Premières Assises Martiniquaises du bien vieillir

Analyse du positionnement d’Alain Jeanville

— Par Fernand Tiburce Fortuné

Ce sont donc  tenues  les 20 et 21 septembre les premières assises Martiniquaises du bien vieillir sous l’égide de la Collectivité Territoriale de la Martinique (CTM).

Alain JEANVILLE  nous en a fait un compte rendu.

Qui est Alain JEANVILLE, dont la discrétion sera quelque peu atteinte par ce qui va suivre, et qu’il m’en excuse ? Je connais bien Alain, il a été mon fidèle et compétent collègue au sein de la CGSS Martinique, quand j’y étais directeur-adjoint. Juriste averti,  il a commencé sa carrière à la Sécurité Sociale, comme cadre à la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (ex CNAV), laquelle Caisse Nationale, je l’ai vécu au travers de multiples réunions parisiennes, a essuyé les plâtres de la loi –provisoire- du 24 janvier 1997, instituant une prestation spécifique dépendance pour les personnes âgées.

En 1993, Alain Jeanville devenait ancien élève de cette grande  école, si sélective, qu’est L’ENESSS (l’École Nationale d’Études Supérieures de Sécurité Sociale). Les souvenirs sont lointains, mais je crois que j’ai définitivement été convaincu de son entier dévouement à la cause du Service Public et de sa volonté de sauver nos entreprises, et particulièrement nos TPE, quand il a mis tout son savoir dans l’Organisation de la mise en place, côté Sécurité sociale, de la fameuse LOOM (Loi d’orientation de l’Outre-Mer, en 2000). Il quitte la CGSS pour exercer comme directeur adjoint à la CAF de la Martinique. Puis, n’ayant pas peur de la mobilité et sûr de ses  expériences multiples et de ses résultats, il a posé sa candidature,  puis a été recruté en 2010 comme Directeur général de la CAF de Haut Rhin, basée à Mulhouse, où il a œuvré à la  mise en place d’un contrat territorial social avec le Département du Haut Rhin,  ainsi qu’à l’élaboration d’un  des tous premiers schémas de la parentalité signé  entre une CAF et  une collectivité territoriale   En 2014 il revient diriger la Caisse du RSI des Antilles-Guyane jusqu’à son intégration à la CGSS.   Puis il prend sa retraite en 2019. Il revient à ses premiers centres d’intérêt en ouvrant en 2020 un Cabinet conseil en stratégie de développement  dans le domaine social et médico-social. Désormais, à travers ses écrits, son  activité d’enseignant, ses activités de conseil  et sa participation bénévole dans un EHPAD, il ancre fortement son engagement -avec une rare conviction- dans l’amélioration de la prise en charge et la reconnaissance  de nos grandes personnes en difficulté, tant morale que physique.

Il veut s’intégrer aussi dans les actions et réflexions menées par les autorités de contrôle et de tarification (ARS et CTM), et plus globalement celles poursuivies par une Société martiniquaise qu’il voudrait plus inclusive et plus solidaire.

Alain JEANVILLE a donc assisté à ce colloque, avec assiduité et intérêt pendant 2 jours pour voir comment était abordé et traité à un haut niveau politique et professionnel, un sujet qu’il connaît  bien.

L’article qu’il soumet à notre réflexion critique est ainsi organisé. Il se félicite qu’un tel colloque se tienne enfin et reconnaît que la Collectivité territoriale s’est vraiment investie dans son organisation, le choix des thèmes, le choix des participants, dont Madame Virginie MAGNANT, directrice de la toute nouvelle Caisse Nationale de la Solidarité pour l’Autonomie ( CNSA) qui a en charge toute la problématique du grand âge.

Il a raison de citer M. Charles Barclay que j’ai souvent rencontré avec le gériatre, Dr Daniel Vigier, dans de multiples réunion à l’Hôtel du Département sur ce tout nouveau sujet de l’Autonomie et de la prise en charge de la dépendance. Nous lisions et relisions les textes, nous tâtonnions, mais nous avancions. Il y a donc une mémoire martiniquaise de cette affaire, des hommes-ressources, des expériences et des exemples qui peuvent être des socles.

Ensuite, il fait part des aspects positifs qu’il décline en plusieurs points.

Il continue en mettant au jour ce qui selon lui est soit insuffisant, soit mal pensé, ou qui manque malheureusement. Enfin, il fait des propositions et appelle à une meilleure prise compte de la problématique, et à une coordination mieux assurée. Et surtout il pense que, le niveau élevé de la prise de  conscience des  professionnels de terrain, l’implication – même à confirmer-  des autorités politiques locales, le niveau de réflexion de certains acteurs locaux , tout cela milite pour l’inversion des rôles, la Collectivité devenant le principal acteur, avec comme outil technique l’ARS, dont le rôle de régulateur réglementaire  est forcément nécessaire.

Alain JEANVILLE est précis, documenté, et visionnaire. Il y aura nécessairement, dans notre petit Pays-Martinique des grincheux primaires, des colériques habituels, des opposants par nature, des propriétaires de projets qui se sentent dessaisis, qui vont monter au créneau pour « décaler » à qui mieux mieux un projet qui n’exclue pas mais qui se veut coordinateur et intégrateur. Malgré son assurance et ses certitudes, Alain Jeanville ne se positionne pas de manière frontale, il met ses propositions sur la table, compléments importants, lui semble t-il, pour mieux réussir demain. Il n’a pas une attitude radicale  de démolisseur. Il ne demande pas  de partir de zéro. J’ai ėcrit ( publié par ANTILLA en son temps ) un article en faveur de mon père, feu Félix-Hilaire FORTUNÉ ( arrêt BAREL, FORTUNE, BEJNAOUI, Conseil d’Etat 1954) grand artisan parmi d’autres de l’arrêt européen LANCRY (problème de l’octroi de mer). Je défendais alors que dans ce petit Pays-nôtre, il fallait oser penser que nous étions, nous aussi, des producteurs d’idées et d’utopies créatrices pour reprendre Césaire; qu’il nous fallait quitter le prêt à penser. Alain Jeanville se dresse donc ici comme producteur d’idées, certes, dans un domaine encore vierge et complexe. Mais, il ne rêve pas, il n’est pas dans l’imaginaire, il ne propose pas pour proposer. Il est aussi, et il l’a prouvé dans toute sa carrière, un homme d’action, un homme de terrain dans le domaine social. Il sait la valeur de la réflexion, il sait comment le temps peut être un frein, il sait que dans l’échange, les contradictions ne sont pas des contraires, il sait comment les idées se transforment en projets et les projets en actions et mise en œuvre. Il sait aussi que malgré les assurances et la qualité du travail de fond, au moment du top départ, il faut compter avec les difficultés imprévisibles. C’est pourquoi, je pense que ce texte doit être bien accueilli. Il partage et ne divise pas. Il ajoute et ne soustrait pas. Il ne rejette pas, il propose. Les temps sont difficiles, Alain Jeanville le sait, et c’est pourquoi il veut aller vite pour aider à transformer les difficultés du moment en opportunités pour demain.


Fernand Tiburce FORTUNE
Ancien élève de l’ENESSS ( 18 ème promotion) ».