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SNCF : derrière le statut, des enjeux économiques, sociaux et environnementaux

— Par Léo Charles et Sabina Issehnane —

Le 15 février 2018, Jean-Cyril Spinetta a remis un rapport au Premier ministre intitulé « l’avenir du transport ferroviaire ». Ce rapport préconise de « recentrer le transport ferroviaire dans son domaine de compétence », de « créer les conditions d’un retour à l’équilibre économique » et de « préparer l’ouverture à la concurrence ». Cette ouverture s’inscrit dans la grande vague de libéralisation des industries de réseaux, comme l’électricité, le gaz, les télécommunications, le transport aérien ou encore La Poste. Ces industries s’appuient sur des infrastructures dont le coût est élevé, si bien que leurs opérateurs en situation monopolistique de fait étaient traditionnellement publics.

La SNCF était jusqu’en 1982 une société d’économie mixte à laquelle l’État avait concédé son réseau ferroviaire. La loi d’orientation des transports intérieurs, dite Loti, a introduit à cette date un droit au transport, celui « de se déplacer dans des conditions d’accès raisonnables, de qualité et de prix ainsi que de coût pour la collectivité, notamment par l’utilisation d’un moyen de transport ouvert au public ». Elle garantit ainsi ce droit pour tous et consacre le réseau ferroviaire comme un service « d’intérêt général ».

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Budget 2016 : le gouvernement intensifie une politique qui ne fonctionne pas

— Par Les Economistes atterrés —

economistes_atterresLe gouvernement s’entête : le projet de loi de finances (PLF) 2016, s’acharne à prolonger et même à intensifier une politique qui ne fonctionne pas, qui s’inscrit dans l’objectif libéral, réduire les dépenses publiques pour baisser les impôts des entreprises. Le résultat est cruel : plus de 6,3 millions de personnes inscrites à Pôle emploi, soit 1,2 million de plus qu’en mai 2012.

La dépense publique n’a jamais été aussi utile

La présentation du PLF est symptomatique de cet aveuglement libéral : au lieu de commencer par exposer ce qu’apporte la dépense publique, et les éventuelles réorientations nécessaires pour qu’elle remplisse plus efficacement ses missions, la réduction de la dépense publique et des déficits est présentée comme l’objectif central à atteindre.

La dépense publique n’a pourtant jamais été aussi utile. Elle a permis d’amortir considérablement le choc de la crise débutée en 2008. Ainsi, si le PIB français a augmenté de 2008 à 2014 d’un maigre 2%, cette hausse est à mettre au crédit de la consommation publique (éducation, santé…) : si cette dernière était restée constante, le PIB aurait au contraire diminué.

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Nous accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce…

— Par Esther Jeffers, Henri Sterdyniak et Sébastien Villemot, pour le conseil d’administration des Economistes atterrés —

rapacesLa dette publique grecque représente aujourd’hui 321 milliards d’euros, soit 181 % du PIB grec. La majeure partie de cette dette (195 milliards) est due directement ou indirectement (via le Fonds européen de stabilité financière) aux autres États européens, tandis que 32 milliards sont dus au FMI et 27 milliards à la BCE. Suite au transfert massif des créances du secteur privé vers le secteur public en 2012, les créanciers privés ne détiennent plus qu’une faible part de la dette.

L’enjeu est politique : montrer qu’il n’y aurait pas d’alternative

Même si cette dette est un fardeau très lourd à porter pour la Grèce, elle ne représente que 2 % du PIB de l’Union européenne. La dette grecque est pour l’Europe un enjeu politique plutôt que financier. Même la perte totale de ces créances ne représenterait qu’un choc financier facilement absorbable pour l’Europe. Pour les dirigeants de l’Union européenne, l’enjeu n’est pas financier, il est surtout de faire plier le gouvernement grec, afin que les autres peuples ne soient pas tentés de porter au pouvoir des forces politiques opposées aux logiques néolibérales et austéritaires ; il est de bien montrer qu’il n’y a pas d’alternative.

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Pour une restructuration (raisonnable) de la dette

la_ettted-3Cessons de diaboliser la dette
La dette publique est utilisée comme prétexte pour culpabiliser la population : «la dette pèsera sur nos enfants», «la charge de la dette nous paralyse, elle absorbe la totalité du produit de l’impôt sur le revenu». Il n’y aurait qu’un seul moyen pour la réduire : couper dans les dépenses publiques. […] En France (comme dans la plupart des pays industrialisés), la dette publique est inférieure à la dette privée (115 % du PIB pour les ménages et les entreprises, 93,5 % du PIB fin 2013 pour la dette publique). Pour les libéraux, l’endettement privé est légitime puisqu’il permet aux entreprises de produire de la richesse. Mais les administrations publiques produisent aussi de la richesse. La dette publique permet, elle aussi, de soutenir l’activité, d’investir pour l’avenir.

Il est légitime de financer les investissements publics, qui seront utilisés pendant de nombreuses années, par du déficit public. C’est d’ailleurs la vraie «règle d’or» des finances publiques. En France, cela justifie un déficit de l’ordre de 2,5 % du PIB, en situation conjoncturelle normale. L’Etat ne doit pas seulement se préoccuper de sa propre situation financière, mais aussi de l’équilibre macroéconomique.

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La BCE tente un coup d’État contre la Grèce

— Par Les Économistes Atterrés —
les_eco_atterresLes Économistes atterrés dénoncent la décision de la BCE qui viole la démocratie, renie ses propres engagements à tout faire pour éviter la déflation et pour sauver la zone Euro et fait le lit des forces politiques réactionnaires qui prospèrent toujours sur fond de crise totale. Ils appellent tous les démocrates à s’opposer avec la dernière énergie à cette décision inique de la BCE. Les choix du peuple Grec doivent être respectés.
L’illusion d’une Banque centrale européenne pratiquant un assouplissement monétaire pour sortir la zone euro de la déflation n’a duré que deux semaines. Hier, la BCE a unilatéralement décidé de ne plus accepter les titres publics grecs en contrepartie des liquidités accordées aux banques, tout particulièrement aux banques grecques. Ainsi, Mario Draghi met en péril la zone Euro, rompant son engagement à « tout faire pour préserver l’Euro ».
Les banques grecques qui continuent à acheter des obligations de l’État, ne pourront donc plus les utiliser pour se refinancer auprès de la BCE. Elles pourront certes utiliser d’autres instruments, des titres privés. Mais ceux-ci risquent de devenir rares et surtout l’Etat grec aura de plus en plus de mal à trouver des fonds pour sortir de l’étau de la Troïka.

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