Sexe : nos fantasmes observés à la loupe

— Par Jérémie Bazart

fantasmeDans l’Humanité Dimanche : Les fantasmes sexuels « anormaux » existent-ils ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des chercheurs canadiens. L’enjeu, établir une norme pour aider à définir une pathologie et surtout éviter de qualifier de « déviants » des « comportements » bien plus communs qu’on ne le pense…

Le 18 mai 2013, vingt ans après la précédente, l’association américaine de psychiatrie (APA) publiait la cinquième édition du « Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux » (DSM 5) (« HD » n° 438). On peut y trouver des tas de choses intéressantes (lire ci-contre), et une partie y est consacrée à la définition des fantasmes atypiques, appelés également paraphilie. Le DSM 5 parle de fantasmes « anormaux », alors que l’Organisation mondiale de la santé parle de fantasmes « inhabituels » pour définir ces paraphilies. Qu’en est-il exactement ? Et qu’est-ce qu’un fantasme sexuel normal ? Le « Journal of Sexual Medicine » a publié le mois dernier les résultats d’une étude canadienne sur la nature des fantasmes sexuels de la population générale, réalisée par des chercheurs de Montréal. « Cliniquement, nous connaissons bien ce qu’est un fantasme sexuel pathologique, affirme Christian Joyal, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Il implique des partenaires non consentants, il induit une souffrance ou encore il est absolument nécessaire pour obtenir satisfaction. » Mais de là à définir ce qu’est un fantasme anormal ou atypique… Pour tenter de le faire, les chercheurs ont tout simplement demandé à des personnes de la population générale. La majorité des études sur les fantasmes ayant été réalisées auprès d’étudiants universitaires, il s’agissait cette fois de trouver des adultes qui accepteraient de décrire leurs fantasmes. C’est ainsi que 1 517 hommes et femmes de toutes orientation s sexuelles, âgés de 30 ans en moyenne, ont répondu à un questionnaire par Internet. D’une part ils ont à choisir parmi 55 fantasmes qui leur étaient proposés. Par ailleurs ils ont pu décrire en détail leur fantasme favori. Cette intrusion intime mais volontaire n’avait donc qu’un objectif : « Spécifier une norme en matière de fantasmes sexuels, étape essentielle aux définitions de pathologies », poursuit Christian Joyal.
PAS SI « ATYPIQUES » QUE ÇA

Les résultats sont sans surprise : il y a bien plus de fantasmes communs que de fantasmes atypiques. Les hommes ont plus de fantasmes ou, en tous cas, les rapportent avec une plus grande intensité que les femmes. Typiquement, les hommes fantasment sur le sexe oral et anal et sur le fait d’avoir des relations sexuelles avec deux autres femmes qu’ils connaissent. Les femmes sont quant à elles plus portées…

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