Patrice, chanteur « swag » : cool et stylé

— Par Véronique Mortaigne—

patricePuisque son nouvel album s’intitule The Rising of The Son, le chanteur Patrice a entrepris au début de l’été une série de concerts au lever du Soleil, profitant du jeu de mot rédempteur (sun, le soleil, son, le fils) pour s’amuser de son reggae gracile. A Lille, à Nantes, à Cologne, où il est né il y a 34 ans, et enfin le 2 septembre à Paris, sur le parvis du Sacré-Cœur à Paris, Patrice a pris une guitare, un micro, et il a chanté – des conditions dans lesquelles le jeune métis afro-européen a sillonné l’Europe du Sud avant de construire des tubes, tels How Do You Call It (2002) ou Soulstorm (2005).

Au millier de fans recrutés par l’intermédiaire des réseaux sociaux, des croissants, thé, café ont été distribués, et The Rising of The Son présenté, le tout avec un large sourire. Bonnet rasta, filet tricoté au crochet, casquette fluo, T-shirt orné de papillons, de lions de Juda, Patrice a l’élégance tactile, la voix haute et le verbe doux. « Hyppie with gun », chante-t-il, armé de musique en fait. Il est swag (cool et stylé).

Sixième album d’une carrière commencée en 1998 avec le Bantu Crew, un groupe d’afro-beat nigérian, The Rising of The Son est l’aboutissement d’une recherche identitaire entreprise en 2000 avec Ancient Spirit, souligne l’auteur, compositeur, interprète. Le dernier-né est « le symbole de la lumière et d’une nouvelle conscience ». The Rising of The Son est un bon disque, qui renoue avec la fraîcheur et les rythmiques inventées à ses débuts par cet homme à deux facettes : l’une ancrée en Sierra Leone, par son père, l’autre en Allemagne, par sa mère.

ÉTRANGETÉS SONORES

Alive, premier des quinze titres, empreint d’une complexe rythmique afro-caribéenne, a été enrichi d’étrangetés sonores par le producteur musical Renaud Letang (Souchon, Manu Chao…). Pour l’aider à éclore, Patrice a réalisé un clip et un court-métrage, mettant en scène des « street boys, membres des Cribs, un gang de Lion Base, un bidonville de Freetown ». Des durs, servant ici à démontrer que les peurs se créent dans l’imaginaire et que pour échapper aux noirceurs du monde, il faut laisser en nous l’enfant renaître.

Le goût du mélange des genres artistiques est venu à Patrice récemment, en 2010, lors de la parution de One, entièrement habillé, clip compris, par le photographe JR. Ce dernier a imaginé Patrice sous la forme d’un immense puzzle en noir et blanc, construit à la manière des clichés géants qu’il recompose sur les murs des métropoles mondiales.

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LE MONDE | 05.09.2013