« Soungoula, le roi des piments » et ses pères Noël noirs, une belle idée cadeau

— Par Fara C —.
sounfoulaEn ce conte euro-mauricien édité par l’Harmattan, Per Sorensen poivre sa prose de critique sociale et d’humour.

Que vous le dévoriez en une fois ou que le savouriez ligne après ligne, page après page, « Soungoula, le roi des piments » vous réchauffera l’âme, au fur et à mesure qu’il embrasera votre imaginaire. L’auteur, Per Sorensen, y élabore un métissage rare, à la croisée des contes de son compatriote Andersen et de ceux, ancestraux, narrés lors des veillées dans l’Océan indien. On croit, par moments, y croiser les ombres de La Fontaine, Jacques Prévert ou de certains surréalistes. Cet ouvrage ravira les adultes qui aiment baguenauder hors des sentiers battus. Le lire par chapitres à des enfants, c’est comme ouvrir grand l’horizon à la fantaisie.

On y perçoit aussi une profonde conscience de classe. Per Sorensen poivre volontiers sa prose de critique sociale et de dérision. Lui, qui se définit « danois par mes parents, mauricien du côté de ma regrettée femme et français du côté de mes enfants », a entamé un long compagnonnage avec le PCF, peu après son arrivée en France en 1969. Au Danemark, il avait déjà publié deux recueils de poésie dans sa langue maternelle, dont « Les banlieues dormeuses » (1970), salué là-bas par nombre de critiques, et, c’est logique, dénigré par les pyromanes de la haine. Principalement peintre à l’époque, il a débarqué en France avec le désir d’apporter sa pierre à « un art public au contenu social ». Dans son modeste atelier de Montreuil-sous-Bois, il faisait tout de ses propres mains et de ses neurones : créer ses affiches en sérigraphie, les imprimer et les coller, souvent pour le Parti communiste et les municipalités de gauche en Seine-Saint-Denis.

Graffeur d’avant le graff, il a dû interrompre la sérigraphie, en 1978, à cause des solvants nocifs, et s’est recentré sur l’écriture. Le français, quotidiennement parlé avec sa femme mauricienne et ses enfants, s’est imposé à lui, en douceur. Quand la maladie lui a arraché sa chère épouse, inséparable complice qui l’avait initié à la richesse de la culture mauricienne, écrire est devenu, pour lui, non seulement un refuge, mais aussi un acte de résistance, qui lui a permis de rester debout, en particulier pour ses deux gosses, qu’il a élevés avec amour. Au fil des ans, il a fabriqué et publié ses livres dans le cadre de ses éditions (Toubab Kalo) : « La cigale du métro et autres poèmes à haute voix » (2005), « Le petit joueur de flûte de Babylone » (poème illustré, 2006), « Haïku-gags » (2008)

« Just Like Home – Comme chez toi » (2009)… Jusqu’à ce succulent « Soungoula, le roi des piments », que la fameuse société d’édition l’Harmattan a eu l’excellent goût d’ajouter à son catalogue. Y intervient une formidable galerie de personnages : Soungoula le lièvre dans le rôle principal, une bande des piments, qui sont les autres héros de ce récit allégorique, des serins salvateurs, une tortue notaire et, cela tombe à pic, des pères Noël noirs…

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