Étiquette : Jovenel Moïse

Pour une réelle transition en Haïti

— Par Guy Taillefer —

Il aura fallu l’hyperviolence des gangs criminels pour que Washington, et à sa traîne Ottawa, se résigne enfin à lâcher le premier ministre Ariel Henry et à envisager la formation d’un gouvernement de transition, ce que toutes les voix au sein de la société civile réclamaient depuis plus de deux ans. Que n’ont-elles été entendues plus tôt ? Les bandes armées contrôlent aujourd’hui 80 % de Port-au-Prince, les déplacés fuyant l’insécurité se comptent par centaines de milliers, la famine guette au moins un million d’Haïtiens. Il y a eu les tontons macoutes des Duvalier, les chimères de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, il y a maintenant les gangs fédérés autour du puissant « G9 et famille », dont le contrôle territorial est tel que le chef, Jimmy « Barbecue » Chérizier, ex-policier, est aujourd’hui en mesure de peser politiquement sur la suite des choses. Ceux qui ont instrumentalisé les gangs au sein de la classe politique et de l’oligarchie actuelles ont fini par créer un monstre qui s’est autonomisé.

La crise est doublement grave puisqu’elle est simultanément politique et sécuritaire.

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Mystère et conspiration : L’affaire Jovenel Moïse semble se dévoiler

La veuve du Président et des dizaines de personnes inculpées pour son assassinat

Dans la tumultueuse histoire d’Haïti, l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 demeure une énigme persistante, jetant une ombre sombre sur le pays. Deux ans et demi après l’attaque brutale à son domicile de Pétion-Ville, les Haïtiens attendent toujours des réponses. La situation politique est tendue, avec des manifestations exigeant la démission du Premier ministre actuel, Ariel Henry, et des révélations inattendues dans l’enquête.

Le dernier rebondissement a secoué le pays lorsque le juge d’instruction Walther Wesser Voltaire a rendu public un mandat d’arrêt émis contre la veuve du président, Martine Moïse. Les accusations sont lourdes : vol à main armée, tentative d’assassinat, assassinat, association de malfaiteurs, et bien d’autres. Une liste de charges qui, pour beaucoup d’Haïtiens, a pris de court ceux qui n’avaient jamais envisagé la participation de Martine Moïse à un tel complot.

L’enquête, longtemps bloquée, semble s’accélérer, mais les zones d’ombre persistent. Les déclarations de Martine Moïse sont entachées de contradictions, selon son avocat Iswick Théophin, laissant planer le doute sur sa crédibilité.

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Un an après l’assassinat du président haïtien, l’enquête dans une impasse

Port-au-Prince – Le 7 juillet 2021 à l’aube, Haïti apprenait avec stupeur que son président Jovenel Moïse venait d’être assassiné dans sa chambre par un commando armé. Un an après, les enquêtes piétinent, commanditaires et mobile restent inconnus et le climat politique est délétère.

Ce jour-là, les assaillants semblent être entrés avec facilité dans la résidence du président. Quelques heures plus tard, la police haïtienne avait fait montre d’une rapidité exceptionnelle en arrêtant une vingtaine d’individus dont 18 anciens militaires colombiens. 

Ce fait d’armes n’a, pour l’heure, été suivi que de très lentes procédures judiciaires en Haïti et aux Etats-Unis. La présidence est depuis vacante, et aucune date n’est en vue pour un scrutin qui permettrait de nommer un successeur. 

A Port-au-Prince, pas moins de cinq juges d’instruction successifs ont déjà été chargés du dossier et aucun n’a encore formellement inculpé la quarantaine de personnes emprisonnées, dont les citoyens colombiens présumés membres du commando. 

Face au « manque de progrès tangibles« , le bureau des Nations unies en Haïti a appelé jeudi à ce que « les moyens nécessaires » soient déployés afin que les responsables de l’assassinat « soient, dans les délais les plus brefs, traduits devant la justice« . 

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Un Colombien inculpé aux Etats-Unis pour son rôle dans l’assassinat du président haïtien

Miami – Six mois après le meurtre du président haïtien Jovenel Moïse dans sa résidence à Port-au-Prince, qui a aggravé la crise politique que connaît le pays, un Colombien a été inculpé aux Etats-Unis pour son rôle dans l’assassinat.

Mario Palacios, 43 ans, est accusé d’avoir fait partie du groupe d’une vingtaine d’hommes ayant, le 7 juillet 2021, tué Jovenel Moïse et grièvement blessé son épouse dans leur résidence privée, située sur les hauteurs de la capitale haïtienne. 

