Jour : 23 janvier 2017

Les Parcours du patrimoine

— Par Michel Herland —

Volens nolens, la Martinique est contrainte de jouer la carte du tourisme. Or, en plus de ses plages propres au farniente et de sa nature sauvage propice aux randonnées, notre île a la chance de disposer d’un patrimoine culturel remarquable hérité de son histoire, patrimoine immatériel (musique, danse, littérature) et matériel (bâtiments et œuvres d’art). En attendant la création d’un musée rassemblant les œuvres saillantes des principaux plasticiens martiniquais (car la riche collection de la Fondation Clément n’est pas exposée en permanence), en attendant l’ouverture d’un musée Césaire digne de ce nom (puisque l’on ne peut visiter aujourd’hui que son ancien bureau à la mairie, certes émouvant mais réduit à peu de choses), ou pourquoi pas un musée Césaire-Fanon-Glissant et pourquoi pas celui-ci dans la maison[i] du député-maire, il reste le patrimoine bâti, par nature inamovible. Pas toujours, certes, dans l’état que l’on voudrait (combien de cases en bois ti-baume en train de pourrir lentement ?), même s’il faut reconnaître que les mentalités ont progressé, que l’on se montre désormais plus soucieux de préserver et de rénover ce qui existe qu’on ne le fut, naguère, quand on détruisait des trésors architecturaux (certes souvent modestes mais des trésors quand même) pour construire à leur place des bâtiments dépourvus autant d’âme que de charme.

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« Circulez ! » de José Jernidier

— Par Selim Lander —

Peut-on encore évoquer le malaise antillais (le « problème identitaire ») sans tomber dans le déjà vu alors que ce thème n’a jamais cessé de hanter la conscience des auteurs antillais ? De la déréliction au ressentiment, on a déjà tout lu, tout vu. Il n’est évidemment pas question de nier la réalité du problème antillais, la vérité des sentiments qui s’expriment à ce propos sous différentes formes mais après Césaire (Le Cahier, 1939) et Glissant (Le Discours, 1979), cultiver ce thème s’avère risqué. Cela étant, l’art restera toujours  un moyen de se démarquer. En Martinique, par exemple, Chamoiseau parvient à tirer son épingle du jeu grâce à l’originalité de la langue qu’il déploie dans ses récits et Confiant s’en sort également mais sur le registre de la comédie. C’est cette deuxième veine qu’exploite avec un certain bonheur José Jernidier, un auteur guadeloupéen, dans Circulez !. L’humour, parce qu’il implique une distance par rapport au sujet, permet d’éviter la lourdeur de tant de textes qui brodent plus ou moins complaisamment sur le fameux malaise. 

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« Le Relais ». Conception et jeu : Patrick Morh

Jeudi 26 janvier 2017 à 20h. Chapiteau Schoelcher.

L’histoire naît d’une rencontre fortuite au milieu de la nuit dans un relais d’autoroute, près d’Yverdon, avec le serveur de la buvette.
Au moment de payer, mon regard tombe par hasard sur un petit badge vert accroché â sa chemise:
Désiré Ouedraogo.
– Vous êtes Mossi ?
– Comment le savez-vous ?
Les mémoires se réveillent et les langues se délient

Depuis sa création en octobre 2005, Le Relais a été joué plus de 100 fois en Suisse, en France, en Pologne, à Cuba, au Burkina-Faso, au Mali et au Liban. Nous avons joué aussi bien dans des théâtres institutionnels que dans des écoles ou sur des places de village.

Le Relais, c’est un voyage entre rire et émotion, dans le plaisir de l’échange et de la rencontre.

Les histoires s’enchaînent et se répondent, passant du récit intime au conte épique. Le spectacle se construit comme un jeu de poupées russes. On fait la connaissance de Roger, le gérant et de Do Kamissa, la femme-buffle ; on apprend comment devenir le mâle dominant d’une troupe de cynopithèques noirs.

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Que les écrivains martiniquais en langue créole s’organisent…

— Par Daniel Boukman —

Lors du GRAND ENTRETIEN du samedi 21 et dimanche 22 janvier 2017, la parole a été donnée à Joseph Jos présenté comme  « homme des lettres [martiniquais] », qui déclare, entre autres, « je crois qu’il y a un génie martiniquais de la littérature. Nous avons eu des prix Renaudot, Goncourt, etc » et qui, à la question de l’interviewer (Peut-on parler d’une école martiniquaise de littérature ?), répond  « Elle [l’école de littérature martiniquaise] devrait se construire ; nous sommes dans une période de création, à l’instar de ce que nous cherchons à faire dans le domaine des arts »).

