Un petit tour du côté des animaux

France Antilles Junior : Le journal du mercredi s’adresse cette semaine aux plus jeunes, en leur posant la question :  « Pourquoi les animaux sont-ils de précieux compagnons ? ». En réponse, il leur est proposé de découvrir les super-pouvoirs de ces animaux qui nous sauvent, ou qui nous soignent. Mais rien n’interdit aux adultes de regarder l’émission ! En compagnie ou non d’enfants, ou de petits-enfants.

Avoir un animal de compagnie, c’est bon pour la santé ! Cela permet de se sentir moins seul et d’être plus heureux. Car un animal apporte beaucoup d’affection et égaie le quotidien.

Les animaux ont toujours été utilisés par les humains pour les aider à accomplir différentes tâches : se déplacer, se défendre, travailler la terre, détecter des substances interdites ou des explosifs… Aujourd’hui encore, les animaux sont de précieux alliés pour garantir notre sécurité et améliorer notre santé. Les chiens par exemple, jouent un rôle très important lors des opérations de sauvetage. Il existe aussi des chiens d’assistance qui guident les personnes aveugles ou malentendantes, tandis que d’autres sont capables de détecter des maladies.

En regardant Le Monde de Jamy – Ces animaux qui nous font du bien, une émission disponible en replay jusqu’au 27 mai 2020 sur le site internet de France-Télévisions, tu découvriras comment on utilise les chiens, et même les chevaux, pour nous soigner. Jamy et Églantine ont rencontré des animaux exceptionnels. Pendant un an, ils ont suivi la formation de Nook, un chien d’avalanche, et de Mezzo, un chien guide d’aveugle. L’armée fait aussi appel aux chiens : Lioda, un malinois, intervient sur les zones de guerre. D’autres chiens interviennent à l’hôpital, comme Medley, caniche formé pour détecter les crises de son maître diabétique. En Lozère (dans le sud de la France), ce sont les chevaux qui accompagnent des malades lors de soins. Olga, par exemple, est une jument utilisée pour de la rééducation.

Pour regarder Le Monde de Jamy — Ces animaux qui nous font du bien, clique ici.

Pour regarder, jusqu’au 27 mai seulement, Le Monde de Jamy — Ces animaux qui nous font du bien, clique ici.

Le Journal du CNRS : Dans un article instructif, intitulé « Les virus sont une des forces majeures qui façonnent la biosphère », Philippe Testard-Vaillant s’entretient avec l’écologue Franck Courchamp, Voici sélectionnés des extraits, pris aux réponses de Franck Courchamp, et qui mettent en lumière nos rapports aux animaux, qu’ils soient organisés de façon bénéfique ou néfaste, que les animaux soient sauvages ou domestiques.

https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-virus-sont-une-des-forces-majeures-qui-faconnent-la-biosphere

Franck Courchamp : L’omniprésence du parasitisme (la relation entre deux êtres vivants dont l’un vit aux dépens de l’autre), de même que son impact sur les populations animales et végétales, les espèces et les écosystèmes, a longtemps été sous-estimée par les chercheurs en écologie. Il faut dire qu’un lion qui dévore une antilope, ça se voit, tandis que les parasites de cette antilope, et leurs effets, sont souvent invisibles (le lion tue souvent l’antilope avant que sa maladie ne soit facilement observable).

À la fin du siècle dernier, les épidémies animales comme la peste bovine qui avait affecté les continents eurasiatique et africain depuis le XVIIIe siècle, ont constitué un objet d’étude actif. Mais, en général, on mettait davantage l’accent sur les forces écologiques et évolutives plus évidentes comme la prédation et la compétition, alors qu’à chaque espèce est associé un cortège de parasites, internes comme externes, macroscopiques comme microscopiques(…)

Depuis les années 1980, les apparitions de virus émergents ou ré-émergents très pathogènes, à potentiel élevé de pandémie et provenant pour la plupart d’animaux domestiques ou sauvages, se multiplient. Et il y a tout à parier que ces tempêtes microbiennes se répéteront tant que nous n’en tirerons pas les leçons.(…)

Le principal facteur expliquant la fréquence élevée d’épisodes infectieux au cours des dernières décennies est la crise de la biodiversité. La destruction des forêts tropicales et la surexploitation des animaux qui y vivent favorisent la dissémination des virus en rapprochant la faune sauvage des animaux domestiques et, directement ou indirectement, des humains. En particulier, la consommation et le trafic de viande de brousse (6 millions de tonnes par an pour l’Amazonie et le bassin du Congo), tout en vidant les forêts d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, mettent en contact hommes et espèces sauvages, ce qui augmente les probabilités de passage des microorganismes d’une espèce à l’autre. (…)

Confiner un maximum d’animaux de fermes génétiquement semblables dans un minimum d’espace, qui plus est à proximité d’espèces sauvages porteuses de virus, fournit un cadre idéal aux pathogènes pour infecter d’autres espèces. Quand un virus s’introduit dans une installation de ce type, c’est buffet gratuit pour lui. Plus rien ne l’arrête.

