Étiquette : Splendid’s

L’irrésistible attrait de l’amour et de la mort

— Par Marie-José Sirach —

Arthur Nauzyciel met en scène Splendid’s, une pièce de Jean Genet publiée après sa mort en 1993. Une œuvre toujours aussi sulfureuse, une pièce d’actualité qui traite de l’homosexualité sans fard.

C’est par la projection d’Un chant d’amour que le spectacle commence. Une œuvre en noir et blanc filmée au plus près des corps et des visages, où le grain de la peau des hommes se confond avec celui de la pellicule. Deux prisonniers dans leur cellule tournent en rond. À travers la paroi qui les sépare, on assiste à un étrange ballet des corps où le désir, la pulsion sexuelle suintent par tous les pores de la peau. Ils se hèlent, se séduisent, s’ignorent, se caressent, s’enlacent. Une danse de l’amour funèbre et virtuelle nimbée de flash-back, à moins que tout soit rêvé, où les deux hommes courent et s’aiment éperdument dans une forêt trouée d’éclaircies solaires. Derrière la porte de leur cellule, le maton, que la vision des corps des deux hommes excite, observe derrière le judas. C’est sous la menace d’une arme qu’il obligera l’un d’eux à lui faire une fellation.

→   Lire Plus

« Splendid’s » de Jean Genet, M.E.S Arthur Nauziciel

— Par Michèle Bigot —
splendid_sSpectacle créé en janvier 2015 au CDN d’Orléans,
En tournée à Marseille, la Criée du 3 au 5/12/2015
Présenté à Paris, La Colline du 17 au 26 mars 2016

Arthur Nauziciel nous propose un texte de J.Genet, écrit entre 1944 et 1948, et renié ensuite. C’est une époque où il faisait régulièrement des séjours en prison, avant de bénéficier de la grâce présidentielle. Ce texte mystérieux se présente comme une cérémonie d’adieu à l’univers des gangsters sublimes ; A. Nauziciel a eu une idée lumineuse, celle de faire précéder la pièce d’un film tourné par Genet lui-même, Un chant d’amour(1950), qui est le pendant cinématographique de cette pièce, en ce qu’il constitue aussi un hymne au prisonnier, au voleur, à l’assassin, l’eidos du hors la loi, dans toute la poésie, la sensualité et l’érotisme de son corps magnifié. Tourné en noir et blanc, considéré à l’époque comme touchant à la pornographie, le film s’est heurté de plein fouet à la critique et s’est distribué sous le manteau. Le film, quoique muet, obéit aux codes du théâtre, fermement bordé par le cadre des trois unités de lieu, d’action et de temps.

→   Lire Plus