« Soleil Ô », un film de Med Hodo

Mercredi 19 avril à 18h30
Tropiques Atrium – Salle Case à Vents
Tarif 3€
Soleil Ô
CINÉCLUB : MED HONDO
France-Mauritanie – 1973 / 1h 38 /
Drame
De : Med Hondo
Avec : Robert Liensol, Théo Legitimus, Bernard Fresson

Synopsis:
Un immigré africain en quête de travail, découvre les aspérités de la « Douce France », le racisme de ses habitants, le désintérêt des syndicats et l’indifférence des dignitaires africains qui vivent à Paris, au pays de « nos ancêtres les Gaulois ».
Un cri de révolte contre toutes les formes d’oppression, la colonisation et toutes ses séquelles politiques, économiques et sociales ainsi qu’une violente dénonciation des fantoches installés au pouvoir dans beaucoup de pays d’Afrique par la bourgeoisie française.

La presse en parle :
Africultures
Tourné avec un maigre budget, accueilli contradictoirement par la critique, distribué plusieurs années après, ce film trace le portrait d’un immigré noir qui monte à Paris « au pays de ses ancêtres les Gaulois ». Ce film-manifeste dénonce une nouvelle forme d’esclavage : l’immigré essaie désespérément de trouver un travail, un logement, mais doit faire face à l’indifférence, le rejet, l’humiliation. Jusqu’au hurlement final de révolte.
Soleil O est le titre d’un chant antillais qui conte la douleur des Noirs amenés du Dahomey aux Caraïbes.
Source : Africultures

Les Cinémas africains
« Les nombreux thèmes du film se répartissent autour de deux grands axes : une virulente dénonciation des fantoches installés au pouvoir dans beaucoup de pays d’Afrique par la bourgeoisie français d’une part, une véhémente contestation de la condition des immigrés noirs au pays de leurs ancêtres les Gaulois d’autre part. Pour l’auteur, il existe évidemment un rapport dialectique entre ces deux séries d’éléments. Et il le montre. »
Extrait de « Les Cinémas africains en 1972 » de Guy Hennebelle dans livret promotionnel de « Soleil Ô », 1972
Source : Ciné-Archives

Positif
 » (…) Le diagnostic de Med Hondo n’est guère rassurant : dans notre monde, dit-il, nul n’est innocent. Thèse extrême et, c’est tant mieux, qui fait mal. Aux images de certains blancs et des colonialistes, Hondo oppose les portraits entourés de flammes de Lumumba, Ben Barka et Che Guevara à la fois témoins et victimes. Soleil Ô n’est pas un film nuancé. Il crie très fort la valeur du refus. »
Extait de la critique de Bernard Cohn pour Positif dans livret promotionnel de « Soleil Ô », 1972

Source : Ciné-Archives

Jeune Afrique :
« Med Hondo, de toute évidence, avait lui, beaucoup à dire. Alors il a tout dit ! Avec un style constamment soutenu, un rythme d’inspiration presque haletant, des procédés variés (théâtre brechtien, dessin animé, caricature jusqu’à l’absurde, satire politique) et un punch peu commun.
Le plus grand film africain à ce jour ! C’est la conviction que beaucoup partage depuis qu’ils ont vu « Soleil Ô » du réalisateur mauritanien Med Hondo. Plusieurs vont jusqu’à penser que ce film (de deux heure en noir et blanc) marque une date dans l’histoire du septième art international. Nous sommes en effet en présence d’une œuvre extrêmement moderne sur le plan esthétique fortement percutante sur le plan politique. Par rapport aux films africains (tant du Nord que du Centre) généralement prudents dans leur contestation et sages par leur facture. « Soleil Ô » constitue une révolution. C’est un véritable coup de tonnerre. »
Critique de Jeune Afrique dans livret promotionnel de « Soleil Ô », 1972
Source : Ciné-Archives

*******

Med Hondo est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur franco-mauritanien, né le 4 mai 1935 à Atar (Mauritanie) et mort le 2 mars 2019 à Paris 14e.

Il appartient à la deuxième génération de réalisateurs africains, après les précurseurs comme Ousmane Sembène. Actif dans le doublage, il est également connu pour son travail dans ce domaine. Il est notamment la voix française régulière d’Eddie Murphy (dont l’inspecteur Axel Foley dans Le Flic de Beverly Hills) et une voix récurrente de Morgan Freeman.

Biographie
Jeunesse et formation
Né le 4 mai 1936 à Atar, en Mauritanie, issu de la tribu des Barikalla (Maures), grande tribu maraboutique du nord2, une de ses grands-mères est originaire du Mali et son père est mauritanien[réf. nécessaire], Med Hondo arrive à Marseille (France) en 1959.

Docker dans un premier temps, puis cuisinier, il découvre alors le théâtre et s’inscrit aux cours d’art dramatique chez Françoise Rosay, où il joue dans de nombreuses pièces (Shakespeare, Tchekhov, Kateb Yacine, Aimé Césaire, Brecht, etc.), puis participe à la création du Comité africain des cinéastes, pour fonder un peu plus tard, en 1966, sa propre troupe, Griotshango. Il devient acteur et producteur, membre de l’ARP.

Cinéma
Il s’initie au cinéma en tournant deux courts métrages : Balade aux sources et Partout ou peut-être nulle part. Il joue notamment dans deux films, Un homme de trop de Costa-Gavras, en 1966, et Promenade avec l’amour et la mort de John Huston, en 1969.

En 1965, il écrit le scénario de Soleil Ô, un film qu’il réalise alors avec un budget très restreint, puisque les acteurs sont bénévoles, sur la condition des ouvriers immigrants, qu’il termine en 1969. Défini par l’auteur comme « 10 ans de gaullisme vus par les yeux d’un Africain à Paris », reprojeté à Cannes en 2017 dans une sélection de reprises de classique et présenté comme « une attaque cinglante contre le colonialisme », il remporte divers prix et est sélectionné une première fois au festival de Cannes mais il est interdit par la suite, pour des raisons diplomatiques, dans divers pays.

Malgré cela, Med Hondo continue son travail de réalisateur, examinant le colonialisme et le post-colonialisme. En 1973 sort Les Bicots-nègres, vos voisins, toujours sur le thème de la vie des immigrés et du racisme en France.

En 1977, il tourne un film sur la lutte du Front Polisario, Nous aurons toute la mort pour dormir. En 1979, il revient à son thème initial avec West Indies ou les nègres marrons de la liberté, un récit sur l’esclavage et le colonialisme dans les Caraïbes5. Hondo qualifie lui-même le film de « music-hall tragi-comique ». Réalisateur engagé, il défend la liberté de création et à travers le post-colonialisme propose un cinéma à la portée sociale.

En 1986, il reçoit le grand prix du Fespaco au Burkina Faso et le prix du meilleur film au festival de Londres avec Sarraounia. En 1994, sort Lumière noire, puis en 2002 son dernier long métrage Watani, un monde sans mal.