— Par Michel Herland —

Comment essayer de gagner sa vie contre des concurrents meilleurs que vous sur le plan de la qualité, offrant pour le même prix que vous des prestations incomparablement supérieures, ou inversement capables de fournir à leurs passagers des prestations basiques pour un prix bien inférieur au vôtre ? On connaît la stratégie officielle d’Air France : préserver une image de luxe en serrant autant que possible les coûts afin de ne pas perdre d’argent. Une stratégie doublement vouée à l’échec, parce que le luxe coûte cher par définition et en raison des exigences démesurées d’un personnel naviguant qui vit encore avec les habitudes d’antan, lorsque la concurrence n’était pas ce qu’elle est devenue, et se comporte en enfant gâté. On ne sait que trop l’attitude déraisonnable des pilotes qui se considèrent propriétaires de la compagnie, leurs grèves à répétition qui plombent autant l’image d’Air France que ses finances[i].
C’est ainsi que les clients ont vu peu à peu se dégrader la qualité du service. Exit donc l’image de luxe de la compagnie sauf pour les passagers de l’avant.

Les salariés d’Air France qui ont arraché la chemise de deux cadres dirigeants ont dévoilé bien plus que leurs torses. Ils ont ce faisant contribué à mettre en lumière la tragédie des plans sociaux qui s’imposent aux salariés. Ils ont aussi divulgué la mascarade du « dialogue social » entre « partenaires sociaux ». Quelques semaines après le vote de la loi Rebsamen sur le dialogue social et les annonces du rapport Combrexelle qui va donner lieu à une nouvelle loi début 2016, le conflit à Air France tombe bien mal pour le gouvernement.