Étiquette : souffrance au travail

Quand le travail devient une souffrance

— Par Caroline Constant —

travail_souffranceAvec Carole Matthieu, ce soir à 20h55 sur Arte, Louis-Julien Petit signe une fiction glaçante sur le monde du travail. Isabelle Adjani, en médecin du travail impuissant devant un management sans pitié, montre l’étendue de son talent.

Elle a essayé d’alerter, Carole Matthieu. Cette femme médecin du travail, complètement investie dans sa mission, a appuyé sur tous les signaux d’urgence à sa portée : la direction, l’inspection du travail, les syndicats. Personne ne l’a écoutée, lorsqu’elle alertait sur la façon de diriger les salariés de la plateforme téléphonique de Melidem : double écoute, infantilisation des personnels, à qui l’on demande même, parfois, de changer de prénom, brimades, harcèlement moral… La liste est longue. Au point que des salariés craquent. Comme Vincent, à bout, qui, un jour, lui demande de l’aider à se suicider en posant devant elle un revolver. Et Carole Matthieu appuie sur la détente. « Une euthanasie d’entreprise », résume Louis-Julien Petit, le réalisateur de ce téléfilm glaçant sur le monde du travail.

Car de travail, il en est question, beaucoup : quand on demande aux hommes de devenir des machines, de n’avoir plus de liens entre eux, de laisser à la porte leur identité, forcément, les dégâts sont considérables.

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Risques psychosociaux au travail. Comment faire face? Quels indicateurs pour les repérer?

Mardi 15/09 de 8h à 16 h. A la Mutualité, bd du Gal De Gaulle. Fort-de-France.

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La souffrance au travail peut sévir partout : dans les entreprises privées, les associations, les Collectivités, les Administrations. Ce fléau nuit au travail et détruit la santé des victimes. Apprendre à en repérer les mécanismes, définir des stratégies de prévention, d’accompagnement des victimes, de remédiation, s’armer pour lutter contre ce mal, c’est l’objectif de ce séminaire. Aux cotés des travailleurs-euses sur ce grave sujet, la CDMT remercie ses partenaires et vous attend.

Sortir de la souffrance au travail

— Par Christophe Dejours —

La discordance s’accroît, en France, entre la souffrance qui continue de s’aggraver dans le monde du travail et le débat qui s’intensifie dans l’espace public cependant que des mouvements de protestation se manifestent de plus en plus bruyamment dans la cité. Cette discordance pose des problèmes sérieux à ceux qui sont préoccupés par l’action en vue d’expérimenter de nouvelles méthodes d’organisation du travail.

Des solutions existent en effet, mais elles se heurtent à des obstacles dont l’analyse est indispensable avant d’ appeler à quelque action que ce soit.

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Cibler l’humain pour mieux aliéner le travailleur, nouveau credo managérial

— Par Danièle Linhart, sociologue, directrice de recherche au CNRS —

travail_pour_travailAu moment où la souffrance au travail s’impose comme un problème majeur, le management moderne persiste à placer, dans son discours au sujet des salariés, leur épanouissement au cœur de son projet. Un consensus nouveau serait né entre patrons et employés. Or, selon Danièle Linhart dans son dernier ouvrage, « la Comédie humaine du travail », « le drame du travail contemporain » réside précisément dans « le fait qu’il joue sur les aspects les plus profondément humains des individus », au lieu de mobiliser leurs registres professionnels. Aux antipodes du vieux taylorisme déshumanisant ? Seulement en apparence, montre ici la sociologue.

Au cours des années 1970, les directions du personnel se sont transformées en directions des ressources humaines (DRH). En 1999, le syndicat patronal CNPF (Conseil national du patronat français) a changé de dénomination pour s’appeler MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Avec le recul, on peut y voir les prémisses du nouveau modèle managérial qui consiste à considérer les salariés, non pas tant comme des professionnels, dotés d’expérience, de règles de métier, de connaissances, mais avant tout comme des humains, des hommes et des femmes, avec leurs émotions, leurs désirs de réalisation, leurs besoins et leur fragilité, ce qui autoriserait leurs employeurs à s’approprier les entreprises: l’entreprise, c’est avant tout ses dirigeants bien plus que les salariés qui y travaillent et œuvrent en son sein.

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« Si on ne repense pas le travail, il faut s’attendre à pire que des suicides »

— Par Christophe Dejours, psychanalyste —

Auteur de « Suicide et travail : que faire ? » (PUF, 2009), Christophe Dejours, psychanalyste, appelle à repenser le travail pour sortir des logiques gestionnaires qui détruisent le tissu socio-professionnel tout en faisant croire qu’elles traitent les problèmes des salariés.

Pourquoi parle-t-on plus aujourd’hui du suicide au travail ?

Christophe Dejours : Parce que les suicides sur les lieux de travail n’existaient pas avant. Ils sont apparus il y a une douzaine d’années, sans avoir été relayés. Le tournant s’est opéré en 2007, avec les cas de suicides chez Renault et Peugeot.

Les premiers suicides dont j’ai entendu parler constituaient pour moi une forme de décompensation psycho-pathologique parmi d’autres. C’est la répétition des choses qui est devenue hallucinante. Non seulement, il y avait un suicide sur les lieux de travail mais généralement il ne se passait rien après. Ces suicides au travail marquent incontestablement une sorte de bascule qui frappe le monde du travail.

Pour un suicide lié au travail combien de tentatives de suicide et de personnes internées en raison du travail ?

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Richesse des nations et promesse de bonheur

— Par Christophe Dejours —
travail_&_mafiaLe « caïdat » et les organisations mafieuses commencent à coloniser les zones exclues de la prospérité.
Avec le retour de la croissance, on attendait que la société don-ne des signes de réjouissance. En fait les réactions sont discordantes et prêtent aux malentendus. Pour peu qu’on soit trop loin des lieux du drame où se fomentent les manifestations de protestation, on en vient vite – trop vite – à condamner ceux qu’on prend pour des geignards. Un exemple ? Celui de cette grande entreprise où ont été embauchés, en deux ans, 2 000 jeunes possédant des diplômes commerciaux. Confrontés à un flux ininterrompu de clients, ils se plaignent d’une surcharge et d’une dégradation insupportable des relations de travail. Et pourtant, ils bénéficient d’un statut et de revenus confortables, doublés d’un temps de travail record ne dépassant pas 30 heures par semaine ! Des mouvements de grève se préparent.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire de l’extérieur, ce ne sont pas des caprices d’enfants gâtés. L’investigation clinique révèle une souffrance indiscutable, confirmée par des décompensations psychopathologiques en nombre.

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