Une sélection d’opéras et de spectacles de danse en ligne

Rossi, Verdi, Shechter, Noureev… De nombreuses propositions sont accessibles sur une variété de plates-formes.

— Par Marie-Aude Roux(opéra) et Rosita Boisseau(danse) —

« Il Palazzo incantato », de Luigi Rossi

Une merveille que cet opéra romain, jamais revu sur scène depuis sa création en février 1642. L’aboutissement d’un rêve caressé depuis vingt ans pour le claveciniste et chef d’orchestre argentin Leonardo Garcia Alarcon, après qu’il l’a découvert par hasard dans la bibliothèque du Vatican. Fleuron de l’opéra de cour, Il Palazzo incantato est, musicalement, d’une munificence absolue. L’homogénéité de la distribution vocale, ainsi que l’aura qui enveloppe choristes et musiciens sous la direction flamboyante, sensuelle et raffinée de leur chef rendent à la musique de Rossi son éclat et son insigne originalité. Première immersion dans l’art lyrique pour le metteur en scène belge Fabrice Murgia, qui signe un travail remarquable d’intelligence et puissamment poétique.

« Il Palazzo incantato », de Luigi Rossi. Fabrice Murgia (mise en scène), Leonardo Garcia Alarcon (direction). Opéra de Dijon. Disponible gratuitement en replay jusqu’au 31 décembre sur Opera-dijon.fr.

« La Traviata », de Giuseppe Verdi

Elle en a fait couler des rivières de commentaires sur les réseaux sociaux, cette Traviata 2.0 présentée en septembre 2019 à l’Opéra Bastille, qui voyait les débuts de Pretty Yende en Violetta et sacrait l’Alfredo superlatif de Benjamin Bernheim sous l’œil paternel de Ludovic Tézier. Résolument ancré dans notre monde virtuel, le drame mis en scène par Simon Stone démultipliait les facettes d’un miroir aux alouettes numérique pour mieux cerner cette part d’humanité que révèlent la maladie et la mort sous la battue virtuose de Michele Mariotti.

« La Traviata », de Giuseppe Verdi. Simon Stone (mise en scène), Michele Mariotti (direction). Opéra Garnier, Paris 9e. Disponible durant 30 jours en streaming à partir du 17 décembre sur Chezsoi.operadeparis.fr. 7,90 €.

« La Veuve joyeuse », de Franz Lehar

La pandémie n’aura pas réussi à détrôner l’inoxydable chef-d’œuvre de Franz Lehar, hôte incontournable des fêtes de fin d’année. C’est ainsi que les scènes lyriques d’Avignon et de Saint-Etienne festoieront avec cette grande page de l’opérette viennoise, qui voit l’héroïne, Missia Palmieri, veuve à millions, se faire recourtiser par son amour de jeunesse malheureux, le prince Danilo. Les aléas de la vie ont remis leurs cœurs meurtris en présence. Valse-hésitation. Pourront-ils désormais s’aimer sans souffrance ? D’une valse à l’autre, de tendresse refoulée en persiflages coquets, l’irrésistible élan de cette musique chantilly monte au cœur et le grise.

« La Veuve joyeuse », de Franz Lehar. Fanny Gioria (mise en scène), Benjamin Pionnier (direction). Opéra-Théâtre du Grand Avignon. Disponible gratuitement en streaming à partir du 31 décembre et durant 15 jours sur Operagrandavignon.fr.

« La Bohème », de Giacomo Puccini

Angélique Boudeville en Mimi, Enea Scala en Rodolfo : la scène marseillaise offre à deux jeunes chanteurs l’occasion d’interpréter ces rôles mythiques pour la première fois de leur carrière. L’histoire du poète sans le sou et de la grisette tuberculeuse, adaptation des Scènes de la vie de bohème, d’Henry Murger, ne manquera pas d’émouvoir tant la musique de Puccini a su aviver les états d’âme les plus contrastés de ses personnages, hissant son héroïne au statut de symbole, victime de la pauvreté et de la cruauté sociale. Leo Nucci n’ayant pu plier sa mise en scène aux exigences sanitaires du Covid-19, c’est Louis Désiré qui a repris le flambeau.

