Que peut-on manger ?

— Par Florent Grabin, pour l’association écologique P.U.M.A.

Un pesticide est une substance chimique utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C’est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides, les parasiticides. Ils s’attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux  »mauvaises herbes  » et aux vers parasites.  »cf wikipedia »

Ces pesticides se retrouvent dans les produits agricoles et ont des Limites Maximales Réglementaires (LMR) qui sont fixées sur le respect des bonnes pratiques agricoles et garantissent la sécurité des consommateurs. La teneur en résidus de pesticides dans les produits est règlementée au niveau européen (règlement 396/2005 et ses annexes : règlement 178/2006, règlement 149/2008 et modifications). Ces règlements concernent à la fois les denrées alimentaires (alimentation humaine) et les aliments pour animaux.

De très grosses sommes d’argent circulent dans la production de ces pesticides qui suscitent de nombreuses polémiques débattues à l’échelle internationale, ainsi que des controverses scientifiques. Les enjeux économiques, politiques, sociaux et environnementaux, voire moraux, étant majeurs, ce qui conduit à de très nombreux procès et autres scandales sanitaires.

Pour circuler dans cette immense forêt de textes de lois, de connaissance juridique et scientifique, il faut que les lanceurs d’alerte soient très bien accompagnés. la Martinique n’échappe pas à cette règle, ainsi Pierre DAVIDAS (actuellement décédé) a pu dénoncer dans les années 90 les organochlorés. Cet homme fut contesté par un membre du groupe de l’association écologique qu’il avait créée arguant du fait qu’il était professeur de biologie, donc compétant pour contester ces dénonciations.

Que de temps perdu !!!

Depuis ces incidents la tension est montée dans le groupe ce qui donna lieu à une scission et à la naissance de l’association écologique APPELS, toute première organisation à dénoncer les organochlorés, dont la  »chlordéconne ». La libération des radios nous a permis de faire passer le message concernant les dangers encourus par l’usage de ces pesticides, ce fut un travail, long, épuisant, passionnant et très formateur à tous points de vue.

Ne perdant pas espoir, nous P.U.M.A. avons poursuivi ce travail qui nous a conduits à la mise en évidence les effets de ces pesticides sur l’Homme, la flore et la faune, accompagnés du cancérologue Dominique BELPOMME, nous avons révélé ce scandale lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, ce fut une bombe qui a mobilisé tout ce qui était possible comme contre-feu pour ruiner cette déclaration. Le Professeur Dominique BELPOMME, de dimension internationale a eu droit en Martinique au plus violent  »lynchage », fomenté par différentes organisations, dont des médecins… Nous avons eu honte de notre Martinique.

La raison reprenant le dessus, l’État a enfin mis en place des travaux pour tenter de trouver des solutions afin de protéger la population, mais la force destructrice est toujours présente, preuve en est : le couvert nous est de nouveau servi avec les mêmes rengaines de complot contre la population martiniquaise.

La vérité existe.

À notre demande le Président du Conseil Général a enfin compris qu’il fallait localement avoir un laboratoire d’analyse similaire à celui de Valence que nous avions visité à l’époque. C’est ce laboratoire qui a permis de trouver toutes les molécules qui circulaient dans l’eau du robinet et présente dans nos légumes, il n’a pas été facile de faire comprendre à l’État que les recherches faites à Lille et Massy ne répondaient pas à nos attentes d’une part et qu’il fallait impérativement domicilier au plus prêt du terrain un laboratoire pour réaliser toutes les analyses, d’autre part ; ce fut fait et nous avons enfin notre laboratoire qui est accrédité avec un personnel local de haut niveau de performance, bravo les filles.

Constatant que la demande de Pierre DAVIDAS de moderniser les usines de traitement de l’eau de boisson n’était pas prise en compte, nous, P.U.M.A., avons poursuivit le travail avec acharnement et détermination pour enfin obtenir satisfaction. Le charbon actif fut introduit dans le système, ainsi que des membranes à haut pouvoir filtrant. Là où nous avons échoué, c’est que certains périmètres de sécurité ne sont toujours pas en place.

Le GREPHY, une vaste histoire qui nous a amenés à croiser le fer avec le Préfet de l’époque et son administration ; enfin, le Groupe Régional Phytosanitaire, (GREPHY) qui est le groupe de travail chargé du suivi des pollutions par les produits phytosanitaires pour la Martinique, comme dans chaque région française, est né au pays.

