Étiquette : Ina Césaire

Petites forme 2021 : Evan Placey, Ina Césaire, Alfred Alexandre

— Par Selim Lander —

Ces filles-là : rafraîchissant

Traiter un thème grave sans jamais se prendre au sérieux : n’est-ce pas le premier secret du théâtre moral ? Car on peut bien parler de « théâtre moral » à propos de cette pièce. Il ne s’agit pas en effet ici de dénoncer les injustices dont seraient victimes une catégorie sociale – comme l’exploitation d’une classe par une autre – auxquelles un changement de politique pourrait remédier, mais de faire prendre conscience d’un travers qui semble inhérent à la nature humaine, à savoir la recherche d’un bouc-émissaire : soit comment « oublier » ses propres travers en désignant un responsable de tous nos maux. Ainsi, en Martinique, on chargera la « caste béké » du péché du chlordécone comme si l’île « toute entière », c’est-à-dire plus précisément les planteurs petits et gros et les élus, avec la complicité des syndicats, ne s’étaient pas entendus pour demander dérogations sur dérogations (ce qui n’exonère évidemment pas une administration structurellement trop complaisante).

Evan Placey s’intéresse à un cas particulier de bouc-émissaire : le souffre-douleur des cours de récréation, ou plutôt la souffre-douleur, en l’occurrence.

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Lectures & échanges sur l’œuvre d’Ina Césaire

Mardi 16 mars – 18h Salle Frantz Fanon Entrée libre

Avec :

Axel Artheron – Modérateur
Aliou Cissé – Lectures
Aurélie Dalmat – Témoignage sur l’œuvre d’Ina Césaire – Lecture
Dédé Duguet – Le conte chez Ina Césaire – Témoignage
Sylviane Enéléda – Les mondes parallèles (L’imaginaire)
Adams Kwateh – La relation d’Ina Césaire à l’Afrique
Marie-George Giboyau – Témoignage

Ina Césaire est née en Martinique en 1942 où elle s’est ancrée définitivement après des études supérieures et un début de carrière universitaire en France en tant qu’ethnographe. Elle est membre du CRNS chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique.

Parallèlement aux nombreux articles scientifiques et à ses films ethnographiques sur la Toussaint, le Mercredi des Cendres, etc., Ina Césaire a publié plusieurs recueils de contes, dont un en édition bilingue et un autre en collaboration. Elle s’est attachée aussi à créer pour le théâtre (où sa sœur Michèle s’est également illustrée) en prenant sa matière dans les recherches ethnographiques (Ti Jean), dans l’histoire de son pays (Rosanie Soleil), dans l’histoire familiale (Mémoires d’Isles) et dans la littérature internationale pour diverses adaptations.

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« Mémoires d’îles » : texte d’Ina Césaire, m.e.s. José Exélis

Mercredi 17 mars 2021 – 20h Salle mobile – Saint-Esprit 

Avec : Suzy Singa, Catherine Césaire

Une nuit tropicale, une véranda en rase campagne. La pleine lune flirte avec les étoiles, les kataks bois rivalisent de concert. Nous sommes dans les années 60. Deux vieilles, deux « gran moun » Hermance et Aurore revisitent l’île du début du 20e siècle, à grands anhan de souvenirs, d’anecdotes croustillantes, douloureuses, nostalgiques et joyeuses. Mais au détour de cette parole feutrée à la limite du conte au quotidien, se révèlent des non dits, des joies et des souffrances, des peurs et des refoulements traversés d’exaltations restituant et révélant l’âme caribéenne et martiniquaise, mais aussi ses antagonismes de classes, ses conditions sociales disparates et un pan de notre histoire collective… donc du monde…

Lire la critique du 22 mars 2008 de Roland Sabra

Ina Césaire
Née en Martinique où elle s’installe après des études supérieures et un début de carrière universitaire en France en tant qu’ethnographe, elle est chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique pour le CNRS. Parallèlement à ses articles scientifiques et films ethnographiques, elle a publié plusieurs recueils de contes, romans et pièces : « Ti Jean », « Rosanie Soleil », « Mémoires d’Isles »…

José Exélis
José Exélis débute au théâtre en 1984 en tant que comédien sur une trentaine de productions et a écrit cinq pièces.

