« Une minute quarante-neuf secondes » : la tuerie de Charlie Hebdo par Riss

— Par Marie-Laure Delorme —

Une minute quarante-neuf secondes raconte une histoire collective et son atomisation instantanée ultraviolente. C’est le récit intime et raisonné d’un événement tombé dans le domaine public : l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
À travers le solitaire trajet de l’impossible retour à l’impossible normale, Riss tente de se réapproprier son propre destin, de réhabiter une vie brutalement dépeuplée, et apprivoise l’inconfortable légitimité du rescapé qui se soustrait à sa stricte condition de victime, le choc impensable du massacre idéologique, le scandale d’une rééducation qui mêle douleur, perte, deuil, révolte et rage.
“Il est impossible d’écrire quoi que ce soit” : ce sont les premiers mots de ce livre, magistralement démentis, avec une probité et un courage intellectuel rares. “Comment être à la hauteur de ce qui nous est arrivé ?” : c’est l’insoluble obsession qui accompagne jour après jour son auteur. Question qui nous engage, nous autres lecteurs à qui, aussi, en un sens, Charlie Hebdo est arrivé.

La presse en parle :

Alain Jean-Robert, AFP
« « Il est impossible d’écrire », soutient Riss car « on ne transmet pas une désagrégation ». Pourtant, avec abnégation, beaucoup de courage et une écriture magistrale, Riss parvient à démentir cette affirmation trop péremptoire. »

Anne Fulda, Le Figaro
« Dans Une minute quarante-neuf secondes, un livre tendre et rageur, Riss écrit le récit d’un chaos. »

Etienne Gernelle, France Inter
« Une minute quarante-neuf secondes de Riss : le livre politique le plus important de la rentrée […] C’est un livre politique très fort. Mais il faut commencer par dire que c’est un livre bouleversant. »

Augustin Trapenard, France Inter
« Livre événement […] Témoignage incisif et glaçant sur l’avant, le pendant et l’après d’un acte de barbarie qui a changé nos vies à toutes et tous […] Un livre très important. »

Etienne Gernelle et Christophe Ono-dit-Biot, Le Point
« Quand un livre vous a-t-il fait pleurer pour la dernière fois ? Nous, c’est lorsqu’on a lu Une minute quarante-neuf secondes, signé Riss. […] Un récit rageur et tendre, un brûlot politique à lire comme un manuel de liberté […] Un cheminement philosophie et intime. Mais Une minute quarante-neuf secondes est aussi – beaucoup – un livre de combat contre les assassins et ceux qui recherchent l’apaisement dans la lâcheté. »

Riss sur l’attentat à Charlie Hebdo : « On ne rebâtit rien après la mort »
— Par Marie-Laure Delorme —-
Quand on est en colère, on n’est pas mort. Il a dû changer de chemise blanche pour se prêter à l’exercice de la photo. Il s’était légèrement blessé à la main et avait laissé une tache de sang sur la chemise. Il est assis au bout d’une grande table. La nouvelle chemise blanche, immaculée et repassée, ne lui ressemble pas tant elle est impeccable. L’autre, avec la tache de sang, non plus. Riss dit : « La mort était là, le sens est venu après. J’ai convoqué toute mon existence pour tenter de supporter ce qui nous était arrivé. »

Quand on est en colère, on n’est pas mort. Il a dû changer de chemise blanche pour se prêter à l’exercice de la photo. Il s’était légèrement blessé à la main et avait laissé une tache de sang sur la chemise. Il est assis au bout d’une grande table. La nouvelle chemise blanche, immaculée et repassée, ne lui ressemble pas tant elle est impeccable. L’autre, avec la tache de sang, non plus. Riss dit : « La mort était là, le sens est venu après. J’ai convoqué toute mon existence pour tenter de supporter ce qui nous était arrivé. »

Lire aussi – Riss : « Charlie a toujours été un journal de combat »

Le sens de la vie est celui de la mort. On prend conscience de la fuite du temps, puis on finit par accepter l’idée de la finitude. Son histoire est tout autre. Le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo s’est retrouvé, à l’âge de 48 ans, cerné par la disparition brutale de ses proches. L’attaque terroriste contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 a scindé sa vie en deux en une minute quarante-neuf secondes.

Riss ne raconte pas une reconstruction

L’homme vaillant s’est mis à habiter un monde dépeuplé et dépendant semblable à celui de l’homme vieux. Ses amis morts, son épaule en miettes, sa protection rapprochée. Riss se retrouve de part et d’autre du cratère. « Je suis écartelé entre ce qui reste de vivant dans ma vie et ce qui a disparu de ma vie. J’ai la chance d’être toujours là. » Il est 15h30. Le ciel d’un bleu laiteux cogne aux fenêtres depuis le début de l’après-midi. Ce ciel, il le voit…

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[Actes Sud] Littérature

Hors collection
Octobre 2019 / 11,5 x 21,7 / 320 pages
Coédition Les Editions Rotative
ISBN 978-2-330-12716-9
prix indicatif : 21, 00€