Créé par arrêté préfectoral du 31 juillet 2001 et placé sous la présidence du Préfet de région, il réunit l’ensemble des acteurs concernés par la problématique de la pollution des milieux (eaux, sols, végétaux, animaux) par les produits phytosanitaires et les conséquences sanitaires que cela peut avoir sur la population de la Martinique. Depuis novembre 2009, il est désormais l’un des groupes techniques du Comité régional d’orientation et de suivi d’ECOPHYTO 2018, tout comme le CRES, Comité Régional d’Épidémiosurveillance.  

Quelles sont les missions du GREPHY ?

assurer la concertation et la coordination entre ses membres dans un objectif de cohérence et de synergie des actions,

réaliser le contrôle méthodologique, le rendu et la diffusion des résultats des actions,
• assurer une communication à destination de tout public sur les questions d’environnement  et de santé publique en rapport avec les produits phytosanitaires,

informer le Comité de bassin de l’état d’avancement des actions,

constituer une instance de proposition pour la Préfecture en vue de la prise de mesures réglementaires pour la prévention ou la réduction des pollutions par les produits phytosanitaires. 

Cet important outil a été rangé au placard depuis plus de trois années, ayant été reçu par Monsieur le Préfet ce lundi 22 janvier 2018, dans un autre cadre, nous lui avons communiqué le fait qu’il était urgent de reprendre la main, de remettre en place le GREPHY, de rendre publique la cartographie des terres contaminées et de nous accompagner dans notre démarche afin de revenir aux 20 µ de LMR tant pour la production locale que pour l’importation.

Il y a eu un premier plan chlordéconne, puis un deuxième tenant compte de nos revendications concernant l’élargissement de la recherche sur les autres molécules, puis un troisième plan, le tout financé à plus d’un million d’euros, c’est du jamais vu au niveau national.

L’unique solution pour éviter tout retour de molécules dangereuses consiste à produire sur des terres propres, d’où l’intérêt pour nos Maires d’annexer dans leur Plan Local d’Urbanisme (PLU) une Zone Agricole Protégée (ZAP) cette demande est récurrente, seul le Maire de Rivière Salée nous a suivit, actuellement nous sommes sur le point d’aboutir à la mise en place de la ZAP de Case-Pilote avec le Maire de cette commune.

Ce qui nous surprend, c’est que les chefs d’orchestre de cette manipulation de la population positionnent leur rampe de feu que sur une seule molécule, sans se préoccuper des autres organochlorés venant massivement de la nourriture importée. A-t-on fait autant de bruit quand l’utilisation de la molécule Glyphosate du ROUNDUP a été reconduite pour trois ans ? A-t-on réclamer l’évaluation des adjuvants et autres composants de cet herbicide le plus utilisé au monde ?

Plus grave, un grossiste a lancé une campagne publicitaire sur du poulet à 1.15 € du kg, cela n’émeut personne. Nous sommes en droit de nous interroger sur ce tarif étonnement bas, seule la population la plus faible économiquement peut en être victime.

Mais rassurez vous, ceux qui en ont les moyens se gavent de champagne toute l’année, avec en prime plus de soixante molécules par litre, c’est ça la réalité. Nous vous faisons grâce de toutes nos viandes à base d’hormones de croissance, de divers plats industriels chargés d’OGM.

Ce vrai cocktail détonant additionné à la réserve de chlordéconne que nous avons stockée pendant des années du simple fait qu’il fallait faire taire le PUMA, mais les faits sont têtus, le travail de Pierre DAVIDAS, d’APPELS poursuivi par P.U.M.A. continuera n’en plaise à notre ministre local de l’écologie et à celui de la santé, auxquels nous suggérons de rendre public le bilan de leurs travaux pour protéger notre population, depuis qu’ils sont élus.

 »L’Homme doit être ce qu’il fait, pas ce qu’il dit », notre vie dans la brousse nous a appris, Pour Une Martinique Autrement, que l’on peut mettre un bout de bois à tremper le temps que l’on voudra dans le lac il ne deviendra jamais un crocodile. Prov. africain. 

Pour l’association écologique P.U.M.A.

Florent Grabin