Jour : 29 juillet 2014

Ce visage de Félix Eboué qu’on ne soupçonne même pas

— Par René Ladouceur —

felix_eboue-400Les Guyanais seront sans doute nombreux à se souvenir de ce mois de juillet 2014 quand, à Cayenne, a été inauguré le boulevard Nelson Mandela, qui plus est en présence de la ministre guyanaise de la Justice Christiane Taubira. Il leur importe davantage de savoir que c’est aussi en un mois de juillet que Félix Eboué, l’icône de leurs rares figures emblématiques, est revenu pour la première fois en Guyane. C’était en 1921, l’année même où son vieil ami René Maran, grâce à Batouala, a obtenu le Prix Goncourt. Sur sa terre natale, Félix Eboué, alors diplômé de l’Ecole coloniale, retournera en 1922, en 1927, en 1931, en 1932, avant de promettre à René Maran d’y revenir également en 1946, en vue des législatives. Le destin, on le sait, en a décidé autrement.

Il reste que, dans sa ferme volonté de ne jamais perdre le fil avec la Guyane, Félix Eboué laisse percer sa vraie nature⋅ L’homme est si peu dans le rythme de sa génération⋅ A l’écart⋅ Original⋅ Différent⋅ Inédit⋅ Paradoxal⋅ Singulier et en même temps classique⋅ Déterminé bien qu’amoureux des chemins de traverse.

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Turquie : les femmes qui rient fort en public manqueraient de décence

— Source AFP —
femme_qui_ritLe vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, a déclenché la polémique en déclarant que les femmes ne doivent pas rire trop fort, et qu’elles ne doivent pas non plus partir en vacances sans leur mari ou pratiquer la pole dance.

« Une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public« , a affirmé le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç, suscitant une polémique mardi en Turquie, un pays musulman, mais laïque qui fête l’Aïd el-Fitr. « L’homme doit être moral, la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l’est pas« , a dit lundi Bulent Arinç influent membre du gouvernement islamoconservateur, dont il est aussi le porte-parole, lors d’un déplacement dans sa circonscription de Bursa (nord-ouest), rapportent les journaux.

Et d’ajouter : « Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit absolument conserver sa décence à tout moment. » Cette petite phrase a provoqué une avalanche de réactions – pour la plupart, indignées – dans les réseaux sociaux où les internautes dénonçaient l’intervention « de plus en plus flagrante » du régime turc dans la sphère privée.

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« Bèlè Kouli » de Suzy Manyri : de l’oxymore dansé

— par Daniele Daude —
bele_kouliLa production de Suzy Manyri interpelle en premier lieu par son titre. Si étymologiquement le terme « kouli » se réfère d’abord au travail journalier c’est bien dans le cadre colonial dont nous sommes aujourd’hui encore les héritiers qu’il prend son essor international(1). A ce terme déjà ambivalent vient s’ajouter ce qu’il convient d’appeler le symbole paradigmatique d’une prise de conscience identitaire martiniquaise : le bèlè. Issues du contexte historique des plantations les danses et musiques bèlè sont intimement liées à l’histoire coloniale de la Martinique⋅ Ainsi elles ne peuvent être exécutées ou lues sans la prise en compte de ce facteur constituant⋅⋅ Ceci posé il se dégage une série de questions quant à l’alliance apparemment improbable entre des contextes, des genres, des styles, des musiques, des chorégraphies, des dramaturgies, des mise-en-scènes, des scénographies ou encore des performances que tout semble éloigner⋅ Le pari de la compagnie Suryakantamani de Suzy Manyri est à cet égard audacieux⋅ Sans rendre compte de « Bèlè Kouli » de façon exhaustive nous proposons de dégager deux axes qui constituent des temps forts de la re-présentation : la dramaturgie et la gestion des groupes dans l’espace scénique.

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Souterrain blues

souterrain_blue— Par Michèle Bigot —

Souterrain blues
Texte de Peter Handke
Mise en scène : Xavier Bazin
Compagnie la Bataille. Festival d’Avignon 2014

Peter Handke, compatriote de T. Bernhard, hérite du Wiener Gruppe son goût de la satire sociale et de l’écriture expérimentale. Il a, entre autres, le génie des titres et cette nouvelle pièce ne le dément pas, que l’on considère le titre lui-même ou le sous-titre : « un drame en vingt stations ». Stations de métro, bien sûr mais aussi stations du Christ dans son chemin de croix. Le drame montre que les deux parcours, la montée au Golgotha comme le trajet en métro sont des chemins de croix, des traversées de l’humanité en souffrance.
L’humour, pour amer qu’il soit ne fait pas défaut à P.Handke et donne au texte une respiration que l’ expression nue de la haine menacerait de lui couper⋅ Le dégoût de l’humanité que le texte exprime est traversé par une immense pitié et par la quête d’une beauté transcendantale⋅
Comme souvent, le drame repose sur l’angoisse engendrée par le monde contemporain, l’incommunicabilité et l’errance de l’être dans le monde comme dans le langage⋅ Mais dans ce texte, l’errance est physique puisqu’elle est portée par un cheminement dans le souterrain du métro⋅ Dans ce voyage sous terre, nous sommes guidés par la voix d’un témoin qui observe les voyageurs et voit en chacun d’eux un type humain représentatif des maux de notre société.

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