Pour que le droit à la culture ne soit pas qu’un slogan

— Par Paule Masson* —

La culture est le parent pauvre des débats de campagne la électorale. Mais elle figure dans les programmes des candidats et tonifie le clivage gauche-droite.
Depuis trente ans, la culture étouffe sous l’emprise du marché. L’exception culturelle, maintes fois sauvée par les mobilisations sociales, reste boutée hors des traités commerciaux. Mais elle est dangereusement grignotée par les offensives marchandes de Vivendi, Apple, Amazon, LVMH et autres multinationales. Le mécénat gagne dans le financement de l’art, au détriment du service public. Depuis la crise de 2008, l’assèchement des budgets des collectivités territoriales a tari nombre de sources de financement, réduisant au silence des troupes de théâtres, compagnies de danse, festivals, amenant des bibliothèques, musées, maisons des jeunes et de la culture à fermer leurs portes ou réduire leur offre. La fracture des inégalités s’est creusée. Or, comme le dit le sociologue Edgar Morin, « la culture, c’est ce qui relie les savoirs et les féconde. »
La place accordée à la politique culturelle dans une campagne électorale est souvent le reflet d’une époque. Les élections présidentielles et législatives de 2017 ne dérogent pas à la règle : les propositions en matière de politique culturelle naviguent entre ombre et lumière. Quasiment absente du débat public, elle s’écrit dans les programmes des candidats, reflétant un clivage gauche-droite net, Emmanuel Macron se plaçant sans conteste très à droite de l’échiquier. Le candidat d’En marche ! pointe les « limites » d’une politique culturelle qui protège la création (soutien au cinéma, prix unique du livre). Une de ses propositions phares consiste à créer un « pass culture de 500 euros cofinancé par les distributeurs et les plates-formes numériques ». Amazon est appelé à financer le chèque, les bénéficiaires à « consommer » des produits culturels chez Amazon. Le candidat d’En marche ! veut pousser plus loin l’autonomie des établissements et grands musées, confortant ainsi des financements par mécénat. Il avance à pas feutrés vers une nouvelle vague de marchandisation de la culture, position par contre totalement assumée par François Fillon qui généralise les partenariats public-privé et porte une conception, comme Marine Le Pen, toute « patrimoniale », dans une version ossifié, de la politique culturelle.
A gauche, les projets sont radicalement différents, ancrés, pour Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, dans l’idée que la promotion de la diversité culturelle reste un facteur essentiel de cohésion sociale et d’émancipation humaine…

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*Paule Masson Rédactrice en chef à l’Humanité