Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort

— Par Selim Lander —

andromaque-2Nous écrivions ce qui suit après avoir assisté à une représentation de la pièce lors du festival d’Avignon en 2014 à la chapelle du Verbe incarné. La première représentation au Théâtre municipal, jeudi 19 mai, devant un public enthousiaste qui a offert une standing ovation aux deux comédiens, dans une version qui nous a semblé un peu changée, tirée par moments vers la comédie musicale, confirme la réussite de leur projet.

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Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen, deux comédiens du collectif La Palmera (1), assistés par Néry pour la mise en scène, présentent une version réduite d’Andromaque précédée d’un prologue explicatif de leur crû, très ludique, à grand renfort de baudruches qui figurent les combattants de la guerre de Troie et les principaux protagonistes de la tragédie de Racine. Quand on ne dispose ni du temps ni de la distribution nécessaires pour jouer la pièce de Racine dans son intégralité, il n’est certainement pas inutile d’expliquer aux spectateurs ce que l’on va leur montrer.

Les deux comédiens donnent ensuite les principales scènes, les principales tirades de la pièce, suffisamment en tout cas pour que nous voyions la tragédie se nouer autour, d’une part,  d’Hermione qui veut utiliser Oreste pour venger l’affront de Pyrrhus qui lui préfère Andromaque, et, d’autre part, d’Andromaque qui finira par céder aux avances de Pyrrhus pour sauver Astyanax, le fils qu’elle a eu d’Hector. Si la pièce se joue sans décor, les changements de costume aident à identifier les personnages : beaux vêtements à l’antique que les comédiens endossent (comme le manteau royal) ou qu’ils confectionnent eux-mêmes avec des morceaux de tissus. Une maigre lumière crée l’illusion nécessaire pour rendre crédibles les personnages féminins interprétés par des hommes. Les vers souvent sublimes de Racine prennent une saveur particulière qui tient sans doute en partie au trouble que provoque les travestissements des deux garçons qui en Andromaque, qui en Hermione.

 

Fort-de-France, Théâtre municipal, 19-21 mai 2016.

 

(1)    Deux jeunes comédiens déjà remarqués dans P’tite Souillure de Koffy Kwahulé. Cf. http://www.criticalstages.org/ptite-souillure-comdie-sacre/