Bien qu’une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de ressortissants colombiens, soient détenues à la prison de Port-au-Prince depuis cet été, l’enquête sur l’attentat commis contre le chef de l’Etat ne montre aucun signe de progrès, les identités des commanditaires restant inconnues. 

Membre présumé du commando ayant assassiné Jovenel Moïse, Mario Palacios a été arrêté lundi au Panama lors d’une escale d’un vol en provenance de Jamaïque. 

Après avoir collaboré avec les enquêteurs américains, Mario Palacios, arrêté en octobre en Jamaïque, était en train d’être expulsé vers la Colombie quand il a été intercepté lundi. 

L’homme, qui encourt la réclusion à perpétuité, devait être présenté à un juge mardi. 

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L’administration Biden « s’oppose » au référendum sur la Constitution en Haïti

— Par Roberson Alphonse —

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken affirme que l’administration Biden « s’oppose » au référendum constitutionnel du président Jovenel Moïse et indique qu’il y a une  possibilité et une opportunité, si les étapes appropriées sont respectées, d’avoir des élections, lors d’une audition sur le budget 2022 du Département d’État devant la commission Affaires étrangères du Congrès, le 7 juin 2021.

« Notre politique -laquelle doit se refléter dans ce que l’on dit ou fait – est de s’opposer au référendum pour les raisons que vous dites », a répondu le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, interrogé par le congressman du Michigan, Andy Levin, sur ce que fait l’administration Biden pour que ce « référendum illégal n’ait pas lieu ».

« Notre position, en effet, est qu’il ne doit pas avoir lieu. C’est la position de notre gouvernement. Nous la faisons savoir », a insisté M. Blinken, qui a également répondu aux considérations d’Andy Levin, estimant que les Etats-Unis, au lieu de presser pour faire des élections à tout prix, même si des élections avec le régime de facto du président Moïse ne seront pas libres ou équitables, devraient de préférence s’attaquer à la corruption, à la violence et à l’impunité et aux éléments qui alimentent cette crise. 

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La marche forcée de Jovenel Moïse ou la stratégie de la terre brulée

— Par Claude Moïse —

L’auteur – Claude Moïse est historien et analyste politique, spécialiste de l’histoire des Constitutions haïtiennes. Membre d’honneur de la Société haïtienne d’histoire et de géographie, membre du comité scientifique de la Chaire Louis-Joseph-Janvier sur le constitutionnalisme en Haïti (Université Quisqueya). Claude Moïse a fait des Constitutions haïtiennes le champ privilégié de son travail d’historien. On lui doit une active contribution aux débats sur la question constitutionnelle (1997, 2007, 2015) et aux travaux de commissions sur la réforme constitutionnelle (2007, 2009, 2017). De ses nombreuses publications on relève : « Constitutions et luttes de pouvoir en Haïti » ; T.1 « La faillite des classes dirigeantes, 1804-1915 », Montréal, CIDIHCA, 1988 ; T.2 « De l’occupation étrangère à la dictature macoute, 1915-1987 », Montréal, CIDIHCA, 1990 ; « Une Constitution dans la tourmente », Montréal, Les Éditions Images, 1994. « Le Pouvoir législatif dans le système politique haïtien. Un aperçu historique », CIDIHCA, Montréal, 1999. Claude Moïse se signale également par son engagement dans des organisations de promotion du mouvement citoyen en diaspora comme en Haïti (Collectif Paroles, Initiatives démocratiques, Trase yon lot chimen pou Ayiti) et par plusieurs essais d’analyse politique.

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Cinquante ans après la mort de « Papa Doc », Haïti toujours dans l’impasse

Port-au-Prince – Cinq décennies se sont écoulées depuis la mort du dictateur François Duvalier, dit « Papa Doc », mais Haïti, minée par l’insécurité et l’instabilité politique, peine encore à effacer les cicatrices laissées par le régime et à sortir d’une interminable crise récemment illustrée par l’enlèvement de religieux.

Le kidnapping, le 11 avril dernier, de dix personnes, dont sept religieux, a mis en évidence la dérive de ce pays des Caraïbes et provoqué la colère de la population, forçant le président Jovenel Moïse à remanier le gouvernement la semaine dernière. 

L’Eglise catholique, qui occupe une place centrale dans ce pays très religieux, a dénoncé « l’inaction » du gouvernement face à la « violence des bandes armées« , et initié un mouvement d’arrêt de travail largement suivi. 

