Étiquette : Guyane

La Martinique : vers une démographie de substitution ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
h_mongsLe vieillissement de la population martiniquaise et les désordres sociaux, politiques et économiques qui pourraient en découler ont suscité la réaction de Raphaël Confiant dans sa dernière tribune, « L’illusion de la Sylver économie ». Il estime qu’il ne pourrait se développer une économie fondée sur le vieillissement de la population que dans le cadre d’une économie globale. Or, selon lui, cette économie n’existe pas en Martinique.
J’ai souvent écrit que le mot économie n’a pas de sens, en Martinique, s’il est vrai que le prix de revient de chaque production comprend un intrant qu’on ne retrouve pas de façon systématique ailleurs : la part correspondant à l’aide de l’Etat. En effet, tant que la production ne sera pas accessible à la concurrence de nos voisins, on ne pourra pas parler d’économie· C’est dire combien il serait essentiel, pour atteindre cet objectif, que notre niveau de vie se rapproche du leur, c’est-à-dire vers le bas· Or les réactions enregistrées chaque fois qu’on parle de toucher aux 40% des fonctionnaires, qui ne sont qu’un supplément de salaire, laissent présager de celles qui suivraient l’annonce d’un rapprochement des salaires entre la Martinique et les autres îles des Caraïbes· Reste que les incertitudes du moment, la rapidité des évolutions ainsi que leurs surprenantes manifestations dans le monde, interdisent de penser que dame Fortune nous protégera toujours de ses larges ailes.

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Ecole en péril: la Guyane passe en zone d’éducation prioritaire renforcée

— Par Faïza Zerouala —

zep_prioritaireAprès des semaines de mobilisation, d’annonces et de contre-annonces, de changement de recteur, la ministre de l’éducation vient d’annoncer le passage en REP+, l’éducation prioritaire renforcée, de l’ensemble de l’académie de la Guyane. Cette décision tente d’apporter des réponses à la situation catastrophique de l’éducation.
La bataille des mots a été virulente. Les uns parlaient de « malentendu », les autres de « mensonge d’État ». Depuis presque une semaine, la communauté éducative ainsi que des parents et les syndicats étaient mobilisés pour obtenir le classement de l’académie entière de Guyane en zone d’éducation prioritaire renforcée, en REP+, selon la terminologie officielle en vigueur. Le mardi 24 mai, 600 personnes ont manifesté devant le rectorat, 80 % des enseignants étaient en grève selon le porte-parole de l’intersyndicale locale.

La protestation a payé, la ministre de l’éducation nationale a expliqué le mardi 24 mai à l’assemblée nationale (visible ici à partir de 44 minutes ), après une question de Gabriel Derville, député de Guyane au nom des autres parlementaires du département, que toute l’académie passerait dès la rentrée prochaine en éducation prioritaire renforcée, à l’exception d’un collège.

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En Guyane, un prêtre soupçonné de pédophilie placé en garde à vue

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Un prêtre soupçonné de pédophilie a été placé vendredi 8 avril en garde à vue à Kourou, en Guyane, a fait savoir une source proche du dossier à l’Agence France-Presse (AFP). Il a été signalé par son propre évêque, Mgr Lafont, personnalité considérée plutôt comme une figure d’ouverture au sein de l’épiscopat français

L’homme d’Eglise a été interpellé aux environs de 8 heures, heure locale, dans la commune de Macouria, où il était en fonction, a précisé la même source.

Une enquête, confiée à la brigade des recherches de la gendarmerie de Kourou, avait été ouverte contre le prêtre qui avait fait l’objet d’un signalement de la part de Mgr Lafont qui a été prêtre en Afrique du Sud de 1983 à 1996 et s’est beaucoup engagé dans la lutte contre l’apartheid.

Depuis le pontificat de Benoit XVI, les évêques ont obligation d’appliquer une politique de transparence sur ces sujets… Pour qu’une enquête soit ouverte, ils doivent faire un signalement auprès de la justice.

Dans un tweet posté jeudi, Mgr Lafont, déclarait : « Est péché, selon la Parole de Dieu, tout ce qui blesse l’intégrité spirituelle, affective ou physique d’une personne surtout d’un enfant.

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Coup d’arrêt au projet aurifère de Limonade en Guyane

bourg_de_saulLa société Rexma ne pourra pas exploiter la mine d’or de la crique Limonade, dans le Parc amazonien de Guyane. Un projet qui divise depuis des années les habitants et les orpailleurs professionnels.

Après plus de neuf ans d’études, de procédures et de polémiques, le projet minier conduit par la société Rexma sur la crique Limonade, à Saül, commune de 200 habitants du Parc amazonien de Guyane, vient de connaître un coup d’arrêt qui pourrait lui être fatal.

Le 2 septembre, à Cayenne, le Comité départemental de l’environnement des risques sanitaires et technologiques (Coderste), instance qui réunit des professionnels, des fonctionnaires et des élus, a en effet voté contre la demande d’ouverture des travaux.
Une zone aurifère prometteuse

Une décision motivée « par les insuffisances constatées dans l’évaluation des impacts sur l’environnement de l’exploitation envisagée », a justifié le Coderste. Cet avis négatif pourrait bien signer l’enterrement définitif d’un projet qui divise depuis de longues années en Guyane.

