîtrisent le créole. Cette acculturation vient notamment du fait que les premiers éducateurs et responsables d’écoles de l’État d’Haïti étaient des Français qui enseignaient en français dans la négation du créole et qui sont à l’origine de la créolophobie qui perdure aujourd’hui encore. Mais il est quand même dommage que la prise en main de l’école par les nationaux n’ait pas permis de régulariser la situation. Il se pose dès lors le problème de l’inculturation de l’école notamment sur le plan linguistique. » Renauld Govain : « De la crise de l’éducation à l’éducation à la crise en Haïti », revue Études caribéennes 56 / décembre 2023.

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L’éphéméride du 24 octobre

Lettre de démission du PCF d’Aimé Césaire à Maurice Thorez le 24 octobre 1956

Quelques mois après le percutant rapport Khrouchtchev qui révéla les crimes de Staline, Aimé Césaire a adressé cette lettre de démission à Maurice Thorez alors secrétaire général du Parti communiste Français. « Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. »
{{Aimé Césaire, Député de la Martinique, à Maurice Thorez, Secrétaire Général du Parti Communiste Français.}}

Maurice Thorez,

Il me serait facile d’articuler tant à l’égard du Parti Communiste Français qu’à l’égard du Communisme International tel qu’il est patronné par l’Union Soviétique, une longue liste de griefs ou de désaccords. _ La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu’elles ont plongé, ou du moins, je l’espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l’action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.

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