Une lecture du roman de Rudy Rabathaly
—Par Jean-Durosier Desrivières, écrivain, comparatiste et créoliste —
En 2013, Rudy Rabathaly, ancien rédacteur en chef du quotidien France-Antilles de Martinique, avait publié Pawol anba fey1 (Paroles en sourdine) qui correspond au titre similaire de sa rubrique hebdomadaire qui a duré presque quinze ans. Oliwon d’imaginaire créole2, recueil de « nouvelles et poésies » en français et en créole, paraît au courant de l’année 2024 et le roman Kokliko3 au début de l’année 2025. Les textes minimalistes du premier ouvrage semblaient préparer le chemin pour les deux autres, représentant ainsi un bilinguisme composé franco-créole. Toutefois, le roman traverse les frontières linguistiques en s’imposant comme une œuvre de langue française-créole et d’expression créole, arborant parfaitement une esthétique intercréole. Car l’histoire, que dis-je, les histoires des personnages, se déroulent en plusieurs lieux, principalement sur deux territoires linguistiques de la Caraïbe franco-créolophone – Martinique et Haïti.
Dès lors, il paraît nécessaire de démêler la complexité des lieux et du temps de cette fiction ; de cerner les différents aspects de l’une des principales caractéristiques de cette narration : oralité et oraliture4 ; de souligner cette célébration des cultures caribéennes dans ce roman qui fait la part belle à la musique et à la littérature haïtiennes.

Rudy Rabathaly met un pied dans la fourmilière littéraire antillaise: après nous avoir fait rire de nous-mêmes (dan ri kò) avec ses « pawol anbafey » et autre « tonbé lévé » , après nous avoir fait réaliser l’omniprésence spontanée de notre imaginaire créole avec son « oliwon d’imaginaire créole » le voilà qui nous offre: « Kokliko » ce premier roman qui confirme la posture d’écrivain de Rudy Rabathaly. « Kokliko » nous laisse pantois tant il dérange par son caractère novateur tant dans le propos que dans l’écriture. Comme si « pawol anba fey » et « oliwon » incrementaient » Kokliko » , l’auteur affiche une nouvelle écriture sortant des rails d’une créolité passée, pour nous mener sur des chemins inattendus.
Rudy Rabathaly ancien rédacteur en chef du quotidien France-Antilles, ne lâche pas la plume. Il continu à regarder le pays en laissant tomber l’information et la langue qui communique : le discontinu.
La lisse blancheur de la couverture de
La tête de d’Esnambuc a été déposée sur les grilles de la préfecture. La représentation coloniale a été rendue à l’Etat. Peut-être aurait-il même fallu l’envoyer par Chronopost au président de la République française… Aussi fort soit le symbole, il ne restera que symbole parce qu’il n’est porté par aucune revendication politique assumée et déclamée.
Mi patakaka ! 29 ans après que l’on ait guillotiné Joséphine, l’Impératrice des Français sur la Savane, voilà qu’on lapide Schœlcher, l’abolitionniste des Français.