De ce « génie martiniquais de la littérature » est exclus par omission (volontaire ? inconsciente ?) tout un pan de la littérature martiniquaise écrite en langue créole, tant dans le domaine de la poésie que dans celui du roman, de la nouvelle, du conte, de la chronique, du théâtre voire de l’essai, sans oublier un secteur non moins exemplaire, celui de traductions de la langue française à la langue créole de Martinique.

De la part de Daniel Boukman, à l’attention de Joseph Jos et de ceux, de celles qui ignorent (ou font semblant d’ignorer) l’existence de cette littérature martiniquaise en langue créole, le Manifeste que voici, rédigé en créole martiniquais et traduit en anglais, espagnol et en français, en date du 8 novembre 2008.

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Letzlove-Portrait(s) Foucault. Création Pierre Maillet

— Par Michèle Bigot —

Les portraits, créés par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo BO à la Comédie de Caen sont des créations itinérantes, portées par un ou deux acteurs, parfois accompagnés d’un musicien.
Le portrait dont il s’agit ici est double : c’est à la fois celui de Michel Foucault et celui de Thierry Voeltzel, tels qu’ils se manifestent dans l’action, au cours de la conversation qui se noue entre eux. Thierry Voeltzel, c’est un inconnu rencontré sur la route par M. Foucault. Thierry faisait du stop pour rentrer chez lui en Normandie, M. Foucault le prend à son bord, et la conversation commence. Découverte réciproque, Foucault se montre le plus curieux et le plus attentif des partenaires de l’échange. Une relation amoureuse forte va se nouer rapidement. Thierry c’est pour Michel « Le garçon de vingt ans ». On est en 1975 et ce dernier représente la jeune génération d’après 68. Il parle comme il fait l’amour, sincèrement, librement, finement, avec audace et malice. Bientôt la conversation va prendre une forme plus officielle : celle d’une suite d’entretiens au cours desquels Michel se fait enquêteur et activateur de maïeutique.

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Festival de Bamboula, Bwabwa et Marionnettes : 6ème édition

Du 4 au 11 février à Case-Pilote

Spectacles, Animations, Ateliers, Conférence

Voir le programme ci-dessous.

Inauguration de La Case aux Bwabwa dimanche 29 janvier 2017 de 9h à 13h au Domaine de Tivoli suivi de la 6ème édition du Festival B.B.M. avec :

Fernan Cardama
Co-directeur artistique international du Festival international de marionnettes du Brésil, SESI Bonecos, il a été conseiller international au Festival international de marionnettes, Titerías du Mexique jusqu’à sa dernière édition en 2012. Il a été le créateur et directeur du premier festival de marionnettes adultes d’Espagne.
Son spectacle « Sopa de Estrellas »,inspiré du conte de Marcedes Pérez Sabbi est construit à partir de carton et d’objets qui raconte l’histoire de Blas, enfant travailleur, invisible, le jour de l’inondation de sa ville.
www.fernancardama.com
A partir de 6 ans et famille
Durée : 40mn
Palmero Alberto Soto
Née à Cuba, il réside actuellement à Tlaxcala au Mexique.
Directeur de la compagnie TITIRISOL fondée en 1969, Alberto Palmero, est également directeur du Musée « le Château de la marionnette
». Il a dirigé durant quatre ans consécutifs le projet l’école de la marionnette : «Mirreya Cueto » en plus de promouvoir l’art de la
marionnette, respectivement au Mexique et à Cuba.

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Vivre sa vie de mauvais genre jusqu’au bout

— Par Marina Da Silva —
Au Théâtre du Rond-Point, dans un dispositif qui casse le cadre de la représentation, Claude Degliame incarne la figure d’Aglaé, prostituée depuis toujours, qui regarde sa vie et les spectateurs en face. Troublant et puissant.

Elle nous reçoit comme si on entrait chez elle. Des tabourets clairsemés mais savamment agencés pour créer des espaces d’intimité. Lumières de cabaret. Un bar garni de bouteilles d’alcools forts. Elle est debout, verticale. Nuisette de satin noir qui laisse transparaître son corps fin et mûr comme un fruit gorgé de vie. Bottines sur bas qui moulent des jambes fines. Les cheveux en pétard. Une paire de lunettes décorées d’un palmier et d’un flamand rose recouvrent des yeux que l’on imagine félins, comme le visage. Elle nous salue et se présente. Aglaé. « Je suis fière d’avoir fait ce que je fais ». Oui, elle a toujours été pute. Et elle a aimé çà. Comme on aime la vie tout simplement. Elle a commencé un peu par hasard à douze ans. Avec les copains de ses frères qui lui donnaient des pièces.

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