— Par Jacques-Olivier Ensfelder(*) —
Devant l’autel du tropisme
Et les sarments de l’espérance
La Da chimère
Ne passera pas son alliance
À l’annulaire de la belle ilienne !
Enfant sans âge s’allaitant aux prismes
De ses illégitimes accouchements
La Da ne peut assouvir sa soif
Gargantuesque de reconnaissance
Qu’au sein des plus fidèles.
Si peu vos danses
Si peu vos musiques
Si peu vos poètes
Si peu vos tambours hélants
Si peu L’Espère-geste
Si peu les contours
Prometteurs de l’ilienne.
Le serment entre Île et Elle
Est tronqué depuis la nuit des temps
Le lait des étoiles a caillé
Sur les mamelons des jours mornes .
Prodigues orphelins en miroir :
Île et Elle rêvent
De se façonner des ailes
Pour ne plus se faire voler l’aire
De leurs origines imaginaires .
(*)®Jacques-Olivier Ensfelder
Artiste dramatique/Poète
Décembre 2021

« Pour me tromper et pour la seconde vie, écrit le poète Ensfelder… je suis l’ignorant, le poète de ton énigme ; tu possèdes précairement son nom vacant, un astre englouti parmi les étoiles. »
Jacques-Olivier Ensfelder ( photo) fait montre d’un grand talent dans «La nuit juste avant les forêts ». Il portait en lui ce texte comme on garde un mystère. Depuis de longues années. Au fond du cœur. Étranger à lui-même et si proche, comme un enfant qui vous déchire de trop vous ressembler. Il porte le texte qui souvent l’emporte. C’est une bataille douce et douloureuse qu’il livre sur scène, dans une chorégraphie amoureuse avec les mots, les sonorités, les registres de langage, la musicalité de la phrase. Les scansions, les découpes qu’il opère dans le texte, se construisent comme témoignages de fidélité et de reconnaissance, comme preuves d’amour à l’auteur trop tôt disparu. Seul en scène il convoque la multitude des rencontres éphémères, des amoures sans lendemains, des déceptions d’une demande infinie dont l’objet toujours se dérobe à ne pouvoir être nommé. Sec et nerveux, violent et précis le phrasé épouse et enlace le propos, lui accorde des plages de repos, de calme précaire sur fond d’inquiétude sans cesse renaissante.
Jacques-Olivier Ensfelder travaille depuis sept ans avec un petit groupe de femmes passionnées de théâtre. Un seul homme durant ce « septennat » s’est aventuré sur les planches. Le metteur en scène récuse la distinction entre théâtre amateur et théâtre professionnel. Il explique que bien des amateurs ont un talent au moins équivalent à certains professionnels. La preuve nous en est donnée chaque année par une troupe subventionnée dont le metteur en scène s’escrime à vouloir jouer, pour un résultat sur lequel on ne s’appesantira pas.