L’emprise des gangs sur les quartiers les plus pauvres, si elle s’est accrue ces derniers mois, n’est pas nouvelle. Ignorés par la classe politique, ils sont depuis des années laissés aux mains des bandes armées. 

Un stigmate parmi d’autres de la crise que traverse Haïti, nation la plus pauvre du continent américain, qui, cinquante ans après la mort du dictateur François Duvalier, le 21 avril 1971, n’a pas fini de panser ses plaies. 

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Haïti: le président remanie le gouvernement face à l’insécurité

Port-au-Prince – Le président haïtien Jovenel Moïse a annoncé mercredi remplacer son Premier ministre, quelques jours après l’enlèvement de sept religieux qui a illustré la grave crise sécuritaire dans le pays gangrené par la pauvreté et la corruption.

« La démission du gouvernement, que j’ai acceptée, permettra d’adresser le problème criant de l’insécurité et poursuivre les discussions en vue de dégager le consensus nécessaire à la stabilité politique et institutionnelle de notre pays« , a tweeté M. Moïse. 

« J’ai remis ce soir ma démission au président de la République« , a de son côté confirmé dans la nuit le Premier ministre sortant, Joseph Jouthe. 

Il avait été nommé en mars 2020 et est donc resté un an à son poste dans un pays où la valse des chefs de gouvernement s’est accélérée ces dernières années. 

Le nouveau Premier ministre est Claude Joseph, précédemment à la tête des Affaires étrangères. 

Haïti, pays des Caraïbes et nation la plus pauvre du continent américain, est gangrené par l’insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d’une quasi impunité. 

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Haïti: Lettre ouverte à la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie

Madame Louise Mushikiwabo,

Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie,

Madame la secrétaire générale,

Nous, écrivains de langue française, représentants des cinq continents de la francophonie, préoccupés par la situation haïtienne caractérisée par la mise en place d’une dictature, le président de facto Jovenel Moïse se maintenant au pouvoir par la force au-delà de son mandat constitutionnel expiré le 7 février 2021, vous demandons de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien, les églises catholique et protestante, la confédération des barreaux haïtiens, les organismes de défense des droits humains, l’association nationale des magistrats haïtiens, l’opposition politique organisée, nombre d’associations de la société civile, des personnalités haïtiennes appartenant à différents domaines d’activité.

Nous comprendrions mal que l’institution que vous dirigez, dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage avec un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides. Vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir utilise des gangs lourdement armés par lui, comme force répressive aux actions meurtrières dans les quartiers populaires.

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Le président haïtien Jovenel Moïse plaide sa cause à l’ONU

Lors d’une intervention de près d’une demi-heure au Conseil de sécurité de l’ONU lundi, Jovenel Moïse a assuré que « la démocratie se portait bien en Haïti ». De son côté, Washington réclame au chef de l’État haïtien l’arrêt de sa politique de décrets.

Le président haïtien Jovenel Moïse a assuré lundi 22 février au Conseil de sécurité de l’ONU que « la démocratie se portait bien en Haïti » malgré la crise politique. Lors d’un rare discours (les pays sont en général représentés par un ambassadeur ou un ministre), Jovenel Moïse a indiqué que son gouvernement, en quatre ans, « avait dû faire face à sept tentatives d’interruption de l’ordre constitutionnel par la violence ».

« À la base de tout cela, il y a le refus du régime démocratique et des élections comme seul moyen d’accéder à la gestion des affaires de l’État », a-t-il dit, en évoquant les « efforts inlassables de son administration pour apaiser le climat socio-politique ». « Nous faisons face à un lobby puissant qui a de grands moyens », a-t-il aussi déclaré lors de son intervention qui a duré 27 minutes contre les 15 normalement octroyées.

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Épreuves et rapports de force se succèdent en Haiti pour dénoncer un retour de la dictature

Des leaders de l’opposition et plusieurs milliers de personnes ont manifesté hier, dimanche 14 février 2021, à Port-au-Prince. Ils  dénoncent les velléités de nouvelle dictature qu’a selon eux le pouvoir en place en Haïti et l’appui de la communauté internationale au président Jovenel Moïse.

Dans les jours à venir, tout sera épreuve de force et rapport de force en Haïti. Les accusations de « tentative de coup d’Etat » portées il y a une semaine par les autorités ont été accueillies avec scepticisme par l’opposition et la société civile, qui dénoncent des arrestations politiques et illégales.

