
— Par Jean Samblé —
Le 2 novembre 1975, sur une plage d’Ostie, près de Rome, le corps mutilé de Pier Paolo Pasolini est retrouvé, battu et écrasé sous les roues de sa propre voiture. Cinquante ans plus tard, les circonstances de sa mort demeurent troubles, oscillant entre crime sordide et assassinat politique. Cette fin violente a transformé le cinéaste, poète et penseur en figure quasi mythologique : celle de l’intellectuel qui, jusqu’à son dernier souffle, osa affronter son époque, ses hypocrisies et ses contradictions.
Un homme de paradoxes
Né à Bologne en 1922, Pasolini traverse l’histoire italienne sans jamais s’y fondre. Trop libre pour appartenir à un camp, il se tient à la croisée du catholicisme et du marxisme, qu’il revendique l’un et l’autre, tout en refusant leurs orthodoxies. Poète en langue frioulane avant de devenir romancier, il s’attache très tôt à raconter les marges : les jeunes déclassés, les corps exclus, les visages pauvres de la banlieue romaine. Son premier roman, Les Ragazzi (1955), puis son film Accattone (1961), dressent le portrait d’une Italie invisible, que la modernisation galopante est en train d’effacer.


De Pier Paolo Pasolini
En 2020, alors que partout en Europe s’éteignaient une à une les manifestations culturelles estivales, la ville d’Almada au Portugal maintenait contre vents et marées son Festival International de Théâtre, sur les deux rives douces du Tage, et sous la conduite de Rodrigo Francisco, son vaillant capitaine. Si en raison de la pandémie l’adjectif “international” s’avérait alors superflu, trois troupes étrangères seulement ayant pu faire le voyage, l’été 2021 voit la renaissance d’un événement qui, auprès de troupes portugaises issues de diverses villes – Almada, Lisbonne, Faro, Porto –, présente, dans un même élan enthousiaste, celles venues
Avec Anna Magnani, Ettore Garofalo, Franco Citti plus
Spectacle itinérant