« Babysitting », un Very Bad Trip français

Philippe Lacheau réalise son premier long métrage, une comédie en total lâcher-prise. A Madiana à partir du 18 avril 2014

— Par Stéphanie Belpêche —
baby_sittingTout le monde ne parle plus que de lui. À 33 ans, Philippe Lacheau savoure un triomphe mérité, après plusieurs années de galère. Auteur de plus de 200 sketches pour la télévision (Le Grand Journal sur Canal+ et le Morning Live sur M6), il signe aujourd’hui son premier long métrage en tant que réalisateur, scénariste et acteur avec Babysitting, qui relate la folle nuit que va vivre Franck, embarqué malgré lui dans une fête d’anniversaire improvisée qui dégénère. « Avec la Bande à Fifi, la troupe comique à laquelle j’appartiens, on cherchait un concept de film qui ne coûte pas cher depuis 2010. L’idée du found footage, format de mise en scène qui simule une vidéo amateur, s’est imposée, au regard de succès d’ovnis du genre comme Paranormal Activity ou [REC]. J’ai énuméré les pires choses qui pouvaient arriver à mon personnage en m’imposant des limites. Les producteurs m’ont encouragé au contraire à ne pas entrer dans le moule et à lâcher les chiens! »

Le jeune cinéaste s’inscrit dans la directe lignée de Very Bad Trip (2009) et de Projet X (2012) en racontant cette histoire quasiment en temps réel avec un humour délicieusement irrévérencieux et trash. « Enfant des Nuls, je suis convaincu que, lorsqu’on veut plaire à tout le monde, on prend le risque de ne plaire à personne. Je milite pour la transgression. J’ai aussi grandi en admirant Pierre Richard, Terence Hill, Francis Veber. Franck, mon héros, est un vrai gentil, une victime à qui il n’arrive que des malheurs, qui n’ose jamais dire non, soumise à son entourage et à son chef en particulier. Il va prendre confiance en lui, évoluer et, au final, s’émanciper. Pendant longtemps, je manquais d’assurance, je subissais en silence. Avec l’âge, je me suis affirmé et j’ai gagné en maturité. »
Cobaye pour une danse brésilienne

Sur le plateau, Philippe Lacheau pouvait compter sur le soutien de Gérard Jugnot. « J’étais totalement intimidé face à ce monstre sacré du cinéma français, et terrorisé à l’idée de ne pas assurer. Il n’a jamais été donneur de leçons. Malgré le budget modeste qui ne lui permettait pas d’avoir un car-loge, il m’a fait confiance. À présent, nous sommes amis, j’ai même passé les dernières vacances d’été chez lui. » Le tournage ne laissait pas la place à l’improvisation. « Le found footage implique de ne faire que des plans-séquences. La prise qu’on garde doit être bonne de A à Z, même si elle dure cinq minutes, implique des cascades et 200 figurants. Tout le monde, même ceux qui n’ont qu’une réplique, doit rester très concentré. Il en suffit d’un qui bafouille ou oublie son texte et il faut tout reprendre à zéro. »

Le comédien s’est arraché les cheveux. « Parfois, je n’ai mis en boîte qu’un seul plan entre 21 heures et 5 heures du matin. Le voisinage de la maison qu’on occupait, située dans une banlieue cossue de Paris, en avait marre. Une nuit, la police est intervenue après plusieurs appels pour tapage nocturne! » Il garde en mémoire la scène la plus physique à laquelle il s’est soumis, dans laquelle il est le cobaye d’une démonstration de danse brésilienne très particulière, le surra de bunda. « Une strip-teaseuse m’a frappé le visage avec ses fesses très musclées. C’était violent. Je ne devais pas raidir la nuque, sinon je prenais le risque de me faire vraiment très mal » (Rires).

Babysitting ***

De Philippe Lacheau et Nicolas Benamou, avec Philippe Lacheau, Alice David, Vincent Desagnat, Gérard Jugnot et Clotilde Courau. 1h25.

Franck travaille à l’accueil dans une grande société d’édition de bandes dessinées. Ce trentenaire introverti espère publier un jour son propre album. Quand son patron lui demande de garder un soir son fils de 12 ans, un gamin capricieux et mal élevé, Franck s’exécute, alors que c’est son anniversaire. Ses copains débarquent à l’improviste pour faire la fête… Philippe Lacheau réalise une comédie délirante dans la lignée du premier Very Bad Trip et ne se refuse aucun dérapage. L’enthousiasme de ce groupe de jeunes acteurs est communicatif. On ne peut que saluer ce projet atypique et réjouissant, truffé de clins d’œil, gentiment désinhibé, qui apporte une vraie bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique français.

S.B.
La bande-annonce du film :

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