« Photographies habitées » : Jean-Luc de Laguarigue à la Fondation Clément

Du 5 mai au 28 juin 2017

Rêve d’enfance, 145 x 153,7cm, 2010 (détail)

Voilà un photographe pour qui l’essentiel en art ne se passe pas dans l’atelier mais dans la rencontre de l’autre. C’est par la photographie que Laguarigue a quitté le pays hanté de son enfance, coupé par une vitre invisible. L’appareil au cou, il a inlassablement arpenté les cases, les champs de canne, les usines, à la rencontre des gens. Jusqu’au jour où est enfin arrivée pour le photographe l’heure tant espérée du portrait. Doté d’un oeil qu’on doit bien dire photo-sensible, Laguarigue a révélé, sous la galerie des « faces insonores » figées par l’Histoire, la beauté inédite d’un peuple de visages. Saisissant l’harmonie secrète et à chaque fois singulière du regard et des mains, en authentique photographe caribéen, Laguarigue a créé des portraits qui ne sont pas des objets que l’on toise, mais des intensités qui nous regardent. Comme l’a si bien dit Chamoiseau, « Jean-Luc de Laguarigue ne fait pas des portraits mais dégage des présences… La force de ces présences c’est l’effet d’humanité. »
Guillaume Pigeard de Gurbert, commissaire de l’exposition.

JEAN-LUC DE LAGUARIGUE
Photographe martiniquais né en 1956, Jean-Luc de Laguarigue dévoile dans son travail les milles et une façons créoles d’aller au monde, qui courent, par-dessous les frontières nationales laissées par la colonisation, des Antilles françaises à Cuba, de Cayenne à Sainte-Lucie.
A maints égards, il part du travail de Walker Evans fait dans les Etats du Sud des Etats-Unis dont il montre les prolongements dans la Caraïbe et jusqu’au continent sud-américain.
Sa photographie est indissociable d’une géométrie de la lumière qui structure l’espace selon une échelle de significations profondes mais inapparentes au quotidien. Elle engage ainsi une pratique du champ aveugle qui localise l’essentiel là où le regard ordinaire ne sait pas s’attarder.
Le noir et le blanc sont comme de juste au coeur de son traitement photographique de la couleur, qui refuse en outre l’opposition entre la beauté argentique et la magie numérique. Ses photos ont notamment été exposées aux Sixièmes rencontres africaines de la photographique à Bamako en 2005, à La Villette à Paris en 2009, et à La Maison française d’Oxford en 2008.

EXPOSITION
PHOTOGRAPHIES HABITÉES
JEAN-LUC DE LAGUARIGUE
Du 5 mai au 28 juin 2017
La Cuverie – La salle carrée
Le François, Martinique.
Le 28 avril 2017