Une soirée rencontre de l’UFM autour du livre « Moi, ma vie, ma chatte » d’Isabelle Dailly riche en émotion

— Compte-rendu de l’UFM —

Le théâtre Aimé Césaire était trop petit ce mercredi 31 mars pour accueillir toutes et ceux venu.es partager, avec l’UFM et Isabelle Dailly, ce moment de parole vraie.

L’UFM, organisatrice de la soirée, a rappelé par sa présidente pourquoi très tôt, le corps des femmes a été placé au cœur des combats féministes.

Alors qu’il semble être le lieu de l’intime et du personnel, le corps est en fait bien un objet social, à la frontière entre l’individu et la société.et ses représentations culturelles. Celles-ci ne sont pas neutres, et dans la plupart des sociétés contemporaines, le contrôle du corps s’exerce au premier chef sur les femmes. Celles-ci sont surexposées à la contrainte sociale, en raison d’une assignation au genre plus marquée.

Le corps des femmes est donc un enjeu de pouvoir, de domination, d’aliénation et la bataille pour sa libération fait partie des luttes des femmes pour leur émancipation.

Un livre parti de son vécu

Le livre d’isabelle Dailly « Moi, ma vie, ma chatte » est parti de son propre vécu de la maltraitance de la société lors d’un évènement de sa vie.

A travers 20 témoignages, elle balaie tous les moments importants de la vie des femmes qui touchent leur corps dans leur intimité : règles, maternité, contraception, IVG, désir ou non d’enfant, pathologies gynécologiques, sexualité, ménopause. Le tout raconté par des femmes, et quelques hommes.

Une soirée annoncée de partage bienveillant. Et elle le fut !

L’échange fut mené à partir d’extraits du livre choisis au hasard. Ces témoignages de vécu de femmes sur leur vie intime a suscité des paroles des participantes : le tabou (« je n’ai jamais été préparée à la venue de mes règles », « la seule chose qui m’a été dite est que désormais je ne devais plus m’approcher des garçons »), des souffrances jamais ou si peu exprimées auparavant (« c’est la première fois que j’ose parler de la perte de mes enfants », « il a fallu 10 ans de douleurs atroces avant qu’on diagnostique mon endométriose »), des colères (les assignations à la maternité, les propos maladroits ou agressifs des médecins pour une « fausse couche »), des émotions (« je me retrouve dans ce que vous venez de dire »)… des rires aussi pour désacraliser des moments difficiles (« ma mère nous a confié il y a peu que si elle avait eu accès à la contraception, plusieurs d’entre nous ne seraient pas là.. »), ou des soulagements (« la ménopause, quelle délivrance, quelle liberté sexuelle malgré quelques désagréments ! »). La dizaine d’hommes présents ont écouté avec beaucoup d’attention, 2 se sont exprimés pour dire leur solidarité.

Et une constante : la décision de sortir de ce silence, du tabou, d’une vision négative de son corps. Privilégier le dialogue très tôt avec les filles (et les fils), pour ne plus avoir honte, pouvoir parler de façon naturelle de ce qui fait le corps des femmes, et grâce à cela développer la confiance et l’estime de soi. Celle aussi de partager avec les hommes pour qu’ils comprennent …

L’envie était forte que l’UFM poursuive ses initiatives pour libérer la parole des femmes, en toute solidarité, sur d’autres aspects du diktat de la société sur la vie des femmes chez nous, en insistant sur nos spécificités de domination culturelle, sexuelle et de santé.

Il s’agit d’approfondir la dynamique de libération de la parole et d’en terminer avec les diktats sociaux pour faire advenir une conception enfin positive, apaisée, de la corporéité féminine.

Combat difficile, au long court, mais promis à de belles victoires !