Révolution nécessaire : Le rapport choc sur les discriminations dans le sport français appelle à des changements radicaux

Un vent de changement souffle sur le paysage sportif français alors que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale dévoile un rapport percutant sur les dysfonctionnements dans le milieu sportif. Daté du 23 janvier 2024, ce document expose les réalités inquiétantes et persistantes des actes racistes, homophobes, ainsi que des violences sexistes au sein des stades français, tout en mettant en lumière les défaillances systémiques de l’État et des fédérations dans la lutte contre ces fléaux.

Le rapport met en avant l’incident récent impliquant le gardien de but guyanais, Mike Maignan, victime d’injures racistes lors d’une rencontre en Italie. Cet événement, loin d’être isolé, est symptomatique de la situation actuelle dans le football français, où les discriminations persistent malgré les efforts officiels. Les déclarations de personnalités du monde sportif, dont Lilian Thuram et Didier Dinart, attestent de la réalité culturelle du racisme et des préjugés qui gangrènent le sport, et plus particulièrement le football.

La commission, après six mois d’investigations, pointe du doigt les défaillances de l’État et des fédérations, soulignant que le sport est loin d’être un sanctuaire exempt de discriminations. Le rapport, présenté par la présidente Béatrice Bellamy et la rapporteure Sabrina Sebaihi, met en avant la nécessité de lutter contre ces fléaux de manière plus efficace. Il dénonce également l’inertie des responsables sportifs face aux manifestations de haine et aux actes discriminatoires.

Le constat alarmant de la commission souligne la persistance des chants racistes et homophobes dans les enceintes sportives, sans réponse pénale effective. Les recommandations du rapport s’articulent autour de plusieurs axes majeurs. Tout d’abord, il appelle à la création d’un observatoire national des discriminations dans le sport, s’appuyant sur l’ensemble des parties prenantes. De plus, la commission propose la formation des intervenants sportifs, en particulier les éducateurs, sur les questions de discrimination.

Pour lutter contre le racisme dans les stades, la commission suggère d’être plus sévère avec les responsables d’actes discriminatoires. Elle propose d’inscrire dans le code du sport la possibilité pour le préfet d’interrompre temporairement ou définitivement une rencontre sportive en cas d’incident violent ou à caractère discriminatoire. De même, elle recommande d’interrompre la retransmission audiovisuelle en cas d’insulte homophobe ou raciste, une mesure qui enverrait un signal fort à l’ensemble de la société.

Outre les discriminations, le rapport met en lumière d’autres dysfonctionnements dans le monde sportif, tels que des problèmes financiers, des lacunes dans la gouvernance, et des difficultés dans la gestion et la prévention des violences sexistes et sexuelles. Les recommandations de la commission visent à instaurer un véritable choc de contrôle, de démocratie et de transparence. Elle appelle à la création d’une autorité administrative indépendante chargée de l’éthique du sport, capable de prononcer des sanctions financières et de rendre le milieu sportif plus démocratique et transparent.

Le rapport met également en exergue les rémunérations jugées anormales des cadres de certaines fédérations sportives, pointant du doigt la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, pour ses rétributions lorsqu’elle était présidente de la Fédération française de tennis. Ces recommandations s’inscrivent dans une vision plus large de renouvellement du milieu sportif, avec un appel à un choc de féminisation, un choc démocratique, et une reconnaissance accrue du statut de bénévole.

Malgré ces recommandations et constats, la réception du rapport est mitigée. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, le qualifie de « militant » et d' »instrumentalisé à des fins politiques », rejetant ainsi certaines des propositions. Le rapport souligne néanmoins l’urgence d’agir, à seulement six mois des Jeux Olympiques de Paris. La commission d’enquête espère que ses recommandations contribueront à transformer le paysage sportif français et à instaurer une culture plus inclusive, respectueuse et éthique.

M’A