Philippe Testard-Vaillant : Que répondre à ceux qui suggèreraient, comme cela a été entendu dans plusieurs pays, d’éliminer tous les animaux sauvages qui servent de réservoirs à des virus ? 

Franck Courchamp :  Que cette idée est tout à la fois immorale, naïve et contre-productive. L’homme ne dispose d’aucun droit pour exterminer des espèces vivantes façonnées par des millions d’années d’évolution. Surtout, même si nous avons l’impression d’être autosuffisants dans nos villes toutes de béton, de verre et de plastique, nous avons besoin de la biodiversité pas seulement pour faire des câlins aux arbres ou parce qu’on aime les petits papillons, mais parce que la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes constitue le « tissu vivant » de notre planète et nous apporte des ressources, des services, ainsi qu’un rempart efficace contre l’explosion de « hordes » microbiennes pathogènes.

Affecter encore plus la biodiversité pourrait donc avoir l’effet inverse, en déclenchant des conséquences que nous ne maîtrisons pas. Soutenir le contraire est un non-sens. C’est un peu comme si on décidait de supprimer tous les tigres au prétexte qu’un inconscient, dans un zoo, s’est fait mordre par un de ces fauves après l’avoir agacé avec un bâton !

P.T-V. : Le confinement d’une partie de l’humanité a permis à des cerfs, des chèvres, des sangliers, des paons…, de déambuler dans les rues des grandes villes. De quoi nous inciter à réfléchir sur notre relation aux animaux ?

F.C. : Ces visiteurs peu farouches n’ont pas découvert un univers qu’ils ignoraient et qui les ignorait, ils se sont aventurés dans un espace pris par nos activités sur une partie de leur aire de distribution naturelle et qui leur a semblé temporairement assez calme pour être exploré. Cela devrait nous rappeler que l’extension des structures anthropiques (villes, champs, réseaux de transport…) grignote peu à peu les habitats naturels et l’espace disponible pour la biodiversité. Pour autant, la biodiversité est parfois étonnamment abondante dans les villes. Simplement, en temps normal, on ne la voit pas.

P.T-V. : Quels remèdes environnementaux faudrait-il appliquer pour prévenir de nouvelles épidémies ? 

F.C. : Idéalement, il faudrait contrôler la déforestation, mieux encadrer les élevages industriels et l’exploitation des animaux sauvages, privilégier une alimentation d’origine végétale et intensifier la recherche sur la biodiversité afin d’appréhender plus finement ces dimensions épidémiologiques. 75 % à 95 % du système vivant planétaire n’est toujours pas répertorié. On ignore encore pratiquement tout des bactéries, des protozoaires, des champignons et des virus. Mieux connaître ces derniers, leurs hôtes et leurs interactions, permettrait de mieux prévenir les risques qui pourraient leur être associés.

P.T-V. : Votre état d’esprit présent ?

F.C. : Je suis d’un naturel optimiste mais en ce moment, j’ai de plus en plus de mal à le rester. La crise sanitaire que nous affrontons et la crise environnementale qui la sous-tend ne peuvent se résoudre qu’au niveau global, et collectivement. Sur un bateau qui coule, si certains se ruent sur les réserves pour se goinfrer pendant que d’autres écopent, la situation ne peut qu’empirer. Il serait temps que les gouvernements comprennent, comme l’ont compris les écologues, que si la compétition est une force importante, la coopération l’est au moins autant, si ce n’est plus.

Franck Courchamp, est Directeur de recherche CNRS au laboratoire Écologie, systématique et évolution (ESE – CNRS/AgroParistech).

Philippe Testard-Vaillant, journaliste, vit et travaille dans le Sud-Est de la France. Il est également auteur et coauteur de plusieurs ouvrages, dont Le Guide du Paris savant (éd. Belin), et Mon corps, la première merveille du monde (éd. JC Lattès).