Un plan Marshall pour la Martinique  

3 questions à… Jean-Pierre Maurice, auteur, chroniqueur lanceur d’alerte martiniquais

Le chroniqueur martiniquais Jean-Pierre MAURICE vient de lancer un appel intitulé « Allez Martinique » invitant État, responsables administratifs et élus locaux, acteurs économiques et citoyens de l’île à un sursaut démocratique au bénéfice des populations. Plan Marshall, jouer collectif, combattre les abus : il explique ici sa démarche.

Avec cet appel, êtes vous pessimiste ou optimiste au sujet de l’avenir de la Martinique ?

Sans doute ni l’un ni l’autre : ni pessimiste, ni optimiste. Je dirais plutôt que je suis lucide. Lucide face aux enjeux qui nous attendent et aux handicaps, aux obstacles même, qui menacent notre marche vers le progrès.

Pourquoi cet appel « Allez Martinique » ?

Il y a deux raisons principales : la première, c’est que le pire est devant nous et que, habitués au fameux « débrouilla pa péché » hérité de l’époque d’esclavage de notre histoire, nous ne le voyons pas, chacun espérant toujours s’en sortir, tel le Compè Lapin des contes des Antilles.

La deuxième raison est que les solutions proposées sont bien souvent davantage empreintes d’émotion que de raison. Dans un contexte où, plus que des mots, il nous faudrait d’abord un pays qui marche et la satisfaction des besoins essentiels de nos populations, tout cela dans la recherche républicaine d’une meilleure justice sociale.

Quels sont ces obstacles et quelles solutions permettraient-elles de sortir de la crise ?

Les obstacles sont principalement le manque d’éthique de la part de certains acteurs et des croyances et pratiques disons « traditionnelles » assez répandues.

Les solutions ? Jouer collectif, combattre les abus. Et sûrement pas les initiatives individuelles de tel ou tel entrepreneur prêt à tout pour réussir, bien qu’elles soient nécessaires.

Je vois plutôt, à l’image de ce qui a été fait aux États-Unis après la deuxième guerre mondiale, une sorte de plan Marshall, seule issue pour le redressement de notre île : il y a tant à faire.

Mais il nous faudra aussi tourner le dos aux idées simplistes. Nous ne sommes plus à l’âge de l’enfant rebelle, désirant tout et s’offusquant de tout. Il nous faut maintenant regarder à la solidité des idées.

 Car, ici comme ailleurs, l’homme est un loup pour l’homme, et dans cette affaire, être « Martiniquais » ne suffira pas à faire le bonheur de nos populations.

Martinique, mai 2024