Robert Hossein, homme de théâtre et de cinéma, est mort

Le réalisateur, acteur, scénariste et metteur en scène français, Robert Hossein est décédé ce matin. L’acteur, qui partage sa vie depuis de très longues années entre Vittel et Paris est mort des suites du Coronavirus dans une clinique à Essey-lès-Nancy. Il venait de fêter ce 30 décembre 2020 ses 93 ans.

Biographie
Robert Hossein est né le 30 décembre 1927 à Paris 12e (Seine).

Carrière au théâtre
Robert Hossein est le fils du compositeur azéri natif de Samarcande5,6,7 ou de Achgabat André Hossein, et d’Anna Mincovschi, comédienne juive native de Soroca

Il suit très tôt des cours de théâtre, auprès notamment de René Simon et de Tania Balachova et obtient son premier succès d’estime à 19 ans, grâce un rôle dans la pièce Les voyous. Il se dirige un temps vers la mise en scène et fait briller le Théâtre du Grand-Guignol de ses derniers feux, en association avec Frédéric Dard, avec notamment Docteur Jekyll et Mister Hyde, La Chair de l’orchidée d’après James Hadley Chase, ou encore L’Homme traqué, d’après Francis Carco.

Il prend en charge en 1970 le théâtre populaire de Reims, expérimentant un théâtre traité comme un véritable spectacle cinématographique.

En 1972, Isabelle Adjani joue avec sa troupe La Maison de Bernarda Alba de Federico García Lorca, qui la consacre (elle entre aussitôt après à la Comédie-Française).

À son retour à Paris, Hossein se lance dans une série de grands spectacles au Palais des Sports et du Palais des congrès de Paris, où le public est invité à prendre parti : Le Cuirassé Potemkine, Notre-Dame de Paris, ou bien encore Danton et Robespierre. La comédie musicale Les Misérables connaît un grand succès, et est reprise dans le West End puis à Broadway.

De 2000 à 2008, il dirige le théâtre Marigny.

Depuis 2015, avec Stéphane Bern et Eve Ruggièri, il prête sa voix à la narration du spectacle Le Fabuleux Noël du Château de Maintenon dans la scène retraçant la venue de Churchill au quartier général que l’amiral Darlan y avait installé.

Carrière au cinéma
Il commence sa carrière cinématographique en 1948 dans Le Diable boiteux, de Sacha Guitry, où il tient un petit rôle de figuration. Sa carrière s’accélère avec le film de Jules Dassin, Du rififi chez les hommes. Ensuite, il affrontera Jean Gabin, deviendra un des acteurs favoris de Roger Vadim, travaillera avec Yves Allégret, Alexandre Astruc, Édouard Molinaro, Mauro Bolognini, Nadine Trintignant, Christian-Jaque, Claude Autant-Lara et Julien Duvivier.

En 1955, il réalise son premier film, Les salauds vont en enfer, adaptation de la pièce de théâtre10 de son ami Frédéric Dard, dans lequel il est également acteur. Après Pardonnez nos offenses, qu’il réalise en 1956, et Toi le venin (avec Marina Vlady et la sœur de celle-ci Odile Versois), le voilà, en 1964, en héros romantique, incarnant Joffrey de Peyrac, dans Angélique Marquise des Anges, et dans trois autres films de la série (il y en a cinq en tout mais Robert Hossein apparaît dans quatre d’entre eux). Dans un registre plus intimiste, il est l’un des interprètes de La musica de Marguerite Duras, en 1967. En 1968, il retrouve Michèle Mercier, sa partenaire dans Angélique, pour La Seconde Vérité de Christian-Jaque puis dans Une corde, un colt, western français qu’il réalise et interprète.

De sa filmographie, on retiendra surtout — c’est l’avis de Robert Hossein — Le Vampire de Düsseldorf, film sobre et prégnant, qu’il réalise et interprète avec Marie-France Pisier, alors sa compagne.

Il multiplie les apparitions comme acteur, notamment dans Le Casse, d’Henri Verneuil. En 1973 il joue le prêtre et amant de Claude Jade dans l’émouvant Prêtres interdits de Denys de La Patellière ; L’Aurore écrit : « remarquablement interprété par Robert Hossein dont c’est un des meilleurs rôles. » Il a joué avec Johnny Hallyday dans Point de chute, qu’il réalise.

En 1981, il fait un retour remarqué dans Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. Toujours au cinéma : l’année suivante, Hossein dirige une version monumentale du roman de Hugo Les Misérables, où il n’apparaît pas, et en 1986 il se met scène sa femme Candice Patou dans Le Caviar rouge, adaptation par son ami et complice des débuts, Frédéric Dard, de sa propre œuvre ; l’acteur, lui, a pour partenaire Emmanuelle Béart dans Les Enfants du désordre de Yannick Bellon (1989), et dans Vénus beauté (institut), de Tonie Marshall, en 1999, il joue un ancien aviateur.

En 2009, on a pu le voir aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans le film Un homme et son chien réalisé par Francis Huster.

Vie privée et engagements publics
Famille
Il s’est marié avec Marina Vlady le 23 décembre 1955 avec qui il a deux fils, Igor et Pierre.

À 34 ans, il épouse ensuite le 7 juin 1962 Caroline Eliacheff alors âgée de 15 ans et deux jours, fille de Françoise Giroud, dont il a un fils, Nicolas, devenu Aaron Eliacheff, rabbin à Strasbourg et qui donne des cours de religion.

En 1973, il partage la vie d’une jeune comédienne âgée de 22 ans, Michèle Watrin (qui incarnait la cousine de Claude Jade dans Prêtres interdits) avant que celle-ci ne trouve la mort l’année suivante dans un accident de voiture.

Il est l’époux de Candice Patou, avec laquelle il s’est marié le 28 juin 1976 à Reims. Ils ont un fils prénommé Julien.

Religion
Dans les années 1970, il se lie d’amitié avec l’aumônier du théâtre populaire de Reims dont il a la charge.

Fils d’une juive russe et d’un père azéri de confession zoroastrienne, il se fait baptiser dans la religion catholique, en même temps que son fils Julien. Il est alors au seuil de la cinquantaine.

En 2007, il présente une pièce intitulée N’ayez pas peur sur la vie de Jean-Paul II. Il voue une dévotion toute particulière à sainte Thérèse de Lisieux.

En avril 2016, il est reçu par le pape François, sur la place Saint-Pierre à Rome. Il confie alors à Radio Vatican sa motivation pour la défense d’un théâtre populaire « qui permette aux jeunes de trouver des perspectives de culture, de sens et de foi »