Tout commence en 2006, lorsque la société Rexma, une compagnie minière française spécialisée dans l’exploitation de placers (plages de gravier) aurifères en Amérique du Sud, obtient un permis de recherche sur la partie méridionale de la commune de Saül, permis délivré par le ministre de l’Économie de l’époque, Thierry Breton, contre l’avis de sa collègue de l’environnement, Nelly Olin.

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Pollution au mercure: les Amérindiens contre la France

— Par Delphine Saubaber —
orpailleurLe mercure utilisé illégalement par les orpailleurs clandestins, provoque une catastrophe sanitaire en Guyane. Deux associations ont déposé un recours à la fin de 2013 devant le préfet de Cayenne
L’Etat français est-il coupable d' »inaction fautive » à l’encontre des 10000 Amérindiens de Guyane? La plus vaste région française, riche en or, est la proie d’un orpaillage clandestin qui provoquerait, depuis plusieurs décennies, une catastrophe sanitaire et silencieuse⋅ Cela en raison de l’usage illégal du mercure par les chercheurs d’or⋅

Les Amérindiens connaissent en effet l’un des taux les plus élevés au monde de contamination par ce métal⋅ Deux associations, représentées par Me William Bourdon, ont déposé un recours à la fin de 2013 devant le préfet de Cayenne⋅ Faute de réponse, un recours de plein contentieux a été formé le 22 avril 2014 devant le tribunal administratif. Le préfet a obtenu un délai de quatre-vingt-dix jours pour y répondre.

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Un bilan de la création contemporaine en Guyane

— Par Selim Lander —

Une exposition consacrée à l’art contemporain guyanais est installée jusqu’au 12 mai sur les cimaises de la Fondation Clément en Martinique. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le lieu vaut à lui seul la visite. L’habitation Clément est sans doute le plus bel exemple de l’architecture coloniale martiniquaise. La maison des maîtres, parfaitement entretenue, est montrée dans son jus, avec les salles de réception au rez-de-chaussée et les chambres à l’étage. Des dîners sont encore parfois servis dans la salle-à-manger. Ce fut en particulier le cas lorsque le président Mitterrand et le président Bush (père) décidèrent de se retrouver en Martinique. Les communs (cuisine, …) situés conformément à la tradition dans des bâtiments à part, sont également ouvert à la visite.

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Le rôle des Jésuites dans les débuts des « bagnes » coloniaux de Guyane

  — par Danielle Donet-Vincent —

L’Ancien Régime avait ponctuellement eu recours à l’exil afin de débarrasser le territoire d’individus jugés encombrants : condamnés de droit commun, opposants politiques, prostituées avaient ainsi été mis à la disposition d’entrepreneurs chargés de développer certains territoires coloniaux français ; ils avaient été dirigés essentiellement vers le Canada et la Louisiane. La première de nos Républiques inscrivit ce processus dans l’arsenal législatif ; elle envoya en Guyane ses contingents d’indésirables, parmi lesquels les prêtres réfractaires. Le taux de mortalité fut dramatiquement élevé. Supprimée en 1801, la déportation fut rétablie par le code pénal de 1810. Faute de destination établie, la peine a été commuée en détention en forteresse en 1815. Le premier Empire puis les Restaurations étudièrent longuement le moyen de reprendre le processus interrompu pour des raisons essentiellement politiques. En 1816, un Comité fut mis sur pied afin de trouver une solution à cette situation ; il étudia avec attention les mesures prises par les Anglais en Australie. Dès cette époque, la Guyane est pressentie pour recevoir les exilés. L’Angleterre donnait un exemple magistral avec sa colonie pénale d’Australie, et la Deuxième République, déjà en marche vers le Second Empire, s’en inspira pour instaurer ce que nous appelons improprement les « bagnes » coloniaux.

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Guyane : ces 10 tonnes d’or introuvables

— Par Sébastien Roselé, en Guyane —

Les orpailleurs clandestins s’activent sous la couverture végétale opaque de la forêt amazonienne pour tromper la gendarmerie.

En dix jours, deux affaires sont venues rappeler qu’il y a de l’or en Guyane et que des trafics réels ou présumés gravitent autour. Il y a d’abord ce major […] de la gendarmerie de 52 ans, chef d’une toute petite brigade située à une heure et demie en voiture de Cayenne. L’homme a été mis en examen et écroué la semaine dernière. La justice le soupçonne d’avoir fermé les yeux sur les pirogues de ravitaillement des orpailleurs clandestins en échange d’une rémunération. Lui nie tout et explique qu’il laissait passer seulement les embarcations de son indic contre de précieux renseignements. La cour d’appel examinera ce lundi sa demande de remise en liberté.

Et puis il y a cette autre affaire presque incroyable. Près de 150 kilos d’or extraits du tribunal de Cayenne en toute discrétion – même la préfecture n’était pas au courant – et rapatriés dans l’Hexagone. L’information a filtré le 25 octobre. En fait, l’or est sorti du greffe du tribunal guyanais, mais il a été transféré dans les locaux d’une société guyanaise, seule capable de transformer l’or mêlé de mercure en or pur.

