« Une âme d’ânée… », « Poétique Polémique vs Politique » & « Décolonialisme » par Patrick Mathelié-Guinlet

Une âme d’ânée…

Je suis une tête de mule,
résistant qui fait des émules
mais le grand nombre des années
pèse sur moi comme une ânée !

Si l’âne, ce pauvre animal,
non content d’être un exploité,
est injustement méprisé
alors qu’il ne fait aucun mal,

chargé de tous maux de la terre
et voué comme une âme damnée
depuis sa naissance à l’enfer,
on n’a jamais pu lui ôter

sa faculté à résister…
Aussi, n’ayant jamais cessé
de considérer comme un frère
cet autre damné de la terre,

je persiste à me rebeller
et à ne point me laisser faire
par les champions de l’oppression,
de la carotte et du bâton !

À la mémoire de Cadichon*
j’ai voulu écrire ces vers
pour qu’on cesse d’être sévère
avec cet âne doux et bon…

* l’âne intelligent, héros des “Mémoires d’un âne” de la comtesse de Ségur.

Poétique Polémique vs Politique

Les politiciens du système,
dans plein d’affaires corrompus,
entraînent les populations
d’déceptions en désillusions
par leurs promesses non tenues
car avec eux c’est “marche ou crève”
et le capitalisme pue !

Quant à ces faiseurs de poèmes
qui fabriquent de jolis rêves,
ils donnent des raisons de vivre
au peuple qui, du coup, les aime
comme un bon vin qui vous enivre !

C’est pourquoi ils ne sont pas tendres
et ne pourront jamais s’entendre
avec ceux qui n’ont pas de cœur
et ils fustigent sans arrêt
dans les rimes de leurs pamphlets
tous ces satanés exploiteurs
des crédulités ou des peurs
sur lesquelles ils ont pu asseoir
et légitimer leur pouvoir…

Quand mauvaise est la politique
faite par des incompétents,
c’est alors qu’est venu le temps
d’une poésie polémique !

Décolonialisme

Si tout à coup nos îles
comme de grands radeaux
pouvaient flotter sur l’eau,
faisant fi des périls

et larguant leurs amarres,
partir à la dérive,
voguant vers d’autres rives…
Elles se sentent mal

car elles en ont marre
de l’isthme colonial
qui les tient prisonnières
d’au-delà de la mer…

Savoir perdre le nord
pour naviguer plein sud
et changer d’attitude
pour une vie plus rude,

ça n’est pas si facile…
Il faut se montrer fort
en ayant simplement
un très bon capitaine
qui vous mène sans peine,
poussés par le bon vent,
vers d’autres latitudes
et d’autres habitudes…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET