«Où sont les pères ? Genre et parentalité en Martinique»

Mercredi 3 mai 2023 à 18h Mairie de Fort-de-France

L’Observatoire territorial des violences envers les femmes – Martinique a le plaisir de vous convier le mercredi 3 mai 2023, à 18h, au 6ème étage de la Mairie de Fort-de-France, à sa conférence «Où sont les pères ? Genre et parentalité en Martinique», présentée par Nadine Lefaucheur.

L’entrée est gratuite, ouverte à tous et sans réservation.

Nadine Lefaucheur est sociologue (CNRS/université des Antilles), co-auteur de La fabrication des mâles (Seuil, 1975), a participé à l’Histoire des femmes (tome V, Plon, 1992) et au programme de la mission recherche du ministère de l’Emploi et de la Solidarité « Comparer les systèmes de protection sociale en Europe » (1995-1997). Ses travaux ont d’abord porté sur les situations familiales « déviantes » (filles-mères, mères célibataires, familles monoparentales), sur l’histoire des théories scientifiques et des politiques adoptées à leur égard, puis sur les questions liées au genre, aux violences interpersonnelles et aux configurations familiales aux Antilles. Ainsi, coresponsable de l’enquête ENVEF-Martinique sur « le genre et les violences interpersonnelles », elle a été conseillère scientifique de l’enquête « genre et culture à la Martinique ». Puis elle a été responsable de l’enquête « Faire famille à la Martinique » (Institut national d’études démographiques, Paris), ainsi que de l’enquête sur « Les familles monoparentales et la précarité à la Martinique » (Caisse nationale des allocations familiales, Paris).

Situations monoparentales à la Martinique et idéal sacrificiel du potomitan
Nadine Lefaucheur

Résumé

À la Martinique, où les familles dites «monoparentales » représentent plus de la moitié des ménages familiaux avec enfant, c’est la mise au monde d’un enfant hors cohabitation conjugale qui constitue le principal fait générateur des situations d’isolement parental. Cette incidence particulièrement élevée de la monoparentalité et sa précocité dans la vie des mères comme dans celle des enfants invitent à s’interroger sur les spécificités des formes familiales antillaises, sur les modes de constitution des familles, et plus particulièrement des familles monoparentales, ainsi que sur les normes en matière de conjugalité et de parentalité dans l’espace caribéen. Lorsque, fréquemment, la mise au monde ne conduit pas à la mise en couple, l’idéal sacrificiel des potomitan antillaises les conduit, pour nourrir leurs enfants, à mobiliser avant tout leur propre vaillance avec, parfois, l’hospitalité matrifocale de leur mère et les dons aléatoires de pères visiteurs ou absents, naviguant entre le recours à des hommes qui aident (souvent contre un nouvel enfant) et le recours à un État-providence dont elles ont d’abord été exclues et qui, très présent aujourd’hui, ne les fait guère sortir de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Cet idéal sacrificiel fait toutefois aujourd’hui l’objet de contestations.