— RS n° 414 lundi 29 septembre 2025 —
Au risque de provoquer quelques frissons, les élu·e·s de la CTM ont choisi de mettre le « congrès des élu-e-s » sous le signe de « la rupture ». On peut mettre beaucoup de choses derrière ce vocable, sauf l’immobilisme et la routine. Et c’est sûr qu’il faut une rupture avec les politiques et le système dominant.
Les congressistes vont-ils exprimer par une motion spécifique la rupture avec la politique macronienne qui écrase aussi bien le peuple martiniquais et les autres colonies, que les masses laborieuses de France ? Disons clairement que pour bénéficier de services publics décents en matière de santé, de défense de l’emploi, de l’environnement, il faut rompre ouvertement avec une politique qui prend aux modestes pour donner encore et encore plus aux plus riches. Il faut casser l’illusion suivant laquelle les Dominants pourraient avoir à notre égard, une générosité qu’ils n’ont pas à l’égard des exploité·e·s de leur France, elle-même ! Une motion claire à ce sujet serait un encouragement positif à la lutte.
La rupture avec la politique coloniale implique aussi, bien entendu, des mesures immédiates spécifiques pour les peuples colonisés. Toutes ces mesures supposent, au-delà des résolutions de congrès, de réelles mobilisations populaires.
Une des mesures nécessaires est la reconnaissance du peuple martiniquais en tant que peuple dans la constitution française. C’est le moyen de souligner la légitimité de toute négociation entre l’État et la collectivité martiniquaise, qui donnera un fondement juridique aussi bien aux négociations qu’aux consultations spécifiques du peuple martiniquais sur ces négociations. Un certain nombre de pouvoirs doivent découler de cette reconnaissance.
Un peuple a le droit de s’opposer au colonialisme de peuplement qui tend à le nier. Des mesures doivent aller en ce sens permettant de contrôler les installations de personnes et d’entreprises, les acquisitions foncières.
Un peuple doit avoir les moyens de se développer. L’économie de la Martinique est une économie sous développée. Dans une époque de capitalisme planétaire, l’autorité martiniquaise doit avoir le pouvoir douanier. Ce pouvoir permettra d’agir sur les choix de production et de consommation du pays. Il faut un pouvoir fiscal portant sur les revenus et les patrimoines, moyen à la fois de réduire les inégalités et de faire des choix économiques conformes aux besoins du plus grand nombre. Il faut disposer d’un pouvoir bancaire pour sortir des griffes de la finance, toujours au service des puissants et non du bien collectif.
La Martinique a besoin d’un pouvoir de négocier des accords internationaux sur tout ce qui concerne son avenir en propre.
Le développement économique de la Martinique dépend de notre capacité de sortir de la tyrannie du libéralisme économique. La Martinique doit avoir des moyens renforcés pour développer l’économie réellement sociale et effectivement solidaire. Les simples règles juridiques en la matière sont importantes. Mais il faut les renforcer davantage encore dans nos zones économiques déprimées. Ce renforcement devra être suivi d’une nouvelle position des élu·e·s, à l’opposé de la capitulation systématique des majorités successives, chaque fois qu’une possibilité concrète se présente.
Ces formes économiques qu’il faut favoriser dans leur diversité, par des dispositions réglementaires, permettront de poser tout autrement les problèmes du quotidien comme ceux du futur. Gestion publique de l’eau, service public de l’énergie, SCOP, SCIC, ou société d’économie mixte sous contrôle ouvrier et citoyen pour des secteurs économiques comme l’hôtellerie, Centrale publique d’achat avec un pouvoir de monopole, sous contrôle ouvrier et citoyen pour tout ce qui concerne la consommation de masse.
Dans le domaine de l’éducation, un consensus existe pour imposer une réelle priorité aux enseignant·e·s martiniquais·e·s en Martinique, et pour une refonte des programmes scolaires battant en brèche l’assimilationnisme dominant.
Les élu·e·s du congrès ne sauraient par ailleurs faire la sourde oreille devant la colère dans la population sur la façon dont la justice et la police sont administrées chez nous. Attendre l’indépendance nationale pour obtenir des changements en la matière équivaudrait dans les faits, à un renoncement. Les élu·e·s ne sauraient, sans renier leurs professions de foi démocratiques, se contenter de laisser les militant·e·s passer leur temps devant les commissariats et les palais de justice.
