« Scum », un film coup de poing d’Alan Clarke

Lundi 25 janvier – 18h30 — Mardi 26 janvier – 14h — Salle Frantz Fanon 

Avec Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth
Nationalité britannique
4 octobre 2011 en DVD / 1h 38min / Drame

Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Angleterre, années 1970. Trois jeunes, Carlin, Davis et Angel arrivent dans un borstal, un centre de détention pour mineurs. Ils ont peur. Ils ont raison, car ils vont connaître l’enfer. Dans le centre, c’est la loi du plus fort, la loi du plus méchant, le règne de la terreur et de l’humiliation. Pris dans l’engrenage infernal d’un système sans issue, Carlin, Davis et Angel n’ont plus qu’un but : survivre.
“’Scum’ est un film exemplaire, qui a traversé le temps sans rien perdre de son courage et de sa force.”

La presse en parle :
Critikat par Quentin Le Goff
L’étrange plaisir ressenti devant la réalité nauséeuse de Scum tient sûrement à la distance parfaite trouvée par Clarke. Seuls, la description froide et l’effacement du réalisateur seraient insupportables. Mais à force d’épouser leurs moindres mouvements, Clarke se fond subtilement dans ses personnages de petits merdeux (celui du titre, Scum, mais aussi le punk néonazi de Made in Britain et le hooligan de The Firm, petit chef assoiffé d’ultra violence); sans prendre ouvertement partie pour eux, sans jamais les abandonner non plus. Les longs travellings au steady cam apparaissent déjà dans le huis clos de Scum, réglés au millimètre, qui deviendront sa signature (notamment dans Made in Britain) et influenceront tant de réalisateurs dans ces « plans de nuques » suivant au plus près les déambulations de leurs personnages. Chez Clarke, ces mouvements accompagnent des boules de haines souvent lancées au hasard et explosant toujours à l’arrivée. Mais aussi près des corps soit-il, le réalisateur ne livre jamais la clé de ses personnages.

Télérama par Frédéric Strauss
Interdit, oublié, puis retrouvé et fêté, ce film maudit et légendaire aura tout connu. Y compris une réédition en salles. Trente-cinq ans après sa sortie, Scum rejoint le chemin des classiques, mais sans rentrer dans le rang : à part, pour toujours…
Cru et accusateur, le film dérange
Ce passage au cinéma ne règle pourtant pas le problème du film, qui continue à déranger. D’abord parce qu’il est cru, montre un suicide, un viol, du sang sur les murs et des coups de poings, de pieds, des tabassages en série. Des images accusatrices qui visent le pouvoir en place, puisque les Borstals, les centres de détention, sont placés sous l’autorité de la force publique. Mais le plus épineux, c’est le regard d’Alan Clarke. Franc, solide, il fait apparaître la nature de l’autorité dans l’institution : les gardes-chiourmes ont tous les droits et, pour faire régner la terreur, ils s’appuient sur des détenus pressés de devenir chefs de meute, et autorisés à toutes les transgressions dès qu’il s’agit de dominer et de briser leurs camarades. Dans Scum, les victimes du système répressif en sont aussi les serviteurs : le jeune gars qui, au début du film, est montré comme un danger pour l’ordre de la prison est celui qui y prendra du gallon, jusqu’à obtenir une cellule pour lui seul. En échange du maintien de l’ordre.

Senscritique par Truman
Violent et brutal, nous avons ici un film réaliste, violence entre les détenus, violence des surveillants sur les détenus, violence verbale, tension, injustice, viols, suicide puis révolte . Tout les sujets de l’univers carcéral y passe ( sauf l’évasion ) .
Scum c’est tout l’univers carcéral juvénile sans tabou et sans limite …
Un film coup de poing, un film percutant .

Les Inrockuptibles par Luc Chessel
Ce qui frappe dans Scum d’Alan Clarke, c’est d’abord quelque chose comme le sens du cadre, l’élément photographique, et son pendant filmique, le sens de la coupe. Or c’est un film sur l’encadrement, contre l’encadrement, c’est un film sur la violence, mais pas contre la violence.

Dans la société, c’est-à-dire dans la maison de correction pour adolescents que Scum décrit, la violence est une question de morale, de droit et de justice, une question de survie. Dans un film, dans ce film si juste, la violence est une affaire de cadre et de coupe, c’est une question de vie. Scum est un très bon film, et la question “qu’est-ce qu’un très bon film ?” est une question de morale, de droit et de justice, mais à condition d’être une question de cadre et de coupe.