Rapport parlementaire sur l’urgence de protéger les cours d’eau en France, et en Guyane

— Par Sabrina Solar —

Un rapport parlementaire paru ce mercredi 12 novembre alerte sur l’état global des cours d’eau dans le pays. « Protéger nos cours d’eau, c’est avant tout protéger notre avenir » préviennent les députés qui s’inquiètent des pressions qui pèsent sur la ressource en Outre-mer.

Un enjeu majeur pour la biodiversité

Les cours d’eau français se trouvent dans une situation préoccupante. En 2019, à peine 43 % des cours d’eau étaient jugés en bon état écologique, et 44 % en bon état chimique. Cette dégradation s’explique par une combinaison de facteurs multiples, notamment des pressions agricoles, industrielles et liées aux usages de l’eau. Un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité, la santé publique et le maintien des écosystèmes aquatiques.

L’état alarmant des cours d’eau

L’évaluation de l’état des cours d’eau révèle des disparités territoriales importantes. Les conditions varient considérablement entre la métropole et les territoires ultramarins. Si la Guyane affiche une bonne performance avec 76 % de ses cours d’eau en bon état écologique, des régions comme Mayotte (4 %) et La Réunion (8 %) peinent à atteindre des résultats similaires. Cette situation illustre une tendance générale, certes améliorée par des politiques locales, mais encore fragile et sous pression.

Les principales menaces qui pèsent sur les cours d’eau incluent :

  • L’artificialisation des milieux : La construction de barrages, canaux, et autres infrastructures perturbent la continuité écologique des rivières et affectent leur capacité de résilience.
  • Les pollutions diffuses : Principalement d’origine agricole, avec l’utilisation excessive de pesticides et de produits chimiques. Les pesticides, en particulier, exercent une pression significative sur les cours d’eau, surtout dans le nord de la France et en Outre-mer.
  • Les pollutions ponctuelles industrielles : Des substances chimiques émergentes comme les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) et les microplastiques, qui pénètrent les rivières, aggravant leur pollution.

Le besoin urgent de restaurer les cours d’eau

Le rapport souligne l’urgence de la restauration des milieux aquatiques, et la nécessité de renforcer les efforts pour restaurer les cours d’eau à hauteur de 500 millions d’euros par an. Cela comprend :

  • La révision des redevances des agences de l’eau, avec une meilleure redistribution des fonds pour assurer une meilleure qualité de l’eau et une plus grande équité entre les usagers.
  • Un cadre juridique plus simple et plus efficace pour lever les obstacles à la restauration des cours d’eau, notamment au niveau foncier, administratif et financier.
  • Un renforcement des actions locales par la sensibilisation et l’implication des acteurs locaux (agriculteurs, collectivités, entreprises) dans des projets de restauration écologique.

Une action nationale et locale

Les rapporteurs insistent sur la nécessité de favoriser la coopération entre les différents acteurs locaux et nationaux pour garantir le succès des projets de restauration. Les réussites observées sur le terrain ont toutes en commun l’implication active des populations locales dans la gestion et la préservation des cours d’eau. Ce processus de pédagogie et de démocratie de l’eau est crucial pour établir une véritable culture de préservation de l’eau à l’échelle locale.

Propositions concrètes pour une action immédiate

  1. Fusion des cartes des cours d’eau pour un référentiel unique et indiscutable, facilitant la gestion de l’eau à l’échelle nationale et locale.
  2. Fixation d’un objectif clair de bon état des cours d’eau, accompagné de jalons intermédiaires dans le cadre de la révision de la directive-cadre sur l’eau.
  3. Extension des missions du Conservatoire du littoral aux cours d’eau, pour préserver les milieux aquatiques et leur fonctionnement naturel.
  4. Soutien renforcé aux pratiques agroécologiques, permettant de réduire la pollution diffuse et d’atteindre une gestion plus raisonnée de l’eau.
  5. Élargissement des Schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE), actuellement présents sur seulement 56 % du territoire, à l’échelle de tout le pays.

Focus sur la Guyane

La situation en Guyane est particulièrement préoccupante. L’orpaillage illégal y représente une menace majeure, détruisant des kilomètres de cours d’eau chaque année. Entre 2013 et 2019, 7 % des cours d’eau guyanais ont vu leur état écologique se détériorer, principalement à cause de cette pratique destructrice. Le rapport appelle à :

  • Renforcer les moyens de lutte contre l’orpaillage illégal, qui pollue les cours d’eau avec du mercure et des matières en suspension.
  • Mettre en place des stratégies de protection spécifiques pour préserver les zones sensibles de la Guyane, qui abritent une grande partie de la biodiversité aquatique française.

Protéger les cours d’eau, c’est protéger notre avenir

Protéger les cours d’eau n’est pas seulement un impératif environnemental, c’est un enjeu de santé publique, de sécurité alimentaire et de gestion durable des ressources en eau. À travers ce rapport, il apparaît clairement que la préservation des cours d’eau est un défi de taille, mais réalisable si des efforts soutenus sont consentis à tous les niveaux – de la gouvernance locale à la politique nationale. Il est temps d’agir pour restaurer et préserver ces milieux vitaux pour le bien-être de tous les citoyens.

Ce rapport appelle à une action immédiate et ambitieuse pour inverser la tendance de dégradation des cours d’eau en France. La mobilisation des acteurs publics et privés, ainsi que des citoyens, est essentielle pour préserver cet héritage naturel et garantir un avenir durable pour les générations futures.