— Par Michaël Mélinard —
La filmographie de Jean-Luc Godard c’est plus de cent films sur quelques soixante années de carrière. Voici une sélection des huit oeuvres qui représentent l’esprit et l’esthétique du réalisateur, souffle du septième art français.
À bout de souffle (1960)
C’est l’emblème de la nouvelle vague, avec un Jean-Paul Belmondo en voyou sans morale traqué par les flics et Jean Seberg en jeune Américaine qui vend le New York Herald Tribune sur les Champs-Élysées. Sur un scénario de François Truffaut, Godard y fait fi des règles classiques du récit cinématographique. Un pseudo-thriller au montage heurté, avec des travellings véloces, de nombreux faux raccords et des plans-séquences hardis d’où ressort l’amour du cinéma américain. Extrait
Pierrot le Fou (1965)
Marianne (Anna Karina) et Ferdinand-Pierrot (Belmondo) vivent un périple fou. Godard crée un défilé d’images sublimes. Audaces stylistiques, changements de gammes chromatiques, décalage dans la bande-son, nombreuses citations, collages et références cinématographiques. L’œuvre exhale le souffle de liberté du cinéaste filmant comme bon lui semble. Extrait
Le Mépris (1963)
Adapté du roman d’Alberto Moravia, le Mépris réunit, sous le soleil de Capri, le duo Brigitte Bardot-Michel Piccoli.

De Jean-Pierre Léaud à aujourd’hui, les mêmes questions taraudent les générations : l’amour, la mort, le pouvoir, sa place dans la société, les déflagrations qui agitent le monde.
ll y a quelques années, Jean-Luc Godard évoquait publiquement son affection pour le livre de Jacques Rancière, le Maître ignorant. Le postulat de l’égalité des intelligences qui y est présenté fait écho à la confiance que JLG a toujours eue en l’«intelligence» de ses interlocuteurs, en leur répartie, leur capacité tennistique à renvoyer la balle. Ainsi Godard s’est-il toujours contenté, en entretien comme dans ses films, de dire sans expliquer. Parole pensive et sacerdotale. Au spectateur de saisir ou de laisser passer. On aurait pu penser que les nouvelles technologies, offrant une réticularité beaucoup plus importante que les médias traditionnels, donneraient à ce jeu une nouvelle dimension. La polémique de ces derniers jours vient prouver le contraire. Accaparés par des médias dominants en manque chronique de spectres et d’audience, les réseaux sociaux ont en effet ouvert une troisième voie : arracher la parole au cheminement de la pensée, écraser et triturer sans effort la balle qui venait d’être lancée⋅ En d’autres mots, instrumentaliser pour faire peur, s’indigner pour se rendre populaire, sans en avoir l’air⋅ Godard donc, dans un entretien au Monde se félicite de la victoire de Marine Le Pen aux élections européennes, ajoutant qu’il l’aurait souhaitée Premier ministre⋅ Dans une hystérie qui fait signe, l’effusion est immédiate.