Le congrès peut décider dans l’immédiat de la mise en place d’une commission ad hoc composée d’élu·e·s, d’avocats, de structures militantes diverses, pour définir des propositions concrètes (revendications et programme de lutte).
Nous sommes persuadé·e·s que ces revendications doivent irriguer et donner sens à ce qu’on appelle le « débat institutionnel ». La formule politique que nous croyons juste et démocratique pour en débattre et trancher dans le peuple, est celle de l’élection au suffrage universel direct, à la proportionnelle intégrale, sans barre contre les petits et sans primes pour les gros, d’une assemblée constituante, comme le réclamaient dès août 1971 la convention autonomiste du Morne-Rouge portée par toute la gauche réformiste des dernières colonies de la France.
Le Groupe Révolution Socialiste soumet ces réflexions aux élu·e·s du congrès, aux organisations populaires, aux mouvements anticolonialistes, à la population.
SAUR de là !
La SAUR, entreprise privée ayant raflé le marché de la distribution de l’eau dans le nord de la Martinique, est depuis des semaines sur la sellette pour trois raisons :
1. Elle est le lieu d’un conflit social du fait de son refus initial de payer, comme convenu dans un accord, une prime de 3000 euros aux salariés, sans aucune clause d’échelonnement. Obligée finalement de céder, la SAUR veut récupérer l’argent promis en ne payant pas les jours de grève qui ont permis de gagner !
Cette prétention a, bien sûr, prolongé la grève. Songez-y un peu : vous créez la grève en refusant de respecter votre engagement. Quand vous y êtes contraint, vous reprenez l’argent pour fait de grève. Pas mal, non?
2. La SAUR s’est révélée incapable de fournir l’eau à ses abonnés depuis la grève, causant ainsi des dégâts considérables obligeant les élu·e·s à protester (le député Marcellin Nadeau, le Président de Cap Nord, Bruno Nestor Azerot qui menace de pénalités). Finalement la pression des élu·e·s et la colère des usagers obligent la direction à négocier.
3. La SAUR s’illustre enfin (et cela depuis plus longtemps) par une publicité dans la grande tradition du colonialisme de peuplement qui sévit chez nous. Une publicité choquante vantant pour les Français de France, les douceurs de la vie…au pays du chômage dominant et de la vie chère.
Tout cela prouve la justesse de la revendication d’un service public martiniquais de l’eau, mettant l’intérêt collectif au-dessus de la voracité capitaliste et du mépris colonial. Plutôt que d’avoir affaire à une direction qui prend son temps et recommencera ses turpitudes au grand dam aussi bien des salariés que des usagers, pourquoi ne pas passer à une gestion publique, sous contrôle aussi bien des salariés que des usagers ? Voilà qui réglerait d’un coup les trois problèmes évoqués !
Palestine : «Achever le travail » dit le criminel de guerre génocidaire !
En parlant de « solution finale » appliquée au peuple palestinien, nous n’étions pas dans l’outrance. Le hors-la-loi qui est venu éructer ses infamies devant une Assemblée Générale de l’ONU vidée de toutes les délégations dignes, a ouvertement déclaré vouloir «achever le travail», c’est-à-dire vider Gaza de ses survivant·e·s, raser la bande au bulldozer, annexer totalement la Cisjordanie, pour continuer le vol des terres et l’expulsion des occupant·e·s légitimes.
Le scélérat qui trône à la tête d’Israël se veut le représentant de la civilisation, des libertés, de « l’occident » face à un peuple qu’il déclare antisémite parce qu’il refuse de mourir.
Honneur aux millions qui dans le monde se dressent contre cette barbarie !
Honneur à celles et ceux qui, en Martinique, participent à cette exigence de la conscience universelle.
Honneur à la municipalité de Fort-de-France qui le 22 septembre a hissé le drapeau palestinien.
Honneur au collectif qui a récolté dans l’urgence une centaine de signatures pour une lettre demandant aux maires de hisser le drapeau !
Samedi au Lamentin, et lundi au François, des distributions de tracts montrent que l’urgence est plus forte que jamais.
MERCREDI 1ER OCTOBRE À 10 H : CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE DOSSIER CHLORDÉCONE AVEC LES AVOCATS. MAISON DES SYNDICATS.
Des éléments nouveaux à connaître.