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Pour Ina, en hommage à sa mère Suzanne Césaire

On a encore oublié Madame Freud.

— Par Simonne Valmore —

Ta génération sera celle des femmes qui choisissent.
Suzanne Césaire à sa fille Ina.

«  Si mes Antilles sont si belles,
c’est qu’alors le grand jeu de cache
–cache a réussi, c’est qu’il fait trop beau,
ce jour là pour y voir »
Suzanne Césaire, Le grand camouflage, 1945

 

J’ai eu l’occasion de visiter un jour le Musée international de l’esclavage de Liverpool.

Liverpool, cette ville portuaire qui a participé au commerce triangulaire dédiait ainsi un grand musée à l’histoire de l’esclavage

Sur un des murs de l’exposition permanente, on pouvait voir la photographie d’une femme.

. C’était celle de la petite couturière d’Alabama, Rosa Parks , figure incarnée de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats -Unis. Mon regret fut de ne pas voir, également, une autre femme, d’une certaine manière, tout aussi emblématique, Suzanne Césaire.

C’était, pourtant l’occasion rêvée de la sortir de l’ombre, et de la présenter, à un large public. Suzanne qui allait devenir, deux ans après la Rebelle d’Alabama, l’épouse d’Aimé Césaire, et qui aura eu, comme lui, le même sentiment révolutionnaire de la vie.

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« Mémoires d’îles », une pièce d’Ina Césaire

Vendredi 16 novembre 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium

— Par Selim Lander —

Ina Césaire, née en 1942, quatrième enfant d’Aimé et Suzanne Césaire, est connue en dehors de ses œuvres littéraires pour ses travaux ethnographiques sur la Martinique. Mémoires d’îles peut être considérée comme un sous-produit de ces derniers, tant l’auteur s’y entend à faire vivre des personnages plus vrais que nature, ici deux vieilles femmes nées à la fin du XIXe siècle, avec leur préjugés, leurs obsessions, leurs tics de langage.

Ces deux-là sont demi-sœurs, qui partagent le même père et même sans doute davantage. Tout devrait pourtant les séparer et si elles sont ici réunies à l’occasion d’un mariage, il est clair qu’elles ne se rencontrent pas tous les jours, ce qui explique qu’elles aient tant de choses à se raconter. La pièce est construite sur l’opposition binaire entre Hermancia et Aurore. L’une négresse « bitaco », l’autre institutrice mulâtresse. L’une marmonne La Main noire, un chant d’incantation magique, tandis que l’autre se perd dans un Ave Maria. L’une qui mélange son français de créole et ponctue ses phrases de « Eh oui, eh oui » ou « tout bonnement », s’obstine à évoquer la « renonce », là où l’autre, fière de son bon parler, insiste : c’est « communion solennelle » qu’il faut dire[i].

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« Mémoires d’Iles » d’Ina Césaire. Adaptation et mise-en-scène de José Exélis

— Par Roland Sabra—

memoire_d_ilesNostalgie Blues et lutte des classes

Le rideau s’ouvre sur un espace vide dessiné par José Exélis et sculpté par la lumière de Valéry Pétris. Réussite. Elles sont deux, deux de cet âge qui n’a plus nom. Elles sont d’un autre temps, de ce temps où la mémoire de ce que l’on a fait prend le pas sur ce qui reste à faire.. Deux d’un même père, mais l’une mulâtresse et l’autre « mal sortie ». L’une reconnue et l’autre ignorée. Deux sœurs donc, par le père. Impair et passe. Elles vont se laisser aller à remonter le temps. Hermance, truculente, joue la carte couleur, négresse elle est, négresse elle se revendique. Aurore, elle a en mains deux paires, une paire blanche une paire noire. Elle hésitera toujours à jouer. Ambivalence de classe, de l’entre-deux. Elle s’enorgueillit de bien parler français, d’avoir intégrer les codes de la classe dominante, et se révolte à l’assassinat, resté impuni, par un gendarme blanc, de Zizine et Désétages à la veille d’un scrutin municipal : « Élections sans incident » dira la presse à la botte.

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