Paul Julvécourt, le saxophoniste de Redoute, s’éteint à 98 ans

Le 24 décembre 2025, la Martinique a perdu une de ses plus grandes figures musicales : Paul Julvécourt, à l’âge de 98 ans. Originaire du quartier de Redoute à Fort-de-France, cet homme d’exception a traversé plus de sept décennies de musique, laissant une empreinte indélébile sur la scène musicale antillaise.

Surnommé « Paulo » par ses amis, Paul Julvécourt s’est d’abord fait connaître comme flûtiste avant de se tourner vers le saxophone à l’âge de 16 ans. Cet instrument deviendra le cœur de sa carrière, qu’il débute au sein des orchestres locaux. Il intègre les célèbres formations Harmony King d’Henri Sommier et Blue Star de Jean Guannel, avant de rejoindre Stardust de Fernand Donatien. Sa carrière prend également une dimension internationale lorsqu’il représente la France à l’Exposition Universelle de 1967 au Canada.

De Francisco à Lola Martin, en passant par Les Frères Coppet, Paul Julvécourt accompagne les plus grands noms de la musique martiniquaise. Sa virtuosité au saxophone et sa capacité à marier tradition et modernité font de lui une référence incontournable du jazz antillais. Durant 17 ans, il anime également les soirées de l’hôtel Hilton, qui deviendra l’hôtel Batelière, un lieu emblématique de Fort-de-France.

Mais au-delà de ses succès personnels, c’est sa générosité et son amour pour la musique qui le rendent inoubliable. Paul Julvécourt était un mentor pour les jeunes musiciens. Son ouverture d’esprit et son désir de transmettre son savoir ont inspiré des générations de saxophonistes. Lors d’hommages et de concerts, il a toujours cherché à transmettre son héritage musical, comme lors de la soirée organisée en son honneur en 2019 par l’association Carrefour Barel Coppet, où il a partagé la scène avec des jeunes talents, avec un sourire et un enthousiasme inaltérés.

À Redoute, où il est né et où il a grandi, Paul Julvécourt restera à jamais une légende vivante. Il est resté profondément attaché à son quartier, n’hésitant pas à rappeler que, malgré sa renommée internationale, il était avant tout un enfant de Redoute. Il n’a jamais quitté cette terre qui l’a vu naître, et où il a fait sa première apparition publique en jouant à la sortie de la messe, sous les yeux de ses voisins.

Sa carrière a aussi été marquée par ses talents d’artisan, notamment dans la cordonnerie. Paul Julvécourt est l’inventeur des célèbres souliers à bout carré ornés de peaux de crocodile ou de serpent. Mais c’est sa musique qui restera la plus grande de ses inventions. Et parmi ses fiertés, on compte le jour où il eut l’honneur de jouer pour Aimé Césaire, l’un de ses plus grands admirateurs, et de composer pour lui un morceau intitulé Estrellita.

Son nom est désormais gravé dans l’histoire de la musique antillaise, et son héritage continuera à inspirer. Le centre culturel Frantz-Fanon de Redoute, auquel il était profondément attaché, conservera le souvenir de ce géant de la musique, qui a su allier talent, humilité et passion.

Paul Julvécourt laisse un vide immense, mais son influence se perpétuera à travers les générations qu’il a formées, les mélodies qu’il a offertes et les souvenirs qu’il a laissés dans le cœur de ses proches, de ses amis et de ses admirateurs.

À sa famille et à ses proches, l’ensemble de la communauté musicale martiniquaise adresse ses plus sincères condoléances.

Repose en paix, Paulo. La musique antillaise perd un de ses plus grands artisans, mais son esprit vivra à travers chaque note que tu as jouée