— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —
L’État haïtien, de 1804 à nos jours, est-il intervenu de manière explicite dans le champ linguistique ? En a-t-il d’ailleurs eu le projet, dès le 1er janvier 1804, à la création de la République d’Haïti ? Des premiers débats sur la graphie du créole au cours des années 1940 en passant par la réforme Bernard des années 1980, peut-on parler de tâtonnements, de mutations culturelles significatives ou de conquêtes ? Quels sont aujourd’hui les grands défis de l’État haïtien en matière d’aménagement des deux langues officielles du pays ?
Dans le livre de référence paru en 2011, « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al, Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), il est démontré que l’État haïtien, au cours des ans, est intervenu a minima dans le champ linguistique mais qu’aujourd’hui il souffre d’un ample déficit d’intérêt et de leadership en matière d’aménagement linguistique
Selon Louis Auguste Joint, auteur du livre « Système éducatif et inégalités sociales en Haïti » (L’Harmattan, 2006), l’État est intervenu explicitement de la manière suivante :
Structures gouvernementales pour la promotion du créole et de l’alphabétisation

La « Lwa pou kreyasyon Akademi kreyol ayisyen an » (« Loi portant création de l’Académie du créole haïtien »), publiée uniquement en créole dans Le Moniteur, est datée du 7 avril 2014. Cette micro structure est donc vieille de cinq ans et les éléments de bilan public de son action appellent une sereine réflexion. Selon la « Loi portant création de l’Académie du créole haïtien », sa mission consiste, entre autres, à « c) faire tout le nécessaire pour assurer un grand prestige et un très haut rayonnement du créole auprès du peuple haïtien et à d’autres populations dans le monde ; e) faire en sorte que les institutions de l’État appliquent la Constitution en publiant tous les documents officiels dans la langue créole ; f) soumettre des propositions quant aux façons d’utiliser la langue créole dans les communication publiques au pays ».
— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue
La circulaire de janvier 2019 du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti annonce-t-elle une mesure d’aménagement linguistique ?
Publié dans Le National du 5 décembre 2018, l’article «
— Par Robert Berrouët-Oriol, l

Le 21 février 2018 est paru à Montréal, aux Éditions Mémoire d’encrier, le livre « J’essaie de vous parler de ma patrie » – Jacques Viau Renaud », sous la direction de Sophie Maríñez et Daniel Huttinot, avec la collaboration de Raj Chetty et Amaury Rodríguez. Un lancement du livre est prévu à New York le 20 avril 2018 au Graduate Center, City University of New York. Pour éclairer cet événement littéraire de premier plan, notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol propose aux lecteurs du National une entrevue exclusive avec les responsables éditoriaux du livre, Sophie Maríñez et Daniel Huttinot, qui vivent et travaillent à New York.
Paru à Port-au-Prince, dans Le National du 19 janvier 2018, l’article «
En 2017, la république d’Haïti dispose-t-elle, au ministère de l’Éducation nationale, d’une politique linguistique éducative mise en œuvre à l’échelle nationale ? En a-t-elle d’ailleurs le projet sinon la volonté politique ou encore le souci ? Pour répondre adéquatement à ces questions il faut à la fois observer/analyser les faits et se référer aux données consignées dans des sources documentaires fiables.
L’idéologie, en tant que superstructure et mode de représentation symbolique, traverse le corps social et elle est présente dans tous les domaines de l’activité humaine. Elle est à l’oeuvre à l’école, dans les églises, les manuels scolaires, dans les sciences dites « dures » ou dans les sciences humaines comme elle est présente en linguistique, notamment dans la façon dont le sujet parlant perçoit et se représente sa langue maternelle ou seconde. Il arrive qu’un discours se voulant de haute scientificité emprunte les venelles les plus scabreuses de l’idéologie, tel le discours médical nazi rabaissant les Nègres, les Juifs et les Tsiganes au rang de sous-humains. Tel aussi le délire mortifère de François Duvalier justifiant, au nom de « la classe moyenne » et du noirisme, le terrorisme d’État pratiqué à grande échelle. L’Histoire a montré qu’aucune activité humaine n’échappe à l’idéologie et il est illusoire de croire que l’on peut mener une activité scientifique « pure » en dehors des idéologies tissées et reproduites dans le corps social.
«
Éditions Zémès