« Médée », un film de Pier Paolo Pasolini

Mercredi 25 Janvier – 18h30 / Tropiques Atrium

De Pier Paolo Pasolini
Par Pier Paolo Pasolini, Euripide
Avec Maria Callas, Massimo Girotti, Guiseppe Gentile
Titre original Medea
28 janvier 1970 en salle / 1h 50min / Drame, Fantastique

Médée (Medea) est un péplum ouest-germano-franco-italien réalisé par Pier Paolo Pasolini et sorti en 1969. Il met en vedette Maria Callas dans le rôle-titre.

Il s’agit d’une adaptation libre du mythe grec de Médée, de Jason et des Argonautes et plus particulièrement de la version qu’en a donnée Euripide dans sa Médée en 431 av. J.-C..

Dans Médée, Pasolini met en scène la rencontre de deux cultures dans des paysages impressionnants. L’incompatibilité de ces cultures fait que la relation des deux personnages principaux, le Grec pragmatique et rationaliste Jason et la prêtresse archaïque et animiste Médée, se termine en une tragédie sanglante.

Conçu comme une critique des sociétés de consommation occidentales et de leur culture de masse, le film tente de se soustraire à la logique commerciale grâce à une structure narrative fragmentée et à son langage cinématographique original. Le film reçut un accueil plutôt positif de la part de la critique cinématographique.

Synopsis :
Médée la magicienne, fille du roi de Colchide, voit arriver sur sa terre le prince Jason venu enlever la Toison d’Or, l’idole de son peuple. Tombée folle amoureuse du jeune Grec, elle trahit sa famille et son pays en dérobant pour lui la Toison d’Or et s’exile à ses côtés. Des années plus tard, alors qu’elle lui a donné deux enfants, l’homme pour qui elle a tout abandonné se détourne d’elle pour une femme plus jeune…

La presse en parle :
Critikat.com par Nicola Brarda
[Reprise] On ne saurait dès lors trouver dans « Médée » une quelconque « adaptation » de la tragédie d’Euripide. L’original ressort profondément modifié, tant au niveau de sa structure que de sa signification, par le passage au travers du filtre pasolinien.

L’Humanité par Emile Breton
On a tout à gagner à aller le revoir : tant il y a à découvrir à une deuxième vision. Ainsi se fera mieux le partage entre les visions des protagonistes que Pasolini met sur le même plan que le récit d’une aventure extraordinaire d’amour et de guerre venue de la nuit des temps et l’avancée de ce drame vers son dénouement horrible.

L’Humanité par Vincent Ostria
Rarement le cinéma mythologique a donné un tel sentiment de vérité. Dans cet univers cruel, les sacrifices humains font frémir, et les costumes, les musiques traditionnelles médusent par leur beauté fruste.

Le Monde par Thomas Sotinel
(…) à chaque plan, on perçoit de manière presque physique la somme de pensée et de réflexion qui affleure à la surface des images. Et, pourtant, ce qui donne forme à cette méditation sur la fin de l’âge magique, sur l’apprentissage de la réalité de la marchandise et de la raison est aux antipodes du didactisme et relève de la poésie pure.

Les Inrockuptibles par Olivier Père
Une relecture magique du mythe de Médée, interprétée par une Maria Callas impressionnante d’humanité.

Dvdclassik par Leo Soesanto
Médée est une œuvre « bi-média », prolongée par Visions de la Médée, recueil de poèmes que Pasolini a écrit sur le tournage et censé expliciter son propos. On doit donc avoir à l’esprit la gestalt pasolinienne de frontalité lettrée, de mythes, de sacré terre-à-terre pour dépasser le drame d’une femme flambée. Pasolini pose ses intentions dès le début du film par la bouche du Centaure, voix de la théorie et mise à distance (« C’est une histoire compliquée car faite de choses et non de pensées »). Le film se place sous le patronage d’anthropologues et ethnologues de l’inconscient comme Frazer, Mircea Eliade ou Jung et ses archétypes. Peu importe au final le flou scientifique de certains (Frazer et Jung) puisque pour Pasolini, la rationalité est le pire défaut des bourgeois. Médée joue sur les antinomies : homme et femme, civilisation et barbarie, histoire et a-histoire, il s’agit d’une lutte entre deux mondes.