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Guyane: les ravages de l’orpaillage


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 L’eau du fleuve qui passe devant notre village est sale. Sale et blanchâtre depuis plusieurs mois. Il devient gênant de laver son linge, de se laver, de laver son enfant qui va boire cette eau en se baignant. C’est à cause d’un nouveau chantier d’orpaillage, très grand, sur la crique Lipolipo

«La terre de Guyane ne sera plus violée impunément», promettait Nicolas Sarkozy, il y a un an, à Camopi, un village amérindien de ce département d’outre-mer, en annonçant un plan de renforcement de la lutte contre l’orpaillage clandestin. Mais pour les villages établis sur le fleuve Maroni, près de la frontière du Surinam, la situation n’a fait que s’aggraver et ils dépérissent, victimes de la pollution et de la violence provoquées par les garimpeiros, les chercheurs d’or clandestins. L’ONG Survival (www.su

Réalisé par É.Pa Kindy Opoya.

«Je suis née en 1986 à Talhuen, un village à environ deux heures de pirogue en amont de Maripasoula. Je suis assistante de vie scolaire. Aujourd’hui, le quotidien dans nos villages, c’est la peur des garimpeiros. La peur, jour et nuit. Ils ont envahi notre vie.

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En Guyane, l’or mieux protégé que les Indiens

Environnement. Le parc national, nouvellement créé, privilégie les orpailleurs aux populations.


Par Eliane Patriarca

Après quinze ans de gestation, le Parc de Guyane va voir le jour : le décret de création a été publié au Journal officiel le 28 février. Grand comme la Belgique, avec 3,39 millions d’hectares, le huitième parc national français s’étend sur l’un des derniers massifs tropicaux forestiers encore relativement intacts. Sa création devrait être accueillie avec enthousiasme. Pourtant, c’est une avalanche de réactions négatives ­ de la consternation à la colère ­ qu’elle suscite. Motif : le parc, dont la mission est de protéger l’environnement, mais aussi les populations vivant dans la forêt guyanaise, a «oublié» les Amérindiens du Haut-Maroni. Au profit du lobby des orpailleurs.

Le Parc de Guyane se compose, selon la loi de 2006 qui a réformé le statut des parcs nationaux, de deux types d’espaces : la «zone coeur», très protégée, où ne sont autorisées que les activités de subsistance des populations autochtones (chasse, pêche, cueillette) ; et la zone de «libre adhésion», où sont autorisées les activités industrielles, et donc la recherche d’or.

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Des dégâts humains et écologiques

— Par Laurent Marot —

 

L’Office national des forêts (ONF) est en voie d’achever un inventaire des dégâts environnementaux de l’orpaillage en Guyane.  » Depuis 1990, selon une première évaluation, 200 kilomètres de criques ont été impactées, le sol étant bouleversé par des baranques – les fosses creusées pour chercher l’or – sur une surface de 7 000 à 10 000 hectares « , indique Michel Bordères, le directeur régional de l’ONF.

Les rejets de boues de l’orpaillage illégal dans les criques  » asphyxient les poissons et les herbes, quand la pollution est chronique et dure longtemps « , précise-t-il.  » Chez les orpailleurs légaux, il y a eu une évolution positive depuis dix ans, le fonctionnement des chantiers en circuit fermé – avec des bassins de décantation pour rejeter des eaux plus propres – a été adopté par presque tout le monde « , souligne M. Bordères.

Depuis le 1er janvier, le mercure – utilisé pour récupérer l’or, par amalgame – est interdit sur les sites aurifères. Selon la direction régionale de l’industrie de la recherche et de l’environnement (Drire), il ne serait plus utilisé par les orpailleurs légaux, mais il est toujours de mise sur les sites clandestins.

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Les Amérindiens de plus en plus contaminés

—  Par Eliane PATRIARCA —

Bilan de l’étude épidémiologique sur l’impact du mercure rejeté par l’orpaillage.

 


Libération vendredi 02 juin 2006

Le mercure rejeté par les chercheurs d’or en Guyane provoque-t-il des malformations congénitales ? On sait, depuis une première étude menée en 1994, que les habitants des villages amérindiens de la région du haut Maroni sont contaminés par le mercure via la consommation des poissons prédateurs des fleuves. Face à l’angoisse des populations qui redoutaient un lien entre malformations et mercure, la Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Antilles-Guyane a mené une nouvelle étude en 2005 dont les résultats seront publiés d’ici l’été. Entretien avec le docteur Thierry Cardoso.

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons étudié 246 naissances survenues entre juin 1993 et juin 2005. Pour les huit malformations congénitales observées (hydrocéphalie, trisomie, malformation vasculaire, perforation anale…), nous avons reconstitué l’histoire obstétricale des mères. En l’état actuel des connaissances scientifiques, aucune ne peut être imputée au méthylmercure.

Vous ne signalez pas d’excès de malformations…

On retrouve dans cette population exactement la même prévalence de malformations que partout ailleurs. Rien de plus.

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