Des conséquences de nos actes et de nos omissions, dans un spectacle choral
–- Par Janine Bailly –-
Pour ouvrir la nouvelle saison du Théâtre National de Bretagne auquel il est artiste associé, Pascal Rambert, dramaturge et metteur en scène, nous livre, avec Les Conséquences, le premier opus d’une trilogie qu’il dit vouloir achever dans cinq ans, et dont les volets suivants s’intituleraient Les Émotions et La Bonté. Son ambitieux projet est de monter ces pièces en gardant la même distribution, ce qui lui permettrait de suivre le passage du temps, et dans le texte et sur les corps et les voix des actrices et acteurs qui composent en quelque sorte sa famille de cœur et de création : Audrey Bonnet, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage et Jacques Weber. À ces fidèles viennent ici s’ajouter Marilú Marini, et les plus jeunes frais émoulus des écoles, Lena Garrel, Jisca Kalvanda, Mathilde Viseux et Paul Fougère.
Je suis de celles que de précédents spectacles de Pascal Rambert ont enthousiasmée, mais je reste ici un peu sur ma faim ; à trop vouloir dire, les choses et les personnages finissent me semble-t-il par n’être qu’effleurés, encore que ces derniers soient interprétés avec conviction, et dans une belle énergie !

Cécile Coulon est une jeune romancière, nouvelliste et poétesse, qui dès l’âge de seize ans fit une entrée prometteuse en littérature en publiant un premier roman, Le voleur de vie, pour lequel il serait parlé de « langue coup de poing ».
En juin 2018, Thomas Ostermeier crée à la Schaubühne de Berlin la pièce Histoire de la violence ; il met en scène le texte qu’il a co-signé avec l’écrivain Édouard Louis à partir du roman autofictionnel de ce dernier. Depuis, le spectacle s’est donné à maintes reprises, en différents lieux, et c’est au festival d’Almada qu’il fait donc escale en ce mois de juillet 2025.
Cécile Coulon est une jeune romancière, nouvelliste et poétesse, qui dès l’âge de seize ans fit une entrée prometteuse en littérature en publiant un premier roman, Le voleur de vie, pour lequel il serait parlé de « langue coup de poing ».
Ce court mais très dense roman d’une centaine de pages s’inscrit dans la lignée de Henry David Thoreau, dont l’écrivaine se revendique dans l’une de ses dernières pages, faisant dire à son héroïne : « Moi aussi, je mènerai un combat, mais sans arme, sans vandalisme, sans sensationnalisme. Dans les limites légales de la désobéissance civile et dans la sagesse de Thoreau. » En 1845, le philosophe américain se construit une cabane près de l’étang de Walden – il choisira ce nom pour son roman, devenu culte (Walden ou la vie dans les bois). Il vivra là en autarcie pendant deux ans, au fond des bois, pour se retirer de la ville, retrouver la nature, écrire. Il sera aussi le chantre de la désobéissance civile, en particulier face aux autorités esclavagistes de l’époque.
Que dans Saigon, elle remonte le cours du temps vers le passé colonial du pays de ses origines, que dans Fraternité, elle nous projette dans un futur dystopique, Caroline Guiela Nguyen, voyageant dans l’espace et le temps, toujours se penche sur notre humanité souffrante, pour dire qu’au-delà des drames et des larmes se tissent entre les êtres d’indéfectibles liens. Attentive à ceux que par habitude ou indifférence on oublie de voir et voudrait tenir dans l’ombre, elle revendique un théâtre de l’émotion, à la fois engagé et poétique, mais qu’aucun didactisme ne vient entacher. Parce qu’on la sent sincère, que tout dans ses propositions respire l’authenticité, on croit à ce qu’elle nous montre, autant que l’on entre en empathie avec ses personnages – des personnages que l’on se plaît plutôt à identifier comme des personnes réelles, car si peu fictifs !
Ils sont sept, prompts à se métamorphoser, à endosser des habits et des rôles différents, mais leur énergie communicative, leur fougue et leur jeu débridé sont tels que, le spectacle fini, ils nous sembleront avoir passé au crible de leur humour, iconoclaste et dévastateur, notre société tout entière !
Pour notre plus grand plaisir, le Festival d’automne du TNB investit différents lieux de la périphérie rennaise et nous conduit hors les murs. Au théâtre de L’Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, on a pu voir au cours de cette première semaine un spectacle qui tient de la performance, de l’oratorio, du poème halluciné, ou encore de la recherche expérimentale unissant, en un heureux mariage texte, musique, chant et film.
