Étiquette : islamisme

Le terrorisme religieux

— Par Michel Herland —

djihadiste « Allah est venu à eux par où ils ne s’y attendaient point et a lancé la terreur dans leurs cœurs » (Coran, 59-2, verset cité par Daech dans le communiqué revendiquant les attentats du 13 novembre 2015).

Terrorisme ? Encore faut-il s’entendre sur la définition. Proposons celle-ci : toute action qui vise délibérément des civils anonymes, cherchant ainsi à semer la terreur dans la population pour faire triompher une cause. Bien que s’affranchissant des « lois de la guerre », le terrorisme, qui est l’arme des faibles, est présent de manière habituelle dans les guerres asymétriques. Quand les Israéliens envoient leurs bombardiers sur Gaza, des Palestiniens se font sauter avec tous les passagers d’un autobus. De même pour Daech : en riposte aux bombardements aériens de la coalition occidentale, des Russes, etc., il mobilise des kamikazes chargés de tuer des civils à l’aveugle. Il ne s’agit pas ici de savoir qui a raison ou qui a tort dans les conflits en question, seulement de comprendre que le terrorisme est inévitable dès qu’un conflit met face à face un camp équipé de tout l’armement moderne (système satellitaire, drones, chasseurs bombardiers, etc.)

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Les fous d’Allah et les trafiquants de drogue

— Par Michel Herland —

11 janvier 2015 Paris, Place de la République

Les événements tragiques du mois de janvier 2015 ont provoqué chez quelques intellectuels classés à gauche une réaction paradoxale, que l’on peut identifier au communautarisme le plus extrême : l’État ne devrait pas seulement une forme de respect minimale aux cultures minoritaires, y compris les religions (ce qui est conforme au consensus national), il deviendrait comptable de la survie culturelle de chaque communauté. Qui plus est, nous serions, nous les Occidentaux, et les Français en particulier, collectivement responsables de ces événements et l’islam n’aurait rien à y voir.

Il suffit pourtant de réfléchir un tout petit peu pour comprendre que si les politiques suivies en  France sont, pour partie au moins, à l’origine, d’un certain nombre des difficultés que rencontrent beaucoup de membres de la minorité musulmane, ces politiques ne sont pas responsables du djihad ici ou ailleurs. D’une part parce que la montée de l’intégrisme musulman est un phénomène global. D’autre part parce que, en France même, les ratés de l’assimilation ne se sont pas tous rangés sous la bannière d’un islam revanchard et cruel.

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Islamisme et dictature, les deux faces d’une même pièce

— Entretien réalisé par Sophie Joubert et Rosa Moussaoui —

islam_islamismeDe passage à Paris, l’Égyptien Alaa El Aswany et l’Algérien 
Kamel Daoud se sont prêtés au jeu du dialogue entre deux écrivains aux premières loges des bouleversements qui refaçonnent, depuis 2011, le Maghreb et le Machreq. Paroles de liberté en toute liberté.

Alaa El Aswany, dans votre livre Extrémisme religieux et dictature, vous évoquez à propos de l’islamisme et des régimes autoritaires les deux faces d’un même malheur historique… Quels liens ces deux projets politiques entretiennent-ils ?

Alaa El Aswany : Je parlerai de l’Égypte. L’Occident commet à mon avis une erreur en appliquant la même grille de lecture à tous les pays arabes… Dès 1952, en Égypte, ce piège s’est mis en place : d’un côté la dictature, de l’autre, le fascisme religieux, avec une alliance tacite entre le dictateur et les extrémistes. Le dictateur utilise les extrémistes pour se débarrasser du mouvement démocratique⋅ Mais lorsque les extrémistes veulent le pouvoir, une confrontation se produit : les extrémistes sont réprimés, jetés en prison, assassinés⋅ Vient ensuite le temps des négociations aboutissant à une nouvelle alliance⋅ Au final, c’est toujours le peuple qui paie l’addition, bien plus que les extrémistes.

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Ces intellectuels qui tissent un islam progressiste

— Par Nicolas Dutent —

islam_progressisteLa confusion entre islam et islamisme n’a jamais totalement cessé de sévir. Plusieurs spécialistes de l’islam agissent, à différents niveaux, pour sortir des lectures orthodoxes ou tronquées du Coran. Faire triompher de nouvelles interprétations ne peut faire selon eux l’économie d’une réforme.

« J’ai une maison fissurée, que j’ai cru être une belle demeure, mais elle commence à prendre l’eau, le vent de partout et menace de s’écrouler. Les pierres de taille de départ me plaisent, donc je la déconstruis au sens où je prends pierre par pierre et je la rebâtis pour en faire un beau palais. » C’est par le recours à une métaphore que Ghaleb Bencheickh, physicien et islamologue érudit, empoigne son sujet. La figure de style n’est pas neutre. Elle vise, en bravant les tensions du présent, à tisser de manière positive l’avenir de l’islam. Dans le déluge médiatique qui a suivi l’assassinat de nos confrères de Charlie Hebdo le 7 janvier, blessure aussitôt ravivée par l’attentat antisémite ignoble survenu dans un Hyper Cacher, on ne compte plus les fois où il a été affirmé que ces meurtres ont été perpétrés « au nom de l’islam ».

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Amath Dansokho : « Derrière les guerres en Afrique, la guerre économique »

amath_dansokho« Avec la religion universelle qu’est devenu le capitalisme, on a encouragé l’émergence d’oligarchies bâties sur le détournement des ressources publiques. »

Le Sénégalais
 Amath Dansokho
 est une figure de la gauche africaine. Ministre d’État, l’ancien secrétaire général du Parti 
de l’indépendance et du travail, réputé pour son franc-parler, décrypte les engagements militaires français 
sur le continent.

Avec l’opération « Sangaris » en Centrafrique, la France est une nouvelle fois engagée militairement sur le continent. Comment jugez-vous cette posture de gendarme de l’Afrique ?
Amath Dansokho. Apparemment, c’est pour la bonne cause… Ces pays, le Mali, puis la Centrafrique, étaient confrontés à des situations catastrophiques. Il fallait une force pour enrayer le cycle des violences de masse. Dans ces circonstances, la France est apparue comme une force luttant contre des tortionnaires, des assassins de la pire espèce. Dans le cas du Mali, on voit mal quelle autre force organisée et puissante aurait pu arrêter l’avancée des djihadistes, des forcenés qui veulent imposer leur modèle de société par la mort et la violence. C’est ce qui explique le large soutien apporté à l’opération « Serval » au moment de son déclenchement.

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