Pedro Pablo Rodríguez : Nous serons toujours des apprentis de José Martí

par Susana Méndez Muñoz

 

—Le Dr. Pedro Pablo Rodríguez, Prix National d’Histoire et des Sciences Sociales, une des personnalités à qui est dédiée la Foire International du Livre a été le protagoniste de l´espace « Encuentro con », qui a eu lieu récemment dans le Pavillon Cuba, dans le cadre du programme de l´événement littéraire.

L´espace a été mené comme d´habitude par la journaliste Magda Resik, laquelle a présenté l’invité comme « vital au moment d’évaluer, de connaître et d´approfondir l’oeuvre de l´Apôtre de Cuba ».

Une fois de plus le pouvoir de séduction des paroles de Pedro Pablo s’est fait ressentir quand, durant à peu près deux heures, l´historien a parlé avec tous les présents de son thème favoris et à qui il a dédié une grande partie de sa vie : l’oeuvre de José Martí.

L’illustre chercheur principal, qui est venu à Martí enfant grâce à une lecture de l’Edad de Oro par sa mère, a offert une intéressante exposition sur les travaux de l´Édition Critique des Œuvres Complètes, qu’il dirige depuis 1993, précisant que c´est un travail très compliqué à cause de l´utilisation particulière de la ponctuation et la calligraphie de Martí, parmi d’autres raisons. Il a également expliqué que différents éditeurs ont apporté des changements dans le texte, dans certains cas la ponctuation a été modifiée ou des mots ont été changés car ils n´ont pas consulté les dictionnaires du 19e siècle, avec lesquels travaille l’équipe qu’il dirige.

Il a révélé qu´il prépare une sorte de dictionnaire de la calligraphie de Martí, avec la spécificité de toutes les formes de chaque lettre, pour le travail des futurs rédacteurs.

Il a dit que les manuscrits présentaient des taches et que parfois Martí laissait deux mots, l’un en dessous de l’autre, parfois avec trois variantes dans un poème et c´est pour cette raison que les éditeurs choisissent l´un d´eux. Il a aussi affirmé que travailler avec ces manuscrits « c’est une expérience formidable, car on parle presque avec Martí, on est en mesure d´apprécier la différence de ses états d’âmes. Le travail de l´édition critique est un travail fatigant mais il nous a offert un grand bénéfice, celui d´une connaissance beaucoup plus profonde de l’œuvre de Martí, de ses idées, comment il les développe, comment nous suivons un ordre chronologique, et nous allons présenter les textes suivant la date où ils ont été écrits ».

Ensuite il a expliqué que ce travail nécessite la réalisation de nombreuses lectures, au moins neuf de chacun des manuscrits et l’attention de tous les thèmes et les références figurant sur eux afin de clarifier l´information au lecteur.

Il a également évoqué la consécration que requiert un tel travail et comment il a expliqué aux jeunes qui commencent à travailler avec lui la nécessité de dédier de nombreuses heures à la lecture des textes, et que c´est seulement après de nombreuses années que l’on acquiert les connaissances « que nous serons toujours des apprentis de Martí ».

« Le travail de l´édition critique m´a beaucoup aidé quant à la connaissance de Martí homme ; quand on lit on comprend que c’est une personne comme chacun d´entre nous, il a eu des déceptions, des ennuis, et il y a des jours où il est plus heureux et que sa plume glisse plus facilement. Il est impossible de ne pas se rendre compte du Martí homme quand on le lit souvent », a-t-il assuré.

Il a aussi abordé certains fait signalant que Martí n´était pas la voix du peuple cubain pour son statut d´intellectuel, « il n´était pas fils d’esclave ou de paysan, mais que dès son plus jeune âge il a dit que le peuple était le véritable chef de la révolution, il l’a cru jusqu´à la fin de ses jours et il l’a toujours pratiqué ».

Pedro Pablo Rodríguez a souligné l´intention manifeste de Martí, dans l’œuvre et dans les faits, de connaître l´homme ; « Quelle capacité pour comprendre les êtres humains, le côté obscur du cœur et aussi le côté illuminé ! (…) Quand on lit ses textes on réalise qui sont pleins de phrases sur l´homme ».

À une question sur le plus grand mérite littéraire de Martí, l’invité a répondu que c’était son dernier journal « car c´est le journal de l´homme qui sait que sa vie est en danger ».

De même, il a mis en évidence d´autres facettes de la personnalité de l´Apôtre, peu connues et il a analysé des aspects de sa relation avec son épouse Carmen Zayas Bazán, la mère de son fils, sa grandeur d´âme, ce qui explique le grand amour que Martí lui a toujours professé. Il a affirmé catégoriquement son plus beau poème d´amour est celui qui commence ainsi : « elle est si belle ma Carmen elle est si belle… », et que son œuvre politique majeure a été l´organisation du Parti Révolutionnaire Cubain.

À la fin de la réunion Mayra Lasalle, directrice de la Culture dans la capitale, a remis une œuvre du plasticien Eduardo Santana à Pedro Pablo Rodríguez, en reconnaissance de sa contribution décisive sur la connaissance et la véritable pensée de Martí et la nécessaire promotion de ses idées.