« La Bohème », de Puccini. Louis Désiré (mise en scène), Paolo Arrivabeni (direction). Opéra de Marseille. Mis en ligne sur Marseille.frOpera.marseille.frOdeon.marseille.fr et sur la chaîne YouTube de l’Opéra de Marseille.

« Hansel et Gretel », d’Engelbert Humperdinck

Tiré du fameux conte des frères Grimm, l’opéra d’Humperdinck, figure obligée du spectacle tous publics outre-Rhin, met en scène deux enfants pauvres à l’épreuve de l’adversité. Envoyés par leur mère dans la forêt pour cueillir des baies, ils sont confrontés à un monde étrange et hostile – dont une très gourmande sorcière dévoreuse d’enfants… Emule de Wagner, le compositeur allemand crée une musique poétique et raffinée, dont la baguette inspirée de Marko Letonja saura rendre l’enchantement, de même que les voix juvéniles d’Anaïk Morel et d’Elisabeth Boudreault, dans une nouvelle production confiée à Pierre-Emmanuel Rousseau.

« Hansel et Gretel », d’Engelbert Humperdinck. Pierre-Emmanuel Rousseau (mise en scène), Marko Letonja (direction). Opéra national du Rhin, Strasbourg. Visible gratuitement en streaming à partir du 30 décembre sur la plate-forme Operanationaldurhin.eu.

« Political Mother Unplugged », d’Hofesh Shechter

Filer la chair de poule est le moins que l’on puisse attendre d’un spectacle du chorégraphe Hofesh Shechter. Depuis ses premières pièces présentées en 2009 en France, cet artiste israélien basé à Londres ne cesse de faire grimper le curseur d’une danse tribale qui met le feu au plateau. Il est de retour avec une nouvelle version de Political Mother, créé en 2010 et toujours très demandé par les diffuseurs, qu’il a rebaptisé Political Mother Unplugged, car entièrement reconstruit. Joué live à sa création, il est désormais interprété sur une musique enregistrée. Parallèlement, un habillage vidéo inédit lui donne une autre couleur. Ce sont les dix jeunes interprètes de la compagnie junior Shechter II qui s’emparent de cette version, plus « rock’n’roll ».

« Political Mother Unplugged », d’Hofesh Shechter. En direct du Théâtre des Abbesses (Paris 18e). Sur www.theatredelaville-paris.com et Facebook Live, le 26 décembre à 16 heures, le 29 décembre à 21 heures, le 2 janvier à 11 heures et le 3 janvier à 22 heures.

Chaillot sur un plateau

Avoir à portée de main une bibliothèque de films de danse comme celle proposée par Chaillot-Théâtre national de la danse, c’est une bénédiction pour les fêtes. Avec #Chaillotchezvous, on peut surfer sur des intégrales de spectacles comme le fabuleux Decadance, du chorégraphe israélien Ohad Naharin, l’historique Opal Loop, de Trisha Brown, l’épatant Danzaora, de Rocio Molina, ou encore l’envoûtant Mirror and Music, de Saburo Teshigawara. Une sélection au petit poil.

#Chaillotchezvous, Théâtre national de Chaillot. Libre accès.

« La Bayadère », de Rudolf Noureev

Filmé et retransmis en direct sur la nouvelle plate-forme de l’Opéra national de Paris, La Bayadère, mis en scène par Rudolf Noureev, dont le visionnage devait se terminer le 20 décembre, s’offre une rallonge pour les fêtes. On pourra donc profiter de ce mirifique ballet qui raconte l’histoire du guerrier Solor, amoureux de la bayadère Nikiya, alors qu’il est promis à la fille du raja. Avec son temple indien, ses vestales, son idole dorée jusqu’au bout des cils – c’est dans ce rôle que Paul Marque a été nommé danseur étoile de la troupe – et ses esclaves aux grands couteaux, La Bayadère est unique en son genre. Sur la musique de Minkus, le tableau « Le Royaume des ombres », dansé uniquement par le corps de ballet féminin, emporte à chaque fois. On y retourne donc et plutôt deux fois qu’une.

« La Bayadère », de Rudolf Noureev. Sur Chezsoi.operadeparis.fr (via Operadeparis.fr). 11,90 €.

 

Source :LeMonde.fr

Voir aussi : UN SHOOT DE CULTURE EN DIRECT DU SALON