Si le genre film de procès perdure dans la création cinématographique, la justice telle qu’elle est rendue, ou telle qu’on aimerait la voir rendue dans nos sociétés, est plus rarement choisie comme objet de théâtre. Fort heureusement, Arthur Nauziciel, directeur du TNB, a inscrit au programme de son Festival d’automne la pièce Léviathan, écrite par Guillaume Poix, mise en scène par une Lorraine de Sagazan que l’on sent profondément investie dans son propos, qui nous délivre un spectacle subtil, efficace, empreint d’une grande humanité, et riche de trouvailles scénographiques et dramaturgiques, jamais gratuites ni didactiques.
C’est à Julie Duclos qu’il est donné d’ouvrir à Rennes la nouvelle saison du Théâtre National de Bretagne. Nous avions aimé le
En dépit de leur présence en divers festivals, il est de “petits” films dont les médias ne se font guère écho, et qui pourtant par leur sujet, le traitement qui en est fait, la beauté et la singularité de leurs images, l’investissement de leurs acteurs aussi, mériteraient plus grande audience.
— Par Janine Bailly —
–– Par Janine Bailly ––
Si ton corps te fait faux bond, que te voici confinée à la chambre, que tu cherches au creux des oreillers un repos qui ne veut pas se donner, alors, la lecture se fait plus encore qu’à l’habitude ton amie chère, celle qui console, celle qui de son baume panse les plaies et blessures de la vie. Que le livre en cours soit de tonalité rose, grise ou noire n’a d’ailleurs que peu d’importance, ses vertus tiennent à l’histoire contée, aux thèmes abordés, aux héroïnes et héros aussi bien qu’aux anti-héros, réels ou inventés. Mais encore, la force d’un texte tient à la belle qualité d’un style qui, laissant sous-jacents ses procédés, donne à l’écriture une certaine force d’envoûtement. Tant de mots pour définir ce qu’apporte l’acte de lire, ce que le lecteur y cherche et en attend : un loisir, un plaisir, un enrichissement, le rêve et l’évasion, être au monde par procuration, par le truchement des pages ou, à l’inverse, être pour un temps au cœur d’une bulle protectrice, ignorant du monde qui tout autour va, vient et s’agite…
–– Par Janine Bailly ––
— Par Janine Bailly —
Une des grandes qualités de la programmation proposée par Arthur Nauzyciel au TNB, c’est sa belle diversité, qui en cette tempétueuse fin d’hiver, nous emmène aux deux extrémités du spectre théâtral. Puisqu’aussi bien il existe au théâtre diverses façons de nous parler du monde, de son évolution, des autres et de nous-mêmes, qui nous tenons debout au coeur du maelström…
—Par Janine Bailly —
L’œuvre de Jean-François Sivadier – qu’il mette en scène ce que l’on nomme “les grands textes”, Molière, Brecht, Ibsen…, ou qu’il soit comme pour le spectacle Sentinelles tout à la fois auteur, metteur en scène et scénographe – témoigne de la diversité du théâtre d’aujourd’hui, de sa force à dire le monde, dans son éternité autant que dans sa contemporanéité. Dire ici ce qui lie ou délie les êtres, accorde ou désaccorde les hommes. Sonder le mystère des âmes. Débusquer de nos
Jane, pour toujours, s’est endormie… Le 13 de ce mois de janvier 2024, il était attendu que Jane Birkin fasse escale à Rennes, au Théâtre National de Bretagne, pour son concert intitulé Oh ! Pardon, tu dormais, titre éponyme de la pièce de théâtre qu’elle produisit elle-même en 1992, et dont Étienne Daho, subjugué par « cette bagarre nocturne entre une femme qui réclame des preuves d’amour et cet homme qui fuit en silence », décida, vingt ans après, d’extraire certains passages, destinés à devenir des chansons – écrites dans les mots simples et directs de leur interprète. Que le directeur du TNB, Arthur Nauziciel, soit remercié d’avoir initié ce bel hommage à l’artiste et à la femme dont on connaît, au-delà de l’apparente fragilité, la force, la tendresse de cœur, et les engagements.
Encantado, que créa la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues alors que dans son pays sévissaient au même temps le Covid-19 et un certain Jair Bolsonaro, je ne saurais le comparer à aucun des spectacles de danse qu’il m’a déjà été donné de voir. C’est par les yeux et le cœur qu’il faut d’abord recevoir Encantado, se laisser charmer, au sens premier du terme, avant d’essayer d’en percer le sens. Se laisser, avant que de penser, émerveiller par la beauté des corps, la puissance et la singularité des figures imaginées, l’énergie que déploient ces onze danseurs, garçons et filles comme soutenus d’une force vitale, animés d’une étonnante pulsion de vie.