Dimanche 14 février, plusieurs milliers de manifestants, des élus de l’opposition et d’anciens parlementaires ont autant contesté la légitimité du maintien au pouvoir de Jovenel Moïse que le soutien que lui apportent les pays étrangers.

« Malgré tous les enlèvements, les massacres dans les quartiers populaires, les Etats-Unis continuent de le soutenir. L’argent du fonds Petrocaribe a été dilapidé, on n’a pas de bons hôpitaux, et les Etats-Unis continuent à soutenir ce gouvernement corrompu », s’indignait Sheila Pelicier, une manifestante.

La manifestation était pacifique bien que des altercations ont eu lieu entre quelques manifestants et les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de projectiles en caoutchouc.

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Note sur l’expiration du mandat du Président Jovenel MOÏSE

— Chaire Louis-Joseph-Janvier sur le constitutionnalisme en Haïti —

Le 7 février 2021 s’est écoulé alors que les partisans du maintien ou du départ de M. Jovenel MOÏSE n’arrivent pas à s’entendre sur l’interprétation constitutionnelle relative à la fin du mandat du président.

Face à ces positions inconciliables, la Chaire Louis-Joseph-Janvier sur le Constitutionnalisme en Haïti présente ici sa position uniquement à la lumière du droit, laissant le soin aux acteurs politiques nationaux et internationaux de se déterminer en raison de leurs dynamiques propres.

Une frange importante de l’opinion soutient que le mandat de M. Jovenel MOÏSE a échu le 7 février 2021 en application de l’article 134-2 de la Constitution amendée au motif qu’élu en 2016, son mandat expire cinq ans après l’année de l’élection. M. MOÏSE pour sa part s’appuie sur l’article 134-1 disposant que la durée du mandat présidentiel est de cinq ans et débute à partir de la prestation de serment du président le 7 février, pour affirmer que son mandat expire le 7 février 2022.

La Chaire rappelle que les articles d’un texte de loi s’interprètent l’un par l’autre et ne peuvent, en cas d’ambiguïté, être pris isolément.

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Haïti: bras de fer sans arbitre entre l’opposition et le président contesté

Port-au-Prince – L’opposition haïtienne a engagé lundi un bras de fer avec le président contesté Jovenel Moïse en désignant un dirigeant censé assurer la transition dans le pays en crise, au lendemain de l’annonce par les autorités qu’elles avaient déjoué un projet de coup d’Etat contre lui.

M. Moïse a en outre assuré avoir échappé à une tentative d’assassinat, et Port-au-Prince a été dimanche le théâtre de manifestations clairsemées émaillées de quelques échauffourées avec la police.  

Lundi, l’incertitude politique poussait les habitants de la capitale à rester terrés chez eux. Les rues de Port-au-Prince étaient désertes dans la matinée. 

Dans un message vidéo transmis dans la nuit de dimanche à lundi à l’AFP, un magistrat de 72 ans, Joseph Mécène Jean-Louis, déclare « accepter le choix de l’opposition et de la société civile pour pouvoir servir (s)on pays comme président provisoire de la transition« . 

Selon un ancien sénateur, Youri Latortue, cet intérim est prévu pour durer 24 mois. 

« La feuille de route est établie pour deux ans avec l’organisation d’une conférence nationale, l’élaboration d’une nouvelle Constitution et la tenue des élections« , a détaillé M.

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Corruption: la Cour supérieure des comptes étrille le pouvoir haïtien

L’institution met en cause la gestion frauduleuse et souvent illégale de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

La Cour supérieure des comptes d’Haïti déplore, dans un nouveau rapport publié lundi 18 août, la gestion frauduleuse et souvent illégale, par les divers ministères et administrations, de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

Projets engagés sans une évaluation des besoins ou même une estimation des coûts, violations répétées des normes de passation de marchés publics: sur plus de 1000 pages, les juges n’épargnent aucune institution. «Les projets d’investissement et les contrats liés au fonds PetroCaribe n’ont pas été gérés en respectant les principes d’efficience et d’économie», accuse la Cour des comptes.

Mis en place à l’initiative de l’ancien président Hugo Chavez, ce programme a permis à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes de bénéficier de prêts du Venezuela dans le cadre d’un mécanisme de livraison de pétrole à des conditions préférentielles.

Les six gouvernements haïtiens qui se sont succédé depuis 2008 ont lancé pour près de deux milliards de dollars de projets sans, le plus souvent, se soucier des principes de base de la gestion de fonds publics, accuse l’audit.

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