Un paysan adepte du Poub’Art

— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Ecrivain
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Arthur Vanabelle, adepte du « Poub’art », nous quittait, le mardi 2 septembre 2014, à l’âge de 91 ans …C’était un paysan qui faisait du beurre et des canons…Quand il n’ était pas au champ ou à l’étable, il fabriquait du matériel de guerre.
Sa ferme sise à Steenwerck (arrondissement de Dunkerque) faisait figure de salon d’armement terrestre et aéroterrestre, mais en pleine campagne…
L’histoire de ce fabriquant d’armes commence il y plus de trente ans, quand il décide de remplacer sa girouette de service, inopérante face aux grands vents qui balayent les pays du nord, par un petit avion. Cet appareil servira plus tard de reconnaissance à une petite escadrille d’une trentaine d’avions de type mirage et jaguar de 1m à 1,50 m de long. Ces derniers seront suivis d’une autre vague plus imposante de bombardiers et d’hélicoptères.
Le survol de ses bâtiments par ce groupe d’aéronefs sera le point de départ d’une véritable mise en scène inspirée des meilleurs stratèges militaires. Comme pour se protéger d’un hypothétique bombardement, il installera une batterie de six canons ainsi qu’une fusée pointés vers les « zincs »…Le tout, sur la surveillance d’un radar vigilant.
FABRIQUANT D’ARMES EN PLEINE CAMPAGNE
L’originalité de cet armement, c’est qu’il a été conçu avec des objets les plus hétéroclites. En l’occurrence, des bidons de lessive, des roues de bicyclette, des boîtes de conserve, des enjoliveurs de voitures, des lessiveuses… »Je fouille dans tous les dépôts et les stocks de la région », confiait ce Dassault du cru.
N’étant astreint à aucun délai de livraison, ni à aucune vente; la construction de ces engins de guerre était variable. Cela allait de deux jours à deux mois pour un avion par exemple; « je l’équipe petit à petit », expliquait-t-il. Comme les flamands qui manifestent un goût pour leurs demeures bariolées et soigneusement entretenues, Arthur Vanabelle, en adepte du « poub’art » (mariage du contenu de poubelle et de l’art), utilisait en guise de camouflage pour son armement, les couleurs les plus voyantes de l’arc-en-ciel, les plus « flashies ».
Pour compléter sa panoplie notre paysan avait installé dans sa cour, à la place du vieux tas de fumier, son premier tank, qu’il voyait comme  le prélude à une futur division blindée.
Tout un matériel fait de bric et de broc; et visible à cent lieues à la ronde. Si toutes les armées du monde étaient équipées de la sorte; la guerre serait une vraie partie de plaisir. D’ailleurs, n’est-elle pas une chose trop grave pour être confiée qu’à des militaires…
Max Pierre-Fanfan
Journaliste/Réalisateur
Ecrivain
Max Pierre-Fanfan
Journaliste/Réalisateur