— par Janine Bailly —
L’épidémie semble s’ancrer dans le territoire, et pourtant la vie culturelle, trop longtemps contrainte au sommeil, se hasarde à reprendre des couleurs.
Vinrent d’abord les manifestations organisées par diverses associations en l’honneur du 150° anniversaire de l’Insurrection du Sud de 1870. Ainsi, le dimanche 13 septembre de ce mois, à l’initiative de Culture-Égalité une marche théâtralisée eut lieu au Vauclin, au cours de laquelle artistes et comédiennes ont « jalonné le parcours pour nous raconter et mimer l’histoire des Insurgés du Sud ». Le 19 du même mois, l’Union des Femmes de Martinique nous a invités au village-mémoire « Fanm limiè, léritaj lensireksion lisid », à l’Habitation La Mauny, offrant aux uns la possibilité de découvrir, aux autres celle de se remémorer « l’héritage de Lumina Sophie et des femmes insurgées », au travers notamment de performances artistiques et théâtrales.
Sont maintenant inscrites à notre horizon deux représentations théâtrales, que nous attendons dans l’impatience et la fébrilité ! La première, un Oratorio nommé « Antigone ma sœur », composé à partir de la pièce de Sophocle et proposé par l’enfant bien connu et bien-aimé du pays Nelson-Rafaell Madel, aura lieu les 2 et 3 octobre sur la scène Frantz Fanon de Tropiques Atrium.

Lors de la scène d’ouverture, un homme fume le cigare, à moins que ce ne soit le vent qui le consume. Des vagues s’abattent en gerbes blanchies d’écume sur le Malecon (la jetée) qui protège La Havane. Dans le dernier plan, le même homme fume toujours un cigare incandescent. L’eau monte jusqu’au seuil des maisons. Les vagues sont devenues plus grosses. Est-ce à dire que la situation de Cuba a empiré ? Hubert Sauper ne nous dit rien. Il filme, un peu en retrait de son sujet, comme s’il redoutait d’être pris dans le dispositif spéculaire qu’il dénonce. Difficile de savoir, à la vision de ce documentaire poétique et déambulatoire, ce qu’il pense de la situation de l’île qu’il situe au croisement d’une « fake news » et d’une utopie. S’il regrette l’épopée castriste. S’il applaudit à la réouverture des relations diplomatiques avec les États-Unis.