Utilisé pour l’agriculture française, le phosphate provoque une catastrophe sanitaire en Tunisie

Un article, rédigé par Elodie Guéguen de la Cellule investigation de Radio France, met en lumière une catastrophe sanitaire et environnementale en Tunisie résultant de l’exploitation du phosphate, principalement dans la région de Gabès.

  1. Contexte géographique et historique : Gabès est une ville portuaire située dans le sud de la Tunisie, près du désert et de la frontière libyenne. Dans les années 1970, le gouvernement tunisien a décidé de faire de Gabès la capitale de l’activité phosphate en raison de sa proximité avec le bassin minier de Gafsa, où le phosphate est extrait. Le phosphate est une ressource naturelle précieuse pour l’économie du pays.
  2. La production de phosphate : Le Groupe chimique tunisien (GCT) traite le phosphate brut à Gabès pour produire de l’acide phosphorique, qui est exporté dans le monde entier. Cependant, ce processus génère d’énormes quantités de déchets appelés « phosphogypse », qui contiennent des métaux lourds naturellement radioactifs. Ces déchets, d’environ 10 000 à 15 000 tonnes par jour, sont déversés directement dans la mer Méditerranée, causant une pollution majeure.
  3. Impact sur l’environnement : Les rejets de phosphogypse ont créé un paysage apocalyptique près du complexe chimique de Gabès, avec des plages couvertes de ces déchets et une mer fortement polluée. La faune marine, y compris les tortues, est touchée, bien que les liens directs entre la pollution et la mort des animaux ne soient pas toujours établis.
  4. Impact sur la santé : Les habitants de Gabès souffrent de problèmes de santé graves, notamment des cancers, des fausses couches, des malformations, des problèmes respiratoires, et même des cas de décès chez des enfants après une fuite de gaz provenant de l’usine. La pollution de l’air est fréquente, et de nombreux habitants attribuent leurs problèmes de santé à l’activité chimique dans la région.
  5. Exportations en France : L’engrais phosphaté produit à Gabès, notamment le DAP 18-46, est exporté en France et largement utilisé dans l’agriculture. L’entreprise française Roullier, via sa filiale Phosphea, a des usines à Gabès et achète de l’acide phosphorique au GCT pour fabriquer des compléments alimentaires destinés à l’élevage.
  6. Réponse des autorités françaises : Les autorités françaises sont informées des problèmes environnementaux et de santé en Tunisie dus à l’exploitation du phosphate, mais n’ont pas condamné le groupe Roullier ni pris de mesures significatives pour résoudre la situation.
  7. Réaction locale et internationale : La population de Gabès exprime sa colère face à cette situation, tandis que le président tunisien envisage d’accroître l’extraction et la transformation du minerai pour répondre aux besoins du pays en crise. L’Union européenne a alloué des fonds pour étudier l’impact de la pollution dans le golfe de Gabès, mais des mesures concrètes restent à prendre.

En résumé, l’article détaille les conséquences graves de l’exploitation du phosphate à Gabès en Tunisie, à la fois sur l’environnement, la santé des habitants et l’industrie agricole française, mettant en lumière la nécessité d’agir pour résoudre cette catastrophe sanitaire et environnementale.

Source : Article rédigé par Elodie Guéguen, Cellule investigation de Radio France.

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