Pierre-Alain Gac : « Traces empreintes »

— Par Christian Antourel —
Il émane de ses photographies un sentiment d’espace et d’infini. C’est l’univers et ses profondeurs , à la fois matérielles et spirituelles qui s’offrent à notre contemplation. .Les matières et les couleurs de ses instantanés, traitées avec sobriété, permettent à l’imaginaire de faire son chemin , sans contraintes, et de s’évader dans des lieux qui résonnent avec notre propre infinitude.

Son abstraction , raconte des paysages , notre île , des ciels comme des images de notre monde prises d’un satellite spatial, ou vu à travers une loupe. Au fur et à mesure de notre découverte nous survolons des murs, des reliefs d’une terre à la fois connus et inconnus , et nous prenons la distance nécessaire par rapport à une réalité trop évidente . Cette perspective graphique, favorise une juste altitude du regard face à la matérialité . Avec finesse Pierre-Alain Gac , nous entraine dans sa géologie picturale où les empreintes et les signes d’harmonie et de nuances , dévoilent son chemin intérieur. Aussi spécifique soit-elle, l’œuvre de Pierre-Alain Gac n’en demeure pas moins perméable à une logique picturale. En accentuant une suggestion à une dimension transformationnelle, certes intrinsèquement liée à l’acte photographique , l’artiste exprime son souhait de soumettre son œuvre à un régime de représentation, mais autant son refus de l’illusionnisme : « la matière du mur s’anime de sa vie propre, ses lézardes, ses moisissures suscitent des ressemblances » Les fissures sont inévitables, les blessures sont réelles. L’artiste nous suggère une élévation au-delà de nos attaches qui entravent notre liberté de penser et d’agir.

. « Les traces sont des lieux d’échappement, les empreintes des lieux de mémoire » 

Par ses photographies, il nous propulse dans des espaces de réflexion, qui sans être figés nous rapprochent de l’essentiel. Nord Plage, la rencontre « l’apparence de l’abandon et la vie qui est toujours là. » La vérité nue, la tendresse des mots, la force des photos. Déambuler, surtout à Fort de France, penser le bleu, celui de la matière muette, le bleu de la mer, surtout le bleu de l’Histoire. « C’est là d’où viennent les enchainés et c’est le lieu d’une évasion possible »… Ses images sont une abstraction digne de ce nom, car elle ne basculent pas dans un vide en s’éloignant de la figuration, mais se tiennent proche de l’épicentre d’une inspiration où le cœur et l’âme règnent. Et c’est cette configuration , ce moment perceptif qui, à travers l’agencement d’un acte photographique témoigne de la suggestion d’interprétation, d’une forme et d’un mode de présentation. Ce qui induit une position de l’objet que l’appareil de l’artiste a su cristalliser. «  Les traces sont des lieux d’échappement, les empreintes des lieux de mémoire » Sa perspective situe l’œuvre sélective ou graphique du photographe, sur le même plan que celle des peintres, plasticiens, dessinateurs contemporains. A l’instar de Malevitch qui écrit « mon atelier c’est la rue » c’est le lieu de liberté qui lui permet d’expérimenter les ressources cachées de son potentiel photographique « d’expressivité spontanée » captée dans la réalité du paysage urbain. Suivre les traces de l’œuvre de Pierre-Alain Gac «  c’est reconnaître les signes de nos sentiments et de nos émotions , sublimés d’intemporalité. » 

 

En pratique

Une exposition photographique de Pierre-Alain Gac

A Tropiques Atrium Galerie La Véranda

Jusqu’au 30 juin 2018

Du mardi au vendredi : 13h- 19h.

Samedi 10h- 13h.Entrée gratuite

Information : 05 96 70 79 29.

 

Christian Antourel

 

Texte paru dans France-Antilles Le MAG